Ornithologie du Canada, 1ère partie/L’Étourneau aux ailes rouges


Atelier typographique de J. T. Brousseau (p. 233-234).

L’ÉTOURNEAU AUX AILES ROUGES. — LE CAROUGE COMMANDEUR.[1]
(Red-winged Starling. — Officer Bird.)


Cet oiseau a été improprement classé parmi les Étourneaux, avec lesquels il n’a d’autre analogie que de voyager en bandes très nombreuses et de faire société de temps à autre avec eux ainsi qu’avec les Goglus. C’est là une des espèces que les cultivateurs de la Georgie et autres États du Sud, ont vouées aux gémonies, par suite des ravages épouvantables que ces oiseaux font au temps des moissons. On devrait au moins leur tenir compte de la quantité infinie d’insectes nuisibles à l’agriculture qu’ils détruisent dans le cours d’une saison. Wilson en suppute le nombre après un calcul soigné à plusieurs millions. L’Étourneau hiverne dans le sud des États-Unis (qu’on nous pardonne cet anachronisme) par milliers.

Il bâtit son nid tantôt sur des aulnes, tantôt dans des endroits marécageux. Des herbes molles, du crin, telles sont les substances employées pour tapisser l’intérieur du nid ; les œufs sont au nombre de quatre à six, d’une forme ovale, bleu clair et tacheté de noirâtre. Malheur à celui qui approche trop près du nid, pendant le temps des œufs ; le mâle s’élance à la rencontre de l’intrus, vomit des malédictions sur sa tête en notes bruyantes et plaintives. Audubon voyageant l’automne dans les États du sud, dit que ces oiseaux sont si nombreux, qu’il en a vu jusqu’à cinquante tués par un seul coup de fusil. Le soir ils gagnent les endroits marécageux et se perchent pour la nuit par milliers sur les joncs au-dessus de l’eau. Lorsqu’on les trouble, ils s’élèvent tout à coup et font diverses évolutions, rasant un instant le haut des joncs ou s’élançant dans les hautes régions des airs pour revenir finalement au lieu où ils étaient campés d’abord, et où ils font entendre un bruit confus ; cette manœuvre exécutée, le silence se rétablit pour le reste de la nuit. L’Épervier des Pigeons s’engraisse à leurs dépens. Cet Étourneau mis en cage, continue de faire entendre ses chants harmonieux. Il vit de blé et autres grains.

Cet oiseau a été appelé en Canada, par les Anglais (par les demoiselles probablement ?) Officer Bird, à cause de ses épaulettes rouge-orangé qui contrastent si élégamment avec son plumage noir comme la nuit ; costume qui va sans doute lui assurer la faveur de cette intéressante portion de la population.

Nous n’avons pas encore remarqué l’Étourneau aux ailes rouges, dans les environs de Québec ; il est assez commun dans les plaines et les savanes marécageuses autour de Sorel, ainsi qu’au Haut-Canada.

Le mâle est par tout le corps d’un noir lustré ; le miroir de l’aile est roux-orangé, les ailes sont de longueur ordinaire ; la seconde et la troisième plume la plus longue ; la queue longue, arrondie et composée de douze plumes arrondies. Le bec et les pieds noirs ; l’iris d’un brun foncé.

Longueur totale, 9, envergure, 14.

Les jeunes mâles ont les couleurs plus ternes ; le noir moins pur et le rouge plus pâle ; la femelle ressemble au jeune mâle.


  1. Au moment où nous écrivons, nos voisins n’ont pas encore donné au quartier général de l’esclavage les honneurs du baptême.