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point les jambes ». À ce passage se rapporte le témoignage suivant : « Vous ne briserez aucun de ses os ». Voilà l’ordre donné à tous ceux qui, sous l’ancienne loi, devaient célébrer la Pâque par l’immolation de l’agneau ; cette immolation était l’ombre antécédente de la passion du Sauveur. C’est pourquoi « Jésus-Christ, notre Agneau pascal, a été immolé [1] ». Le prophète Isaïe avait dit d’avance à son sujet : « Il a été conduit à la mort comme une brebis[2] ». De même encore l’Évangéliste avait ajouté : « Mais l’un des soldats ouvrit son côté d’un coup de lance ». À cela se rapporte l’autre témoignage : « Ils verront quel est celui qu’ils ont percé ». Voilà la promesse de la venue du Christ avec le même corps que celui avec lequel il a été crucifié.
4. « Or, après cela, Joseph d’Arimathie, qui était disciple de Jésus, mais en secret, parce qu’il craignait les Juifs, demanda à Pilate la permission d’enlever le corps de Jésus, et Pilate le permit. Il vint donc et enleva le corps de Jésus. Et Nicodème, celui qui s’était d’abord rendu près de Jésus pendant la nuit, vint aussi, portant un mélange de myrrhe et d’aloès, du poids d’environ cent livres ». Il ne faut pas séparer les membres de phrase, de manière à dire : « Portant d’abord un mélange de myrrhe », le mot « d’abord » se rapporte à la phrase précédente. Car Nicodème était venu d’abord près de Jésus pendant la nuit ; Jean avait déjà mentionné ce fait au commencement de son Évangile[3]. Voici donc comment il faut comprendre ce passage : Nicodème ne vint pas alors seulement près de Jésus, mais il y vint pour la première fois ; il y vint ensuite fréquemment pour l’écouter et se faire son disciple : aujourd’hui, presque tous les peuples en voient une preuve convaincante dans la découverte du corps du bienheureux Étienne. « Ils prirent donc le corps de Jésus et l’enveloppèrent de linges avec des aromates, selon la coutume d’ensevelir usitée parmi les Juifs ». À mon avis, ce n’est pas sans motif que l’Évangéliste a dit : « Selon la coutume d’ensevelir usitée parmi les Juifs » ; si je ne me trompe, il a voulu, par là, nous dire que pour les devoirs à remplir à l’égard des morts, il faut suivre la coutume du pays où l’on se trouve.
5. « Or, au lieu où il avait été crucifié se trouvait un jardin, et, dans ce jardin, un sépulcre neuf, où personne n’avait encore été mis ». Comme dans le sein de la Vierge Marie, personne avant lui, personne après lui n’a été conçu, ainsi, personne avant lui comme personne après lui n’a été enseveli dans ce monument. « Comme c’était la veille du sabbat des Juifs, et que ce sépulcre était proche, ils y déposèrent Jésus ». L’Évangéliste veut nous faire entendre qu’on se hâta d’ensevelir Jésus, afin de ne pas être surpris par le soir ; car il n’était point alors permis de se livrer à une pareille occupation à cause de la veille du sabbat, à laquelle les Juifs donnent plus communément en latin le nom de Cène pure.
6. « Mais à un jour de la semaine, Marie-Madeleine vint, dès le matin, lorsque les ténèbres régnaient encore, et elle vit la pierre du sépulcre ôtée ». Sous ce nom : « Un jour de la semaine », se trouve désigné le jour que les chrétiens ont l’habitude d’appeler le dimanche à cause de la résurrection du Seigneur ; de tous les Évangélistes, Matthieu est le seul qui l’appelle le premier jour de la semaine [4]. « Elle courut donc vers Simon Pierre, et vers cet autre disciple que Jésus « aimait, et elle leur dit : On a enlevé le Seigneur du sépulcre, et nous ne savons où on l’a mis ». Certains exemplaires, même grecs, portent : « On a enlevé mon Seigneur ». Ces paroles peuvent, ce semble, avoir été dites sous l’impression d’un vif sentiment d’affection inspiré par la charité ou l’habitude de servir le Sauveur ; mais nous ne trouvons pas cette version dans les exemplaires que nous tenons en nos mains.
7. « Pierre sortit donc, et cet autre disciple avec lui, et ils vinrent au sépulcre. Ils couraient tous deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre, et il arriva le premier au sépulcre ». Il faut remarquer ici et ne point passer sous silence cette récapitulation. L’Évangéliste revient à ce qu’il avait omis, et cependant il en fait mention comme si c’était la conséquence de ce qu’il a dit auparavant. Après avoir raconté « qu’ils vinrent au sépulcre », il retourne sur ses pas pour nous dire comment ils y vinrent : « Ils couraient tous deux ensemble », etc. Il marque en ce passage que cet autre disciple

  1. 1 Cor. 5, 7
  2. Isa. 53, 7
  3. Jn. 3, 1, 2
  4. Mt. 28, 1