Odes (Horace, Leconte de Lisle)/III/9

1er siècle av. J.-C.
Traduction Leconte de Lisle, 1873
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Ode IX. — À LYDIA.


horatius.

Tant que je t’ai plu, et qu’aucun autre, plus aimé, n’a entouré de ses bras ton cou blanc, j’ai vécu plus heureux que le roi des Perses.

lydia.

Tant que tu n’as brûlé pour une autre plus que pour moi, et que Lydia ne passait point après Chloé, la renommée de Lydia a été grande, et j’ai vécu plus illustre que la Romaine Ilia.

horatius.

Maintenant Chloé de Thrace règne sur moi, habile aux doux chants et à jouer de la cithare. Je ne craindrais point de mourir pour elle, si, épargnée par les destins, elle devait me survivre.

lydia.

Il me consume d’un amour qu’il partage, Calaïs, fils d’Ornytus de Thurium. Je consentirais à mourir deux fois pour lui, si, épargné par les destins, le jeune homme devait me survivre.

horatius.

Quoi ! si l’ancienne Vénus revenait et nous réunissait encore sous son joug d’airain ? Si la blonde Chloé était rejetée, et si ma porte s’ouvrait à Lydia repoussée ?

lydia.

Bien qu’il soit plus beau qu’un astre, et toi plus léger que le liège et plus irritable que l’orageuse Hadria, c’est avec toi que j’aimerais vivre, avec toi que je voudrais mourir !