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CHAPITRE LXXVI. PRÉDICTION DE LA RUINE DU TEMPLE.

146. Saint Matthieu continue en ces termes Et Jésus étant sorti du temple s’en alla. Alors ses disciples s’approchèrent de lui pour lui en faire remarquer les constructions. Mais lui-même prenant la parole, leur dit : Vous voyez toutes ces choses ? En vérité je vous le dis : Il ne restera pas là pierre sur pierre, qui ne soit détruite[1]. » Saint Marc observe pour ceci à-peu-près le même ordre, ne s’écartant de saint Matthieu que pour raconter l’histoire de la veuve qui déposa deux deniers dans le tronc[2] ; fait qui ne se retrouve que dans saint Luc. D’après saint Marc, lorsqu’il a demandé aux Juifs comment ils entendent que le Christ est le fils David, le Seigneur enseigne qu’il faut se garder des Pharisiens et de leur hypocrisie. Saint Matthieu s’étend davantage et cite un très-long discours sur le même sujet. Après ce passage ainsi abrégé par saint Marc, très-développé en saint Matthieu, le premier ne raconte plus, ai-je dit, que l’histoire de cette veuve à la fois si pauvre et si généreuse, puis il reprend l’ordre suivi par saint Matthieu, et parle avec lui de la future destruction du temple. Saint Luc aussi ; après avoir rapporté cette discussion au sujet du Christ, fils de David, dit quelques mots de l’hypocrisie des Pharisiens, arrive à parler, avec saint Marc, de cette veuve qui verse deux deniers dans le tronc, et enfin décrit comme saint Matthieu et saint Marc, la future destruction du temple[3].

CHAPITRE LXXVII. DISCOURS SUR LE MONT DES OLIVIERS.

147. Saint Matthieu continue ainsi : « Et comme il était assis sur le mont des Oliviers, ses disciples s’approchèrent de lui en particulier, disant : Dites-nous quand ces choses arriveront ? Et quel sera le signe de votre avènement et de la consommation du siècle ? Et Jésus répondant leur dit : Prenez garde que quelqu’un ne vous séduise. Car beaucoup viendront en mon nom, disant : « Je suis le Christ, et ils en séduiront un grand nombre », etc ; jusqu’à ce passage : « Et ceux-ci s’en iront à l’éternel supplice, et les justes dans la vie éternelle. » Nous avons donc à examiner ici ce long discours du Seigneur, que les trois évangélistes saint Matthieu, saint Marc et saint Luc retracent exactement dans le même ordre[4]. Chacun d’eux y mentionne des traits qui lui sont propres, sans qu’il en résulte la moindre apparence de contradiction ; examinons s’ils ne se contredisent point dans les passages qu’ils reproduisent également, car s’il y avait la quelque désaccord, on ne pourrait l’expliquer en disant que c’est la même pensée répétée par le Seigneur en d’autres circonstances, puisque tous les trois assignent à ce fait le même lieu et la même époque. Si toutefois les mêmes pensées exprimées par le Seigneur ne sont point rapportées partout dans le même ordre, cela ne change rien au sens des vérités à comprendre ou à connaître, puisque les paroles qui les expriment ne se contredisent en aucune manière.

148. Il est dit dans saint Matthieu : « Et cet Évangile du royaume sera prêché dans le monde entier, en témoignage à toutes les nations ; et alors viendra la fin. » Saint Marc suit le même ordre : « Mais il faut d’abord que l’Évangile soit prêché à toutes les nations. » Il n’ajoute point : « Et alors viendra la fin ; » mais cette expression « d’abord », le donne suffisamment à entendre ; car on avait questionné le Sauveur sur la fin des temps. Lors donc qu’il dit : « Il faut d’abord que l’Évangile soit prêché à toutes les nations », ce mot : « d’abord », signifie évidemment avant la consommation.

149. Saint Matthieu dit ensuite : « Quand donc vous verrez l’abomination de la désolation, prédite par le prophète Daniel, régnant dans le lieu saint ; que celui qui lit, entende. » Saint Marc s’exprime en ces termes : « Quand vous verrez l’abomination de la désolation, là où elle ne doit pas être, que celui qui lit, entende », et quoiqu’il change quelques mots, il n’exprime que la même pensée. « Là où elle ne doit pas être », dit-il, parce qu’elle ne doit pas être dans le lieu saint. Saint Luc, au lieu de dire : « Lorsque vous verrez l’abomination de la désolation régnant dans le lieu saint », ou bien : « Là où elle ne doit pas être », s’exprime ainsi : « Or, quand vous verrez Jérusalem investie par une armée, sachez que sa désolation est proche. » C’est qu’alors aura lieu l’abomination de la désolation.

150. Saint Matthieu dit ensuite : « Alors, que

  1. Mat. 24, 1-3
  2. Mrc. 12, 41 ; 13, 2
  3. Luc. 20, 46
  4. Mat. 24, 3 ; 25, 46 ; Mrc. 13, 31-37 ; Luc. 21, 7-36