Ornithologie du Canada, 1ère partie/Le Baltimore


Atelier typographique de J. T. Brousseau (p. 235-236).

LE BALTIMORE.[1]
(Baltimore Oriole.)


Ce bel oiseau au plumage jaune et noir, a emprunté son nom, dit Wilson, de lord Baltimore, jadis grand propriétaire du Maryland, dont la livrée officielle était le jaune et le noir. On rencontre le Baltimore du Brésil au Canada ; il est fort commun le printemps, dit M. McElraith, dans les bois et les vergers autour de Hamilton. « Son ramage fort intéressant par sa naïveté, sans égaler le chant de la Grive rousse, est comme la mélodie du garçon de ferme qui siffle pour s’amuser. » Sa note d’alarme est bien différente. Il construit pour sa couvée future un superbe réduit suspendu ; ce nid se compose de mousse, de coton et autres matériaux ; dans les latitudes chaudes, ce nid regarde vers le nord-est, comme protection contre les grandes chaleurs ; il le place d’ordinaire dans les vergers, c’est une vraie merveille de solidité. Les œufs sont au nombre de cinq, blancs avec une petite teinte couleur de chair, marqués au gros bout avec des points pourpres et sur le reste avec des longues lignes qui s’intersectent. Le Baltimore se nourrit de coléoptères, d’insectes ailés, qu’il attrape dans les arbres : il se suspend par les pieds et s’allonge le corps pour aller chercher le scarabée sous la feuille ; ses mouvements dans les arbres sont remplis de grâce et d’agilité.

Le Baltimore n’acquiert ses brillantes couleurs qu’à sa troisième année ; la femelle a une livrée brune moins éclatante. Avant de quitter le nid, les jeunes s’y cramponnent à l’extérieur, avec la même facilité que les jeunes Pique-bois, entrent et sortent plusieurs fois, comme pour s’accoutumer. Leur migration se fait de jour ; leur vol est en ligne droite à une grande hauteur au-dessus des arbres : ils s’abattent au coucher du soleil, chantent un peu, prennent leur repas du soir, puis ils se livrent au sommeil.

Le Baltimore paraît se plaire en cage et siffle très bien. On le nourrit aux œufs à la coque, aux raisins, aux figues et aussi avec des insectes. Quand on le tire, il se cramponne à la branche : il faut quelquefois une seconde décharge pour le faire tomber. On le rencontre communément dans les régions montueuses, arrosées de petits ruisseaux. Le Baltimore ne vient pas, que nous sachions, dans le district de Québec.

Le mâle a le bec d’un bleu clair ; l’iris orangé ; la tête, la poitrine, le derrière du cou, le derrière du dos, les pennes et les secondaires, noirs, ainsi que les deux plumes du milieu de la queue et la base de toutes les autres ; les parties inférieures, les couvertures alaires inférieures, la partie postérieure du dos rouge vif, nuancées de vermillon sur la poitrine et le cou ; le bout des deux pennes du milieu de la queue et le bout des autres orangé pâle ; la queue arrondie, un peu fourchue ; les plumes étroites.

Longueur totale, 7  ; envergure, 12.

Les jeunes et les femelles ont des teintes moins vives.


  1. No. 415. — Icterus Baltimore. — Baird.
    Icterus Baltimore.Audubon.