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 vertu sortir de moi [1] ». Or, le Saint-Esprit est aussi désigné sous le nom de vertu, cela ressort clairement de ce passage où Marie ayant dit : « Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d’homme ? » l’ange lui répondit : « Le Saint-Esprit surviendra en vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre [2] ». Notre-Seigneur lui-même, promettant le Saint-Esprit à ses disciples, leur dit : « Mais vous, demeurez dans la ville, jusqu’à ce que vous soyez revêtus de la vertu d’en haut [3] » ; et encore : « Vous recevrez la vertu du Saint-Esprit qui surviendra en vous, et vous me servirez de témoins [4] ». Nous devons le croire, c’est de cette vertu que parlait l’Évangéliste lorsqu’il disait : « Une vertu sortait de lui et les guérissait tous [5] ».
8. Si le Saint-Esprit procède du Père et du Fils, pourquoi donc le Fils dit-il : « Il procède du Père[6] ? » Pourquoi ? parce qu’il a coutume de rapporter ce qui est de lui-même à celui dont il est lui-même. De là cette parole : « Ma doctrine n’est pas ma doctrine, mais la a doctrine de Celui qui m’a envoyé[7] ». Si donc nous reconnaissons que cette doctrine est bien la sienne, quoiqu’il dise qu’elle n’est pas la sienne, mais celle du Père ; à combien plus forte raison devons-nous reconnaître que le Saint-Esprit « procède de lui-même », puisque, en disant qu’il procède du Père, il ne dit pas qu’il ne procède pas de lui-même ? Or, Celui dont le Fils a reçu la nature divine (car il est Dieu de Dieu), lui a donné encore que le Saint-Esprit procède aussi de lui ; et le Saint-Esprit tient aussi du Père de procéder du Fils, comme il procède du Père lui-même.
1. Par là nous pouvons comprendre, autant que des hommes tels que nous en sont capables, pourquoi on ne dit pas que le Saint-Esprit est né, mais qu’il procède. Car s’il était, lui aussi, appelé Fils, il serait appelé le fils de tous les deux, ce qui est le comble de l’absurdité. Car on est le fils, non pas de deux pères, mais seulement d’un père et d’une mère. Or, loin de nous la pensée de supposer quelque chose de semblable entre Dieu le Père, et Dieu le Fils. Car même un homme ne procède pas en même temps de son père et de sa mère. Lorsqu’il procède du père dans la mère, alors il ne procède pas de la mère ; et lorsqu’il procède de la mère pour paraître au jour, alors il ne procède pas du père. Le Saint-Esprit ne procède pas du Père dans le Fils, et du Fils il ne procède pas dans la créature qu’il doit sanctifier ; mais il procède en même temps de l’un et de l’autre : quoique le Père ait donné au Fils que le Saint-Esprit procède de lui comme il procède du Père. Nous ne pouvons point dire que le Saint-Esprit n’est point la vie, puisque le Père est la vie et que le Fils l’est aussi. Et ainsi, comme le Père a la vie en lui-même, il a donné au Fils d’avoir la vie en lui ; de même le Père a donné au Fils que la vie procède de lui, comme elle procède du Père. Mais voici les paroles que Notre-Seigneur ajoute : « Et les choses qui doivent venir, il vous les annoncera. Il me glorifiera, car il recevra du mien et vous l’annoncera. Toutes les choses qu’a le Père sont miennes ; c’est pourquoi j’ai dit qu’il recevra du mien et vous l’annoncera ». Comme ce discours est déjà trop long, il faut renvoyer l’explication de ce passage à un autre jour.

  1. Lc. 8, 46
  2. Id. 1, 34, 35
  3. Id. 24, 49
  4. Act. 1, 8
  5. Lc. 6, 19
  6. Jn. 15, 26
  7. Id. 7, 16