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l’évolution des mondes

gaspillage de la chaleur du soleil constitue un affaiblissement constant de l’énergie qui s’y trouve emmagasinée.

Du reste, la notion que la chaleur solaire est perdue parce qu’elle rayonne vers les espaces infinis, procède d’une supposition qui n’est soutenue par aucune preuve et qui est même fort improbable. Elle admet qu’une fraction minime du firmament est seule garnie de corps célestes. Cela ne serait vrai que si, comme on le supposait autrefois, tous ces corps étaient lumineux. Or, nous ne possédons aucun moyen de juger du nombre et de la dimension des étoiles obscures. On a bien supposé, pour expliquer le mouvement reconnu de certaines étoiles lumineuses, qu’il y avait dans leur voisinage d’autres corps obscurs, de dimensions considérables. Leurs masses seraient comparables à celle de notre soleil, si elles ne la dépassent pas. Mais de beaucoup le plus grand nombre de ces corps obscurs qui empêchent les rayons d’autres étoiles plus lointaines de venir jusqu’à nous, sont probablement de dimensions plus petites, comme celles que nous observons dans les comètes et les météores. La plus grande partie même n’est sans doute que de la poussière cosmique. Les études et les observations des années les plus récentes, faites à l’aide d’instruments très puissants, ont en effet révélé que les étoiles nébuleuses et les nébuleuses proprement dites sont extrêmement nombreuses.

D’après une estimation due à M. Charlier, de Lund, l’ensemble des étoiles répandues sur la voûte céleste donnerait une lumière environ trois mille fois plus forte que celle d’un astre de première grandeur. Or la puissance lumineuse du soleil a été évaluée à cent milliards de fois celle de cette même étoile. Elle serait donc trente millions de fois celle de l’ensemble des étoiles réunies. Si toutes les étoiles avaient, par unité de surface, la même clarté que le soleil, leur lumière aggrégée ne serait pas plus forte que celle d’une étoile unique qui aurait 0,4 de seconde d’arc de diamètre. On sait que le soleil a un diamètre de 1 920 secondes.

Que l’on se rappelle maintenant qu’une seule nébuleuse