Odes (Horace, Leconte de Lisle)/II/12

1er siècle av. J.-C.
Traduction Leconte de Lisle, 1873
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Ode XII. — À MÆCENAS.


N’ordonne pas que je chante, sur ma cithare aux modes amollis, les longues guerres de la farouche Numantia, et le rude Hannibal et la mer Siculienne rougie du sang Pœnique ;

Les terribles Lapithes, l’ivresse d’Hylæus, ou les enfants de la Terre domptés par la main Herculéenne, eux qui ébranlèrent l’éclatante demeure de l’antique Saturnus.

Tu diras mieux, Mæcenas, dans tes histoires pédestres, les combats de Cæsar, et, le long de nos voies, les cous domptés des Rois qui nous menaçaient.

Pour moi, ma Muse veut que je dise les doux chants de ta maîtresse Licymnia, ses yeux étincelants et son cœur fidèle à l’amour qu’elle inspire

Il lui sied de mêler ses pas aux chœurs, de lutter d’enjouement, et d’enlacer ses bras à ceux des belles vierges dans le jour consacré à Diana !

Certes, tu ne donnerais pas un cheveu de Licymnia pour les biens que posséda le riche Achæmenès, pour les trésors Mygdoniens de la grasse Phrygia, ou pour ceux dont les demeures des Arabes sont emplies,

Quand elle dérobe son cou à tes baisers brûlants, ou quand elle refuse par une feinte rigueur ce qu’elle aimerait à se laisser ravir, ou ce qu’elle veut ravir la première.