Page:Arrhenius - L’évolution des mondes, 1910.djvu/145

Cette page a été validée par deux contributeurs.
125
nébuleuses

des astres plus rapprochés. M. Tikhoff, un astronome russe a vérifié cette conclusion. Se servant de verres de diverses couleurs, qu’il a interposées devant la plaque photographique, il a pu évaluer les intensités des différentes couleurs dans la lumière stellaire.

Cette lumière se trouvant en partie éteinte dans le trajet qu’elle parcourt avant de nous arriver, nous ne voyons pas la totalité de la voûte céleste couverte d’étoiles lumineuses. Tel serait sans doute le cas si, comme il est probable, les étoiles sont uniformément réparties dans l’espace infini de l’univers, et si aucun obstacle ne nous privait de leur lumière.

Mais s’il n’existait pas tout une autre catégorie de corps célestes, de température très basse et de volume considérable, qui absorbent et retiennent la chaleur rayonnée par les soleils lumineux, il arriverait rapidement que les corps obscurs, les météorites, ainsi que la poussière cosmique obscure seraient chauffés par la radiation des soleils et qu’ils deviendraient lumineux à leur tour. La sphère céleste tout entière nous apparaîtrait alors comme une voûte entièrement de feu, dont le rayonnement calorifique anéantirait rapidement tout ce qui a vie sur la terre.

Ces corps célestes froids, qui absorbent les rayons des soleils, sans que leur température s’élève, ce sont les nébuleuses proprement dites, ou les étoiles nébuleuses. Des études récentes ont fait reconnaître que ces remarquables corps célestes existent partout, répandus sur la voûte céleste (comp. p. 49). Nous expliquerons plus loin (dans le chap. VII) le mécanisme étonnant, merveilleux, qui fait qu’elles puissent recevoir de la chaleur, sans cependant s’échauffer. Mais comme ces nébuleuses froides occupent la majeure partie de l’espace céleste, la plus grande partie de la poussière cosmique, dans son voyage à travers l’immensité, doit finir par s’y précipiter. Elle y rencontre des masses gazeuses qui l’empêchent de pénétrer, et qui l’arrêtent. Comme la poussière est chargée d’électricité, principalement