Ornithologie du Canada, 1ère partie/Le Merle Catbird — Le Chat


Atelier typographique de J. T. Brousseau (p. 167-169).

LE MERLE CATBIRD — LE CHAT.[1]
(Catbird.)


« La dénomination anglo-américaine, que j’ai conservée à cet oiseau, dit Vieillot, est tirée de son cri le plus familier ; en effet, il imite le miaulement d’un jeune chat avec tant de précision qu’on s’y méprend toutes les fois qu’on l’entend. » Le Catbird possède le talent d’imiter les autres oiseaux, mais à un degré plus faible que le Moqueur de Virginie ; il fait précéder sa chansonnette de trois ou quatre miaulements. Les jeunes mâles se font entendre à la fin de l’été, mais alors leur ramage n’est qu’un gazouillement. Le printemps est la seule saison où ils déploient toute l’étendue de leur voix. Ils se tiennent dans les haies et les buissons, et ils préfèrent surtout les taillis les plus fourrés. Le Merle Catbird vit de gros insectes, de cerises, de baies, et il saisit les vers de terre de la même manière. Il porte au bout du bec la nourriture qu’il destine à ses petits ; il est solitaire et il chante caché dans l’épaisseur d’un bosquet. Il place son nid dans les mêmes endroits que le Merle, lui donne la même forme et le compose des mêmes matériaux. Il a le même mouvement de queue et le même trépignement d’ailes. Il cherche sa nourriture au pied des haies, dans les herbes, sous les feuilles tombées ; il vole à raz-de-terre, de buissons en buissons, et ne s’élève au sommet des arbres que lorsqu’il porte les fruits ou les baies dont il nourrit ses petits.

Le Catbird passe ordinairement une grande partie du jour dans les endroits tellement fourrés et garnis de broussailles, qu’on ne l’y soupçonnerait guère, s’il n’y décelait sa présence, au printemps par son chant et en toute autre saison par son cri familier : on l’approche alors de très-près, parce qu’il s’y croit à l’abri de tout danger. Il est fort matinal et commence à chanter même avant le lever du soleil. Ce Merle construit son nid dans les haies d’aubépines, dans les vignes et dans les branches basses des arbres, pourvu qu’elles soient très feuillées. Il en compose l’extérieur d’herbes grossières, de joncs, et le garnit en dedans de mousse et de petites racines chevelues.

Il pond quatre œufs bleus et montre une rare sollicitude et un courage extraordinaire dans la protection de ses jeunes. Malgré la douceur de ses mœurs, malgré son chant agréable et sa sociabilité, le Catbird est peu aimé de l’habitant des campagnes. Il est trop friand des plus belles fraises du jardin, pour vivre en paix avec le propriétaire, qui lui fait une guerre à mort, pendant la saison des fruits. Ce Merle est fort commun dans l’ouest du Canada ; il se rencontre fréquemment dans les environs de Montréal et couve même dans les épais taillis du Mont-Royal qui domine la grande cité. Il est plus rare dans le District de Québec. Il émigre l’automne, vers les États du sud, sa véritable patrie.

« Il a le bec, l’iris, le front et le sinciput noirâtres, le reste de la tête, le cou et le corps d’un gris cendré ; cette teinte se rembrunit sur les ailes et sur la poitrine, elle s’éclaircit sur la gorge et sur le ventre. Les couvertures inférieures de la queue sont rougeâtres et les pennes noires : celle-ci est un peu étagée ; les pieds sont bruns. »

Dimensions du mâle, 9 × 12.

La femelle ne diffère du mâle qu’en ce qu’elle a le sommet de la tête d’une nuance moins foncée ; les jeunes lui ressemblent.


  1. No. 254. — Mimus Carolinensis. — Baird.
    Orpheus Carolinensis.Audubon.