Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome IV.djvu/620

Cette page n’a pas encore été corrigée

18. « Il est léger à la ; surface de l’eau : » c’est, opposer ici, aux hommes purement terrestres, les hommes spirituels que pénètre la lumière et une céleste agilité, et sur lesquels la mort, à laquelle ils sont condamnés par la nature viciée de leur corps, détend que des ombres légères. On pourrait dire aussi que ces mots : « Il est léger à la surface de l’eau », s’entendent de ceux qui confessent la foi en recevant le baptême. « Que leur part soit maudite ; » que ce qu’ils ont recherché soit à jamais stérile.
19. « Ils ont ravi ce qui était déposé dans le sein de l’orphelin. » Par de coupables insinuations ils ont enlevé au cœur du faible la parole qui le soutenait.
20. « Bientôt leur péché a été recherché », lorsqu’ils le croyaient complètement oublié. « Qu’on brise le méchant comme l’arbre qui dépérit », et qu’on ne peut rajeunir.
21. « Il a maltraité la femme stérile ; » celle que des enfants ne consoleront point.
22. « Il s’est levé, ne se confiant point en sa propre vie » Cette vie ne le rassure point, car il sait que pour lui elle est mauvaise. C’est pourquoi il a dû se lever.
23. « Qu’il n’espère point guérir dans ses « maladies ; » dans ses afflictions. « Qu’il aille s’affaiblissant chaque jour. » L’impie au sein de l’adversité recherche parmi les consolations, celles qui l’accablent davantage.
24. « Sa grandeur s’est affaissée comme la mauve sous le poids de la chaleur. » Il n’a pu supporter le poids de la tribulation : la mauve indique sa faiblesse. « Ou comme l’épi qui tombe sans secousse de la tige. » Le matin, il était au faîte de la grandeur : il s’est choisi les consolations qui ont rendu sa chute plus honteuse.
25. « Autrement qui pourra m’accuser de mensonge ? » S’ils sont autrement.

CHAPITRE XXV. – Baldad taxe d’orgueil Job qui se dit pur aux deux du Seigneur. – Paroles de Baldad le Sueh.


2. « Quel autre commencement que la crainte de son nom ? » Cette interpellation paraît se rapporter aux paroles suivantes de Job « Je me troublerai en sa présence, je considérerai, et je serai saisi de crainte[1]. »
3. « Que personne ne croie retarder les pirates. » Quand Dieu le permet, ils attaquent sans délai. « Contre ceux qui n’ont pas tendu leurs embûches ? » lorsqu’il l’a permis. Par embûches il entend les tentations.
4. « Comment l’homme devant le Seigneur pourra-t-il être juste ? » Il permet donc sans injustice la tentation contre lui. « Ou comment pourra se purifier celui qui est né d’une femme ? » Il sera impur, tant, que Dieu ne l’aura pas purifié.
5. « S’il le commande, la lune est sans lumière. » Si l’ordre établi par sa divine Providence exige que la lune ne luise point, il le lui commandera, et elle sera sans lumière. Et pourquoi ? Est-ce pour dire seulement que la lune est sans clarté devant lui, dès qu’il lui défend de briller ? Ou ne pourrait-on pas voir ici une figure de l’âme raisonnable, éclairée par ce soleil de l’intelligence qui éclaire tous les hommes[2] ? La lune répand sur la terre une lumière d’autant plus grande, qu’elle s’éloigne davantage du soleil : dès qu’elle s’en rapproche, elle disparaît complètement à nos regards. Comprenons par là ce que Dieu veut pour notre âme : qu’elle s’élève au-dessus de notre nature terrestre et mortelle, où sa beauté ne se révèle qu’aux impressions de la chair, qu’elle recherche la sagesse, qu’elle s’en approche et accepte son joug ; alors remplie d’une joie secrète en face de cette lumière, elle évitera d’accomplir les œuvres de justice devant les hommes, pour ne point être vue par eux[3]. Si elle se glorifie, que ce soit dans le Seigneur[4]. Car en se montrant aux hommes, elle ne recherche que le don du Créateur. « Ni les étoiles ne sont pures devant lui ; » comparées à lui.

CHAPITRE XXVI. – Job connaît la grandeur de Dieu ; ce n’est ni à lui ni à Baldad à donner des conseils au Tout-Puissant. — Paroles de Job.


2. « Pour qui viens-tu, et à qui veux-tu porter secours ? » Les croyant injustes, il s’indignait contr'eux et voulait que Dieu les punît ; mais réfléchissant en lui-même, il revient à de meilleures pensées et laisse à Dieu le soin de les juger. Il ne prétend point l’aider ni lui porter secours, comme s’il était trop faible pour arrêter à punir les coupables ; il ne veut point non plus lui tracer sa conduite à son égard, ni le suivre et rechercher pourquoi il laisse vivre les trompeurs ; car les secrets de sa puissance sont impénétrables à toutes les recherches de notre intelligence. Il veut encore moins lui apprendre ce que sont ces hommes, car c’est de lui que l’homme tient le souffle, lorsqu’il exprime quelque pensée.
5. « Les géants seront-ils anéantis ? » Ne nous étonnons point si Dieu épargne ceux-ci, puisqu’il

  1. Job. 23, 15
  2. Jn. 1, 9
  3. Mat. 6, 1
  4. 1Co. 1, 31