Odes (Horace, Leconte de Lisle)/III/10
Traduction Leconte de Lisle, 1873
Même si tu buvais au lointain Tanaïs, Lycé, mariée à un homme farouche, tu me plaindrais en pleurant d’être couché devant tes portes inexorables, en proie aux Aquilons de la contrée.
Entends-tu comme ta porte et le bois qu’entourent tes belles demeures mugissent sous l’effort des vents ? Vois-tu comme Jupiter durcit, sous un ciel clair, les neiges tombées ?
Dépose l’orgueil qui déplaît à Vénus, de peur que la corde et la roue ne se meuvent en arrière. Ton père, le Tyrrhénien, n’a pu engendrer en toi une Pénélopé rebelle aux prétendants.
Oh ! bien que ni les dons, ni les prières, ni la pâleur violette de tes amants, ni ton mari épris d’une concubine Piérienne, ne te fléchissent, épargne tes suppliants ;
Sois moins dure que le bois de chêne et moins cruelle que les serpents Maures ! Je ne souffrirai pas toujours d’être couché sur ton seuil et sous l’eau du ciel.