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doivent être purifiés ceux qui sont devenus impurs au contact des morts, image des œuvres mortes ou du péché : « Ils prendront, dit-il, pour cet homme impur de la cendre de la génisse brûlée pour la purification, et ils verseront sur elle » c’est-à-dire, sur cette cendre, « de l’eau vive dans un vase ; puis un homme pur, prenant de l’hysope et la trempant dans l’eau, fera des aspersions sur la maison, sur les vases, et sur toutes les âmes qui seront là, et sur celui qui aura touché un os humain, ou un blessé, ou un mort, ou un tombeau ; et le pur purifiera l’impur le troisième et le septième jour ; et celui-ci sera purifié le septième jour, et lavera ses vêtements, et se lavera lui-même dans l’eau, et il sera impur jusqu’au soir. » Il est évident que Peau d’aspersion n’est pas celle qui devait servir à laver les vêtements. « Et il se lavera dans l’eau : » cette eau, est, je pense, l’eau spirituelle, en figure toutefois, non en réalité. Car, sans aucun doute, elle était visible, comme toutes les ombres des choses à venir. Mais celui qui reçoit en bonne disposition la purification du sacrement de baptême dont l’eau d’aspersion était la figure, acquiert même la purification spirituelle ou invisible de la chair et de l’âme, devenant ainsi pur de corps et d’esprit. L’aspersion de l’eau devait se faire avec l’hysope, cette plante qui, disions-nous, est l’image de la foi. Or, ceci peut-il nous rappeler autre chose que ce qui est rapporté dans l’Écriture : « Que Dieu purifiait leurs cœurs parla foi[1] ? » Sans la foi, en effet, le baptême n’est d’aucune utilité. L’homme pur qui doit, aux termes de la Loi, faire cette aspersion, est la figure des ministres qui tiennent la place de leur Seigneur, l’homme pur par excellence. Ce sont ces ministres, en effet, qui sont désignés dans la suite du texte : « Et celui qui répandra l’eau d’aspersion lavera ses vêtements » c’est-à-dire qu’il sera pur, même de corps. « Et celui qui aura touché l’eau d’aspersion, sera impur jusqu’au soir. Et toute chose que cet homme impur aura touchée, sera impure ; et l’âme qui l’aura touché, sera impure jusqu’au soir. » J’ai déjà dit plus haut le sens qu’il faut attacher à ces mots : « jusqu’au soir. »
XXXIV. (Ib. 19, 16.) Ce que l’Écriture entend par ces mots : un blessé, un mort. – « Quiconque aura touché dans la campagne un blessé, ou un mort, ou l’os d’un homme, ou un tombeau. » On peut demander ce que l’Écriture entend par « un blessé et un mort. » Car si elle distingue le blessé du mort, on pourra conclure que l’impureté se contracte au contact d’un homme blessé, fût-il encore vivant : ce qui est absurde. Mais comme on peut mourir des suites d’une blessure, toute la distinction qu’elle a voulu faire et indiquer, est celle qui existe entre l’homme mort en conséquence de sa blessure, et l’homme mort sans avoir été blessé.
XXXV. (Ib. 20, 11.) De l’eau du rocher. — L’Apôtre Paul a donné la signification mystérieuse de l’eau sortie du rocher, quand il a dit : « Tous aussi ont bu d’un même breuvage spirituel ; car ils recevaient ce breuvage de la pierre spirituelle qui les accompagnait, et cette pierre était le Christ[2]. » L’eau du rocher signifiait donc la grâce spirituelle, dont la source est dans le Christ et dont les eaux étanchent la soif intérieure. Quant à la verge qui frappa le rocher, elle est l’image de la croix de Jésus-Christ. En effet la grâce a coulé, quand le bois sacré a touché la pierre ; les deux coups frappés avec la verge donnent eux-mêmes à ce symbolisme une signification plus évidente : car deux morceaux de bois composent la Croix.
XXXVI. (Ib. 20, 13.) Même sujet. — L’Écriture dit à propos de cette eau tirée du rocher : « C’est là l’eau de contradiction, où les enfants d’Israël murmurèrent en présence du Seigneur, et où il fut sanctifié en eux. » Ainsi nous voyons d’abord qu’ils élevèrent des plaintes contre le bienfait que Dieu leur avait accordé en les tirant d’Égypte ; puis nous voyons que Dieu est sanctifié en eux, quand l’eau miraculeuse du rocher fait paraître sa sainteté à leurs yeux. Ceci n’est-il pas un Symbole figuratif de deux sortes de personnes : les unes résistant à la grâce du Christ ; les autres lui faisant bon accueil ; ce qui fait que la grâce est pour les unes l’eau de contradiction, pour les autres, l’eau de sanctification ? L’Évangile ne nous dit-il pas, en effet, du Seigneur lui-même : « Il sera encore un objet de contradiction[3]. »
XXXVII. (Ib. 20, 17.) Mot sous-entendu. — Lorsque Moïse fait dire, entre autres choses, au roi d’Edom : « Nous ne boirons point de l’eau de ton réservoir » cela signifie : Nous n’en boirons point, sans en payer le prix. C’est ce que prouvent ces autres paroles de Moïse un peu plus loin : « Si nous buvons de ton eau, moi et mes troupeaux, je t’en payerai le prix. »
XXXVIII. (Ib. 20, 17.) Sens de ces mots : in dextera

  1. Act. 15, 9
  2. 1Co. 10,4
  3. Luc. 2, 34.