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notre faveur dans le ciel. « Je reconnais maintenant que le Seigneur a sauvé son Christ ». L’esprit de prophétie m’a fait connaître que le Seigneur doit ressusciter son Christ. « Il l’exaucera de son sanctuaire céleste ». Il l’exaucera, non seulement quand sur cette terre il demandera d’être glorifié[1], mais lorsque dans le ciel il intercédera pour nous, à la droite de son Père, et répandra l’Esprit-Saint sur tous ceux qui croiront en lui[2]. « Il y a dans sa droite une puissance de salut ». Notre puissance est dans ses faveurs salutaires, alors qu’il nous soutient dans les afflictions, en sorte que c’est quand nous sommes faibles que nous devenons forts[3]. Car le salut des hommes est vain[4], quand il est de la gauche et non de la droite de Dieu, puisqu’ils s’enflent d’un excessif orgueil, tous ces pécheurs qui trouvent leur salut dans les biens du temps.

8. « Ceux-ci mettent leur confiance dans leurs chariots, et dans leurs chevaux ». Les uns se laissent entraîner dans les évolutions successives de la fortune, et les autres se prévalent avec orgueil de leurs honneurs, et y placent leur félicité, « Pour nous, notre joie est dans le nom du Seigneur, notre Dieu[5] ». Pour nous, notre espérance est dans les biens éternels, et sans chercher notre propre gloire, nous tressaillerons au nom du Seigneur, notre Dieu.

9. Ils se sont embarrassés, et sont tombés[6]. L’amour des biens temporels les a garrottés, ils ont craint que, s’ils laissaient vivre le Fils de Dieu, les Romains ne prissent leur pays[7] et en se heurtant contre cette pierre de scandale et d’achoppement[8], ils ont perdu l’espérance du ciel. Ils sont tombés dans l’aveuglement qui a frappé une partie d’Israël[9] ; et, en voulant faire prévaloir leur propre justice, ils ont oublié celle de Dieu[10]. « Pour nous, au contraire, nous nous sommes relevés pour nous redresser ». Pour nous, peuples de la Gentilité, nous étions des lierres, et Dieu a fait de nous des enfants d’Abraham[11] ; nous ne cherchions point la justice, et nous l’avons embrassée[12], et nous voilà relevés ; ce redressement n’est point dû à nos forces, mais à la foi qui nous a justifiés.

10. « Seigneur, sauvez le roi », afin qu’après nous avoir appris à combattre par sa passion, il offre aussi nos sacrifices, après s’être ressuscité d’entre les morts, et installé dans les cieux. « Exaucez-nous, au jour où nous vous invoquerons ». Et comme il sera notre intercesseur, vous nous exaucerez quand nous vous offrirons nos vœux.


DISCOURS SUR LE PSAUME 20

LES REPRÉSAILLES DE LA PASSION.

Ce psaume paraît avoir le même sujet que le précédent ; et, en l’appliquant à Jésus-Christ, nous retrouvons facilement cette gloire de la résurrection et de l’ascension qui a su compenser les ignominies du Calvaire.

POUR LA FIN, PSAUME POUR DAVID (Ps. 20,1).

1. Le titre nous est connu, c’est Jésus-Christ que chante le Prophète.

2. « Seigneur, le roi s’applaudira de votre puissance ». Seigneur, le Christ, dans son humanité, s’applaudira de cette puissance qui a revêtu de chair le Verbe éternel. « Et votre salut le fera tressaillir d’allégresse[13] ». Il trouvera sa joie dans cette force qui donne la vie à toute créature.

3. « Vous avez accompli les désirs de son cœur[14] ».

  1. Jn. 17,1
  2. Act. 2,1
  3. 2 Cor. 12,10
  4. Ps. 59,13
  5. Id. 19,8
  6. Ps. 19,9
  7. Jn. 11,48
  8. Rom. 9,32
  9. Id. 11,25
  10. Id. 10,3
  11. Mt. 3,9
  12. Rom. 9,30
  13. Ps. 20,2
  14. Ps. 20,3