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où s’épuise la volonté ? Car il est écrit : « Le vouloir est en moi, mais je n’y trouve pas à accomplir le bien[1] ». Que faire alors ? D’un côté : « Le péché est l’aiguillon de la mort » ; d’autre part : « La loi est la force du péché. – La loi est entrée pour faire abonder le péché ; car si la loi pouvait donner la vie, la justice viendrait réellement a de la loi. Mais l’Écriture a tout enfermé sous le péché ». Comment a-t-elle tout enfermé ? Pour t’empêcher de t’égarer, de te jeter dans l’abîme, de disparaître sous les flots ; la loi a dressé devant toi une barrière, afin que ne trouvant point d’issue tu recourusses à la grâce. « L’Écriture a tout enfermé sous le péché, afin que la promesse… » Promettre, c’est t’engager à faire toi-même et non pas prédire ce que tu feras ; autrement ce ne serait pas promettre, mais annoncer d’avance. « L’Écriture a donc tout enfermé sous le péché, afin que la promesse fût donnée aux croyants par la foi en Jésus-Christ[2] ». Remarque cette expression fût donnée. De quoi t’enorgueillir ? Elle a été donnée. Que possèdes-tu en effet sans l’avoir reçu ? Ainsi donc le péché est l’aiguillon de la « mort, et la loi, la force du péché[3] » ; de plus la Providence l’a permis ainsi dans sa bonté, afin d’enfermer tous les hommes sous le péché, et de les déterminer à implorer du secours, à recourir à la grâce, à recourir à Dieu et à ne plus présumer de leur vertu. Si donc après ces mots : « Le péché est l’aiguillon de la mort, et la loi, la force du péché », tu trembles, tu t’inquiètes, tu te fatigues, écoute les mots qui suivent : « Grâces à Dieu, qui nous a octroyé la victoire par Jésus-Christ Notre Seigneur[4] ». En vérité, est-ce de toi que te vient la victoire ? Grâces à Dieu, qui nous a octroyé la victoire par Jésus-Christ Notre-Seigneur ».

12. Par conséquent, si tu te sens accablé en luttant contre les convoitises de la chair, marche selon l’Esprit, implore l’Esprit, appelle le don de Dieu. Si de plus la loi des membres résiste, dans la partie inférieure ou dans la chair, à la loi de l’Esprit et te tient captif sous la loi du péché, compte que ce désordre même sera réparé par la victoire. Aie soin seulement de crier, de prier. « Il faut prier toujours et ne cesser jamais[5] ». Prie de tout ton cœur, crie au secours ! « Tu parleras encore, qu’il répondra : Me voici ». Recueille-toi ensuite et tu l’entendras dire à ton âme : « Je suis ton salut[6] ». Oui, quand la loi de la chair commencera à s’élever contre la loi de l’Esprit et à te pousser dans l’esclavage de la loi du péché qui est dans tes membres, dis avec l’accent de la prière, dis avec humilité : « Misérable homme que je suis ! » L’homme, hélas ! est-il autre chose ? Qu’est-il, sans votre souvenir[7] ? » – Misérable homme que je suis ! » car c’en était fait de l’homme, si le Fils de l’homme n’était venu. Crie dans ta détresse : « Qui me délivrera du corps de cette mort », où la loi de mes membres résiste à la loi de mon esprit ? À l’intérieur je me complais dans la loi de Dieu. Qui me délivrera du corps de cette mort ? » Si c’est la foi, si c’est l’humilité qui t’inspire ce langage, la vérité même te répondra : « Ce sera la grâce de Dieu par Jésus-Christ Notre-Seigneur[8] ». Tournons-nous avec un cœur pur, etc.

  1. Rom. 7, 18
  2. Gal. 3, 21-22
  3. 1Co. 4, 7
  4. 1Co. 15, 56-57
  5. Luc. 19, 1
  6. Psa. 34, 3
  7. Psa. 8, 5
  8. Rom. 7, 22-25