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sacrilège, de prendre pour rien cette Église du Christ, qu’ils n’ont point, jusqu’à regarder comme rien d’avoir part à sa communion ! Que le prophète Amos leur dise : « Malheur à ceux qui n’estiment point Sion[1] ! » Que recevrai-je, nous dit-on, puisque j’ai déjà le baptême ? Tu recevras l’Église que tu n’as pas, tu recevras l’unité que tu n’as pas, tu recevras la paix que tu n’as point. Et si tout cela est peu à tes yeux, eh bien ! déserteur, combats contre ton empereur qui te dit : « Celui-là disperse, qui n’amasse point avec moi[2] » ; combats contre son apôtre, et même combats contre celui qui disait par sa bouche : « Vous supportant les uns les autres dans la charité, travaillez à conserver le même esprit dans le lien de la paix[3] ». Compte bien ce qu’il dit : le support mutuel, la charité, l’unité, l’esprit, la paix. Cet Esprit, qu’il énumère ici, et que tu n’as point, est celui qui fait toutes choses. Qui as-tu supporté, toi qui as déserté l’Église ? Qui as-tu aimé, toi qui t’es séparé des membres du Christ ? Quelle unité peux-tu trouver dans cette scission sacrilège ? Quelle paix dans une rupture criminelle ? Loin de nous de regarder ces biens comme rien, c’est toi qui n’es rien sans tous ces biens. En refusant de les recevoir dans l’Église, tu peux avoir le baptême, sans doute ; mais tout ce que tu as sans ces biens ne fera qu’aggraver ton supplice. Car le baptême du Christ, qui serait avec tous ces avantages un moyen de salut, ne sera, sans eux, que le témoignage de ton iniquité.

4. Pour vous, saints enfants, membres de l’Église catholique, ce n’est point un autre baptême que vous avez reçu, mais ce sont d’autres biens. Car vous l’avez reçu, non plus pour la mort, mais pour la vie ; non pour votre perte, mais pour votre salut ; non pour votre condamnation, mais pour votre honneur. Car, avec ce baptême, vous avez reçu l’unité de l’esprit dans le lien de la paix, si toutefois, comme je l’espère, comme je le désire, comme je vous engage et vous supplie de faire, vous gardez intégralement ce que vous avez reçu, et même si, par vos progrès, vous arrivez à de plus hautes faveurs. C’est aujourd’hui l’octave de votre naissance. Aujourd’hui se complète en vous le signe de la foi, qui s’imprimait, chez vos ancêtres, par la circoncision de la chair, le huitième jour après la naissance. Car elle figurait le dépouillement de ce que nous avons de mortel dans ce membre humain, source de vie pour l’homme qui doit mourir. De là vient que le Seigneur lui-même, se dépouillant par la résurrection de ce que notre chair a de mortel, a soulevé du tombeau, non pas un corps étranger, mais son corps qui ne doit plus mourir, marquant ainsi du sceau de la résurrection ce jour du Seigneur, qui est le troisième, après sa passion, le huitième dans la semaine, ou le premier après le sabbat. Donc, et vous aussi, qui avez reçu le gage de l’Esprit-Saint, non pas encore en réalité, mais par une ferme espérance, puisque vous en avez reçu le sacrement, « si vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les choses du ciel, où Jésus-Christ est assis à la droite de Dieu ; n’ayez de goût que pour les a choses d’en haut, et non pour celles d’ici-bas. Car vous êtes morts, et votre vie est cachée en Dieu avec Jésus-Christ. Quand paraîtra le Christ qui est votre vie, vous paraîtrez avec lui dans la gloire[4] ».

  1. Amo. 6, 1
  2. Luc. 11, 23
  3. Eph. 4, 3
  4. Col. 3, 1-4