Odes (Horace, Leconte de Lisle)/III/8

1er siècle av. J.-C.
Traduction Leconte de Lisle, 1873
◄  III, 7 III, 8 III, 9   ►




Ode VIII. — À MÆCENAS.


Qu’ai-je de commun avec les Kalendes de Mars, étant célibataire ? Que veulent ces fleurs, ces vases d’encens et ce charbon posé sur l’autel de gazon ? Tu le demandes,

Toi, savant dans l’une et l’autre langue. J’avais voué un festin et un bouc blanc à Liber, quand je fus presque tué par la chute d’un arbre.

Ce jour de fête que l’année ramène va faire sauter le liège enduit de poix d’une amphore instruite à boire la fumée depuis Tullus consul.

Vide, Mæcenas, cent coupes au salut de ton ami et laisse ces lampes veiller jusqu’au jour. Loin de nous les cris et la colère !

Dépose tes inquiétudes au sujet de la Ville ; l’armée du Dace Cotison est anéantie ; le Mède, funeste à lui-même, se déchire de ses propres armes ;

Notre vieil ennemi de la frontière Hispanienne, le Cantabre, est dompté par une chaîne tardive, et les Scythes, l’arc détendu, songent à rentrer dans leurs plaines.

Oublie un instant tes soucis pour le peuple, et, simple citoyen, cesse de t’en inquiéter ; prends, joyeux, ce que te donne l’heure présente et laisse les choses sérieuses.