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CHAPITRE LXXI. NOCES ROYALES.

139. Saint Matthieu continue : « Or, lorsque les princes des prêtres et les Pharisiens eurent entendu ses paraboles, ils comprirent que c’était d’eux qu’il parlait, et cherchant à se saisir de lui, ils craignaient le peuple, parce qu’il le regardait comme un prophète. Jésus, reprenant, leur parla de nouveau en paraboles ; il disait Le royaume des cieux est semblable à un roi qui fit les noces de son fils. Or, il envoya ses serviteurs appeler les conviés aux noces, mais ils ne voulurent point venir », etc, jusqu’à ces mots : « Car beaucoup sont appelés, mais peu sont élus[1]. » Saint Matthieu est le seul qui mentionne cette parabole des invités aux noces quelque chose de semblable est raconté dans saint Luc, mais ce n’est point la même parabole, comme la suite du récit l’indique, quoiqu’il y ait entre les deux quelques points de ressemblance[2]. Après la parabole de la vigne, et le meurtre du fils, du père de famille, saint Matthieu ajoute que les Juifs sentirent l’application de tout ceci à leur conduite et qu’ils commencèrent à tramer leurs complots. Saint Marc et saint Luc racontent également cela dans le même ordre l’un que l’autre[3]. Ils passent ensuite à. un autre sujet, que saint Matthieu traite comme eux, mais seulement après avoir rapporté seul la parabole des noces : à part cela, la marche est pour tous la même.

CHAPITRE LXXII. TRIBUT PAYÉ A CÉSAR. – FEMME AUX SEPT MARIS.

140. Saint Matthieu continue ainsi : « Alors les Pharisiens s’en allant se concertèrent pour le surprendre dans ses paroles. Ils envoyèrent donc leurs disciples avec les Hérodiens, disant : Maître, nous savons que vous êtes vrai, que vous enseignez la voie de Dieu dans la vérité, et que vous n’avez égard à qui que ce soit ; car vous ne considérez point la face des hommes. Dites-nous donc ce qui vous en semble : Est-il permis de payer le tribut à César, ou non ? » etc, jusqu’à ces mots : « Et le peuple l’entendant admirait sa doctrine[4]. » Nous avons ici deux réponses du Seigneur, l’une sur la pièce de monnaie que l’on doit payer à César, l’autre sur la résurrection, à propos de cette femme qui eut pour maris sept frères successivement. Ces deux réponses sont mentionnées eu saint Marc et en saint Luc, et on n’y découvre aucune différence[5]. En effet, après que les trois Évangélistes ont rapporté la parabole de la vigne louée, et les complots des Juifs à qui cette parabole s’adresse, saint Marc et saint Luc passent sous silence celle des invités aux noces, citée seulement par saint Matthieu, et se retrouvent avec lui pour ces deux histoires, celle du tribut dû à César, et celle de la femme aux sept maris ; c’est chez tous le même ordre, et le passage ne présente aucune difficulté.

CHAPITRE LXXIII. LE DOUBLE PRÉCEPTE.

141. Saint Matthieu dit ensuite : « Mais les Pharisiens, apprenant qu’il avait réduit les Sadducéens au silence, s’assemblèrent, et l’un d’eux, docteur de la Loi, l’interrogea pour le tenter : Maître, quel est le plus grand commandement de la Loi ? Jésus lui dit : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, et de tout ton esprit. C’est le premier et le plus grand commandement. Le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. À ces deux commandements : se rattachent toute la Loi et les Prophètes[6]. » Saint Marc dit ceci dans le même ordre[7]. Ne soyons pas embarrassés de ce qu’en saint Matthieu celui qui interrogea, le Seigneur voulut le tenter, tandis que saint Marc omet cette circonstance et rapporte même que Jésus-Christ finit par dire à cet homme, qui avait sagement répondu : « Tu n’es pas loin du royaume de Dieu. » Il est bien possible que venant avec l’intention de tenter le Seigneur, il ait été converti par sa réponse. Ou bien ce n’était pas avec une intention coupable qu’il cherchait à le tenter, comme s’il eût voulu surprendre son ennemi ; la prudence même pouvait le porter à connaître de plus en plus celui qu’il ne connaissait point encore. Car ce n’est pas sans raison qu’il est écrit : « Celui qui croit trop facilement est léger de cœur et il y perdra[8]. »

142. En saint Luc il est question d’un fait semblable, mais ailleurs et bien loin de là[9]. Est-ce le même fait, en est-ce un autre où le Seigneur rappelle également les deux préceptes de la Loi ?

  1. Mat. 21, 45 ; 22, 14
  2. Luc. 14, 16-24
  3. Mrc. 12, 12 ; Luc. 20, 19
  4. Mat. 22, 15-33
  5. Mrc. 12, 13-27 ; Luc. 20, 20-40
  6. Mat. 22, 34-40
  7. Mrc. 12, 28-34
  8. Sir. 19, 4
  9. Luc. 10, 26-37