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l’évolution des mondes

à une fois et demie sur la pesanteur. On a cependant trouvé des valeurs supérieures encore pour un certain nombre de comètes. Ainsi Hussey a fait ce calcul pour une comète de 1893 (la comète de Roerdam : 1893, II) et il a trouvé que la répulsion était trente-sept fois la force de gravité. La comète de Swift (1892, I, voy. fig. 34) a donné un rapport plus élevé encore, savoir 40,5. Certaines comètes nous ont montré des queues de formes très diverses, comme celle, restée célèbre, de Donati (fig. 35). Les deux queues presque rectilignes de cette comète appartenaient à la première catégorie de Bredichine, la troisième, très recourbée, était de la deuxième catégorie.

Nous avons indiqué plus haut, que d’après Schwarzschild des gouttelettes de matière ayant une surface parfaitement réfléchissante, et d’une densité égale à celle de l’eau, étaient repoussées par le soleil avec une force qui pouvait atteindre dix fois leur poids. Si la gouttelette est au contraire d’une matière parfaitement absorbante, cette valeur diminue de moitié. Or des observations spectroscopiques sur les comètes font penser que les gouttelettes qui les composent sont probablement des hydrocarbures, qui ne sont pas parfaitement absorbantes, mais elles sont partiellement traversées par la radiation solaire. Si on leur applique le calcul, on trouve que l’effet de la radiation peut atteindre 3,5 fois celui de la gravité.

Des gouttes plus fortes donneraient des chiffres moins élevés. Il semble donc que les catégories 2 et 3 de Bredichine répondent parfaitement à ces conditions dont le point de départ est l’évaluation théorique de la pression de radiation.

On explique moins facilement comment il peut exister des forces répulsives aussi élevées que celles de la première catégorie de Bredichine, ou celles des comètes de Swift et de Roerdam. Si une gouttelette d’hydrocarbure est exposée à une forte radiation solaire, elle est en fin de compte tellement chauffée, qu’elle se carbonise. Elle se transforme alors en un charbon spongieux, par suite du dégagement des gaz qui s’en