Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome IV.djvu/569

Cette page n’a pas encore été corrigée

« Et le Seigneur donna le repos aux alentours, comme il en avait fait le serment à leurs pères » sont également vraies : car, du vivant même de Josué, les restes des sept nations ne s’éloignaient pas, il est vrai, mais nulle d’elles n’osait en appeler au combat, sur les territoires où ils habitaient ensemble. C’est pour cela que l’Écriture ajoute : « De tous leurs ennemis, nul n’osa leur résister en face. » Quant aux expressions qui suivent : « Mais le Seigneur livra tous leurs ennemis entre leurs mains » elles désignent ceux de leurs ennemis qui osèrent les défier, au combat. Enfin ces derniers mots. « De toutes les bonnes paroles que le Seigneur adressa aux enfants d’Israël, il n’y en eut pas une seule sans effet ; elles s’accomplirent toutes » signifient que malgré la désobéissance dont ils se rendirent coupables envers Dieu, quand ils épargnèrent quelques-unes des sept nations et se contentèrent de les soumettre, ils vécurent cependant à l’abri de tout péril au milieu d’elles. L’Écriture dit : « de toutes les bonnes paroles » parce que, à cette époque, les malédictions prononcées contre les contempteurs et les transgresseurs de la Loi n’avaient pas encore eu leur accomplissement. Il ne reste donc plus à expliquer que ce texte : « Le Seigneur donna à Israël tout le pays qu’il avait juré de donner à leurs pères : » or, voici comment il faut l’entendre. Sans doute, il y avait encore des débris des peuples voués à l’extermination et à la ruine ; il restait aussi jusqu’à l’Euphrate, des nations à subjuguer, si elles n’opposaient pas de résistance, ou à détruire entièrement, si elles résistaient ; cependant, Dieu permit que ces peuples se maintinssent pour servir d’exercice aux Israélites, dans la crainte que ceux-ci, cédant aux affections et aux désirs charnels, ne fussent incapables de supporter avec sagesse et modération le poids d’une prospérité temporelle si rapide, et né fussent dans leur orgueil, précipités bientôt vers leur ruine, ainsi que nous aurons lieu de le démontrer ailleurs. Les Israélites étaient donc maîtres de tout le pays, car la partie dont ils n’avaient pas encore pris possession leur avait été donnée pour leur servir en quelque sorte d’une épreuve salutaire.
XXII. (Ib. 21, 42.) De quelle manière peut-on dire que nul ennemi n’osa résister aux Israélites ? – « De tous leurs ennemis, nul n’osa leur résister en face. » On peut demander comment ces paroles sont vraies, puisqu’il est rapporté précédemment que les ennemis ne permirent pas à la tribu de Dan de descendre dans la vallée, et qu’ils remportèrent la victoire sur elle dans les montagnes[1]. Mais il faut user ici du mode d’interprétation dont nous nous sommes servi pour le passage où l’Écriture cite les noms des douze enfants de Jacob, nés dans la Mésopotamie, quoique Benjamin ne soit pas venu au mondé dans cette contrée[2]. Les onze tribus représentent le peuplé tout entier, suivant la règle suffisamment connue, appliquée par nous-mêmes à d’autres endroits des saintes Écritures. Si l’on demande la raison pour laquelle cette tribu ne reçut pas assez de terres en partage, et, souffrit du voisinage de ceux qui les occupaient, on doit croire que Dieu le permit dans un dessein mystérieux. Cependant lorsque Jacob bénissait ses fils, il prononçait sur Dan des paroles qui donnent lieu de penser que l’Antéchrist sortira un jour de cette tribu[3]. Nous ne voulons pas en dire davantage, puisqu’il est possible de résoudre l’objection de la manière suivante : « De tous leurs ennemis, nul n’osa résister en face » c’est-à-dire, tant qu’ils firent la guerre ensemble sous le commandement.d'unseul chef, avant que les partages fussent déterminés et confiés à la garde de chaque tribu.
XXIII. (Ib. 22, 23.) Il n’y a qu’un Sauveur, qui est Jésus-Christ. – « Et pour les sacrifices de nos saluts. » Sacrifices étant mis au pluriel, saluts est aussi mis au même nombre. Il faut bien observer, sur ce passage, en quel sens on dit ordinairement : le sacrifice du salut; car, si nous avons reçu le Christ, qui est appelé « le salut de Dieu[4] » on ne voit pas quel sens on peut donner à ce mot, mis au pluriel. « Nous n’avons, en effet, qu’un seul Seigneur, qui est Jésus-Christ[5] : » quoique plusieurs soient nommés Christs, par grâce, suivant ce passage des Psaumes : « Gardez-vous de toucher à mes Christs[6]. » Mais peut-on dire : des salutsou salutaires ? La question n’est pas facile à résoudre : car Jésus-Christ est lui-même le seul Sauveur de son corps.
XXIV. (Ib. 23, 14.) Ce que c’est que mourir. – Quand Josué parle de sa fin prochaine, il dit : « Je retourne par le chemin que suivent tous ceux qui sont sur la terre » nous trouvons dans la version faite sur l’hébreu cet autre mot : «J’entre dans le chemin. » L’expression des Septante «je retourne par le chemin » si l’on entend

  1. Jos. 19, 48, suiv. les Septante
  2. Gen. Quest. CXVII
  3. Gen. 49, 17
  4. Luc. 11, 30
  5. 1Co. 8, 6
  6. Psa. 104, 16