Odes (Horace, Leconte de Lisle)/I/17

1er siècle av. J.-C.
Traduction Leconte de Lisle, 1873
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Ode XVII. — À TYNDARIS.


Souvent, l’agile Faunus change l’aimable Lucrétilé pour le Lycæus, et il garde mes chèvres de l’été brûlant et des vents pluvieux.

Impunément, dans le bois tutélaire, les épouses du bouc odorant cherchent çà et là les arbousiers cachés et le thym ; et les chevreaux ne craignent ni les vertes couleuvres,

Ni les loups de Mars, dès que les vallées et les rochers polis d’où se penche Ustica ont résonné, Tyndaris, des sons de la douce flûte.

Les Dieux me protègent ; ma piété et ma muse sont aimées des Dieux. Ici l’Abondance te versera pleinement, de sa corne bienveillante, les richesses de la campagne.

Ici, dans le réduit de la vallée, tu éviteras l’ardeur de la Canicule, et tu diras, sur la lyre Téienne, ce qu’ont souffert, pour un seul, Pénélope et l’éclatante Circé.

Ici tu boiras, à l’ombre, des coupes d’un innocent vin Lesbien ; le Séméléien Thyoneus ne combattra point Mars ; et tu ne craindras point.

La colère du jaloux Cyrus qui, malgré ta faiblesse, porte sur toi ses mains injurieuses, arrache la couronne qui presse tes cheveux et déchire ta robe innocente.