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Sera-ce aussi provisoirement ? – Non. – Pour combien de temps ? « Et ainsi nous serons à jamais avec le Christ ». Arrière la tristesse, en présence d’une consolation si sublime ; que le deuil sorte du cœur, que la foi chasse la douleur. Convient-il qu’avec une espérance si haute le temple de Dieu soit dans la tristesse ? N’est-il pas habité par un excellent consolateur, par l’Auteur d’infaillibles promesses ? Pourquoi pleurer si longtemps un mort ? Est-ce parce que le trépas est amer ? Mais le Seigneur même l’a subi. Assez pour votre charité : vous trouverez des consolations plus abondantes dans Celui qui ne quitte pas votre cœur. Ah ! qu’en daignant l’habiter il daigne aussi finir par le changer ! Tournons-nous, etc.


SERMON CLXXIV.
Prononcé dans la basilique de Célérine un jour de dimanche.
LA GRÂCE ET LE BAPTÊME DES ENFANTS[1]

ANALYSE. – C’est pour nous sauver par sa grâce que le Fils de Dieu s’est fait homme. Or, 1° sans cette grâce, nous, ne pouvons faire aucun bien méritoire. L’humanité du Sauveur a-t-elle mérité à être unie dans sa personne à la divinité ? Zachée, comme Nathanaël, n’a-t-il pas été regardé par Jésus-Christ avant de pouvoir le contempler ? 2° Cette grâce prévenante n’est pas moins indispensable aux enfants ; autrement Jésus ne serait pas pour eux Jésus. lis sont d’ailleurs souillés par le péché originel qu’efface en eux le baptême, pourvu qu’on le leur donne avec foi.

1. Nous venons d’entendre le bienheureux Apôtre Paul nous dire : « Une vérité humaine et digne de toute confiance, c’est que Jésus-Christ est. venu au monde sauver les pécheurs, dont je suis le premier ». – « Une vérité humaine et digne de toute confiance ». Pourquoi humaine et non pas divine ? Cette vérité, sans aucun doute, ne mériterait pas toute confiance, si elle n’était divine en même temps qu’humaine. Elle est donc à la fois divine et humaine, comme le Christ est en même temps Dieu et homme. Si néanmoins nous avons raison de dire que cette vérité est humaine et divine tout à la fois ; pourquoi l’Apôtre a-t-il mieux aimé l’appeler humaine que de l’appeler divine ? Non, il ne mentirait pas en l’appelant divine ; il a donc eu quelque motif de l’appeler plutôt humaine. Eh bien ! il a choisi de préférence le rapport de cette vérité avec le Christ descendant parmi nous. C’est en qualité d’homme qu’il est venu dans ce monde ; car en tant que Dieu n’y. est-il pas toujours ? Où Dieu n’est-il pas, puisqu’il remplit, dit-il, et « le ciel et la terre[2] ? » Le Christ est indubitablement la Vertu et la Sagesse de Dieu. Or il est dit d’elle « qu’elle atteint avec force d’une extrémité à l’autre et qu’elle dispose tout avec douceur[3] ». Aussi « était-il dans le monde, et le monde a été fait par lui, et le monde ne l’a point connu[4] ». Il était ici, et il y est venu ; il y était avec la majesté divine, et il y est venu avec la faiblesse humaine. Or, c’est parce qu’il y est venu avec la faiblesse humaine, qu’en parlant de son avènement l’Apôtre a dit : « C’est une vérité humaine ». Non, le genre humain ne serait pas délivré, si la Vérité divine n’avait daigné se faire humaine. N’appelle-t-on pas humain, d’ailleurs, un homme qui sait se montrer homme, surtout en donnant l’hospitalité ? Ah ! si on appelle humain celui qui reçoit un homme dans son logis, combien ne l’est pas Celui qui a reçu l’homme en lui-même ?

2. Ainsi « une vérité humaine et digne de toute confiance, c’est que Jésus-Christ est venu au monde pour sauver les pécheurs ».

  1. 1Ti. 1, 15.
  2. Jer. 23, 24
  3. Sag. 8, 1
  4. Jn. 1, 10