Odes (Horace, Leconte de Lisle)/II/3

1er siècle av. J.-C.
Traduction Leconte de Lisle, 1873
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Ode III. — À Q. DELLIUS.


Souviens-toi de garder une âme égale dans l’adversité, et de te préserver, dans la bonne fortune, d’une insolente joie ; car tu dois mourir, Dellius,

Soit que tu aies toujours vécu dans la tristesse, soit que, les jours de fête, couché sur l’herbe, à l’écart, tu te sois réjoui d’un Falernum d’ancienne date.

Là où ce grand pin et ce blanc peuplier aiment à marier l’ombre hospitalière de leurs rameaux, et où cette source fuit et murmure en luttant contre son bord oblique,

Ordonne d’apporter les vins, les parfums, les fleurs éphémères des frais rosiers, tandis que ta richesse et ton âge, et les noirs fils des trois Sœurs le permettent encore.

Tu seras privé de ces bois achetés, de cette demeure, de cette villa que baigne le Tibéris jaune ; tu en seras privé, et un héritier s’emparera de ces biens longtemps accrus.

Riche, issu de l’antique Inachus, ou pauvre et de race infime, qu’importe de tarder au jour, puisque tu mourras, victime de l’inexorable Orcus !

Nous sommes tous poussés au même lieu ; plus tôt ou plus tard, notre destinée sortant de l’urne où elle est agitée, nous infligera l’exil éternel de la Barque.