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tous remplis de l’Esprit-Saint qui descendait sur eux : et comme ils parlaient en toutes les langues, selon que l’Esprit-Saint les faisait parler[1]. Voilà comment. « il n’est point d’idiome, point de langage, dans lequel leur voix ne se fasse entendre ». Et non seulement leur voix a retenti dans l’endroit où ils avaient reçu l’Esprit-Saint, mais « elle a parcouru toute la terre, et leurs prédications ne s’arrêtent qu’aux extrémités du monde ». De là vient que nous prêchons ici. Car cette voix qui a parcouru toute la terre est venue jusqu’à nous, et la parole de l’hérésie n’entre point dans l’Église. Cette voix donc a parcouru toute la terre, afin de vous faire entrer dans le ciel. O esprit de pestilence, de contention, de méchanceté, et qui te plais dans l’erreur ! écoute, ô fils orgueilleux, le testament de ton père. Le voici, quoi de plus clair et de plus net ? « Le bruit de leur voix a parcouru toute la terre, et leurs paroles ont retenti jusqu’aux confins du monde ». Est-il besoin d’aucun éclaircissement ? Pourquoi tourner tes efforts contre toi-même ? Tu veux contester pour retenir une partie, quand la paix te mettrait en possession du tout.
6. « Il a établi son tabernacle dans le soleil[2] » ; en mettant son Église en évidence et en grand jour, non dans l’obscurité, non dans le mystère et sous un voile, de peur qu’elle ne se dérobât comme les assemblées des hérétiques[3] ». Il est dit à un coupable dans l’Écriture sainte : « Parce que tu as péché dans le secret, tu seras châtié au grand jour[4] » : c’est-à-dire que sous les yeux de tous tu subiras le châtiment de ta faute commise dans le secret. « Il a donc établi son tabernacle dans le soleil ». Pourquoi dès lors, enfant de l’hérésie, t’enfuir dans les ténèbres ? Es-tu chrétien ? écoute Jésus-Christ. Es-tu serviteur ? écoute le maître. Es-tu fils ? écoute un père : corrige-toi, reviens à la vie. Que nous puissions dire de toi : Il était mort et il est ressuscité, il était perdu et il est retrouvé. Garde-toi de me dire : Pourquoi me chercher, si je suis perdu ? car c’est précisément parce que tu es perdu que je te cherche. Ne me cherchez point, dira-t-il. Tel est le vœu de l’iniquité qui nous divise, mais non de la charité qui nous fait frères. Je ne serais point criminel si je cherchais un serviteur, et l’on me fait un crime de chercher mon frère ! Que telle soit la sagesse de celui qui n’a point la charité fraternelle, pour moi, je recherche mon frère. Qu’il s’irrite, il n’en faut pas moins le chercher, il s’apaisera si nous le retrouvons. Je cherche donc mon frère, et j’en appelle au Seigneur mon Dieu, non contre lui, mais en sa faveur. Et ma prière ne sera point : Dites, Seigneur, à mon frère qu’il divise l’héritage avec moi, mais bien : Dites à mon frère qu’il jouisse avec moi de tout l’héritage[5]. Pourquoi donc errer de la sorte, ô mon frère ? Pourquoi fuir dans les lieux écartés ? Pourquoi ces efforts pour vous cacher ? « Dieu a placé son tabernacle dans le soleil. Il est comme le jeune Époux qui sort du lit nuptial[6] ». Sans doute qu’il ne vous est pas inconnu « cet Époux qui sort du lit nuptial, qui s’élance comme un géant pour parcourir sa carrière », c’est lui « qui a placé dans le soleil son tabernacle » ; c’est-à-dire que le Verbe s’étant fait chair[7] a trouvé, comme le jeune Époux, un lit nuptial dans le sein d’une vierge ; et alors uni à la nature humaine, il est sorti comme d’un lit très chaste, plus humble que tous dans sa miséricorde, plus fort que tous dans sa majesté : de là vient « qu’il a bondi comme un géant dans sa carrière » ; naître, grandir, enseigner, souffrir, ressusciter, monter aux cieux, c’est là courir et non s’arrêter dans la voie. Le même Époux qui a fait tout cela, a donc placé dans le soleil, ou dans l’évidence, son tabernacle, qui est son Église.
7. Voulez-vous connaître cette voie qu’il a parcourue avec tant de vitesse ? « Il part du haut des cieux, pour retourner jusqu’à leur sommet[8] ». Mais après qu’il en est descendu, et qu’il y est retourné dans sa course rapide, il a envoyé son Esprit. On vit, sur chacun de ceux qui le reçurent, comme des langues de feu qui se divisaient[9] ». L’Esprit-Saint est donc venu comme un feu, qui doit consumer la chair comme une paille desséchée, et purifier l’or dans le creuset. Il est donc venu comme un feu ; aussi est-il dit que « nul ne se dérobe à son embrasement ».
8. « La loi du Seigneur est pure, elle convertit les âmes ». C’est là l’Esprit-Saint. « Le témoignage du Seigneur est fidèle, il

  1. Act. 2,4
  2. Ps. 18,5
  3. Cant. 1,6 selon les LXX
  4. 2 Sa. 12,12
  5. Lc. 12,13
  6. Ps. 18,6
  7. Jn. 1,15
  8. Ps. 18,7
  9. Act. 2,3