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Et l’hérétique ? C’est moi qui les remets, c’est moi qui purifie, c’est moi qui sanctifie. O hérétique, écoute, non pas ma réponse, mais, celle du Christ. O homme, s’écrie-t-il, quand les Juifs me considéraient comme un homme, c’est à la foi que j’attribuai la rémission des péchés. Pour toi, ô hérétique, toi qui n’es qu’un homme, (c’est toujours le Christ et non pas moi qui parle,) tu oses dire à cette femme : Viens, c’est moi qui te sauve ? Et moi, quand on me prenait pour un homme, je disais au contraire : Va, ta foi t’a sauvée. »
9. « Sans savoir, comment s’exprime l’Apôtre, ni ce qu’ils disent, ni ce qu’ils affirment[1] », ils répondent : Si les hommes ne remettent pas les péchés ; le Christ a donc eu tort de dire : « Ce que vous délierez sur la terre sera délié aussi dans le ciel »[2] Mais tu ignores dans quel dessein et, dans quelles circonstances il a parlé ainsi. Le Seigneur avait donné aux hommes l’Esprit-Saint, et il voulait faire entendre que ce serait à l’Esprit-Saint lui-même et non à des mérites humains que ses fidèles seraient redevables dans la rémission des péchés. Qu’est-ce en effet que l’homme, sinon un malade à guérir ? Tu prétends me servir de médecin : ah ! viens plutôt en chercher, un avec moi. Afin donc de montrer avec donc de montrer avec plus de clarté que les péchés seraient remis par l’Esprit-Saint, donné par lui aux fidèles, et non par les mérites de quelques hommes, le Seigneur dit quelque part, après sa résurrection d’entre les morts : « Recevez le Saint-Esprit », et après ces mots : « Recevez le Saint-Esprit », il ajoute aussitôt « les péchés seront remis à qui vous, les, remettrez[3] ; » en, d’autres termes : c’est l’Esprit-Saint qui les remet, et non pas vous. Or cet Esprit est Dieu. C’est donc par Dieu et non point par vous, que les péchés sont remis. Mais vous, qu’êtes-vous par rapport à l’Esprit Saint ? « Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous[4] ? » – « Ne savez-vous pas que vos corps sont en vous le temple de l’Esprit-Saint, que vous avez reçu de Dieu[5] » Ainsi Dieu habite dans ; son saint temple ; c’est-à-dire dans ses, fidèles sanctifiés, oui dans son Église ; c’est par eux qu’il remet les péchés, car ce sont des temples vivants.
10. Cependant, s’il remet les péchés par le ministère de l’homme, il peut aussi les remettre sans ce moyen. Pour donner par un autre, est-il moins capable de donner par lui-même ? Il s’est servi de Jean pour donner à quelques-uns, de qui s’est-il pour donner à Jean ? C’est une vérité que lui-même a voulu prouver et nous faire comprendre comme il était convenable. Quelques-uns de Samarie ayant, été évangélisés et baptisés, baptisés même par l’Évangéliste Philippe, l’un des sept premiers diacres choisis parmi les fidèles, n’avaient pas, malgré leur baptême, reçu l’Esprit-Saint. On porta cette nouvelle aux Apôtres qui étaient à Jérusalem, et ils vinrent à Samarie afin de communiquer par l’imposition des mains le Saint-Esprit à ces baptisés. La chose eut lieu de cette manière : les Apôtres vinrent, leur imposèrent les mains, et ils reçurent le Saint-Esprit, car on, voyait alors quand l’Esprit-Saint était donné ; ceux qui le recevaient parlaient toutes les langues, et c’était pour témoigner que l’Église devait se faire entendre par tout l’Univers. Ces baptisés de Samarie reçurent donc le Saint-Esprit, et il manifesta sa présence d’une manière sensible. Or, Simon s’en étant aperçu et s’imaginant que ce pouvoir appartenait aux hommes, voulut se le procurer et acheter à des hommes ce qu’il croyait leur appartenir. « Combien, voulez-vous accepter d’argent pour me conférer la puissance de donner, le Saint-Esprit en imposant les mains ? »
Pierre alors, le repoussant avec horreur : « Il n’y a pour toi ni part, ni sont dans cette foi, dit-il. As-tu bien pu croire qu’on se procurât avec de l’argent le Don de Dieu ? « Que ton argent périsse donc avec toi ! » : On peut voir au même endroit les autres reproches également mérités, qu’il lui fit alors [6].
11. Mais pourquoi ai-je voulu ; rapporter ce trait ? Que votre charité le remarque avec soin. Dieu, devait montrer d’abord qu’il agit par le ministère des hommes, et pour ôter à ces hommes la pensée de croire, comme Simon, que l’effet produit, par eux doit leur être attribué et non pas à Dieu, il devait montrer ensuite qu’il agit par lui-même. Les disciples, néanmoins, le savaient déjà, car, ils étaient réunis au nombre de cent vingt quand le Saint-Esprit descendit sur eux, sans que personne leur eût imposé les mains[7]. Qui en effet les avait imposées ? Il ne laissa pas toutefois de venir sur eux d’abord et de les remplir de lui-même. Mais après le scandale donné par Simon, que fit le Seigneur ? Voyez comme il instruit, non

  1. 1Ti. 1, 7
  2. Mat. 18, 18
  3. Jn. 20, 22-23
  4. 1Co. 3, 18
  5. Id. 6, 19
  6. Act. 8, 5-23
  7. Id. 1, 16 ; 2, 1, 4