Nouveaux contes berbères (Basset)/98

Ernest Leroux, éditeur (Collection de contes et de chansons populaires, XXIIIp. 81-82).

98

Le païen, le musulman et l’oiseau mirir (179).
(Chaouia de l’Aourâs).

Un homme issu de Nara se promenait dans la montagne, il trouva une chrétienne et ses sept frères. Elle lui demanda : » Qu’est-ce qui t’amène ? — Je suis en train de chasser. — Si mon père te trouve il t’égorgera. — Que ferai-je, demanda-t-il ? — Cache-toi, et quand il viendra, saisis lui le sein. »

Il se cacha. Quand le père arriva, il s’écria ; « Il y a dans la caverne une odeur de musulman. — Non, dit sa fille, il n’y en a pas. — Il y en a, reprit-il. » Le musulman sortit et lui saisit le sein. « Reste, dit le païen, tu seras mon fils. » Il ajouta : « Quel est ton métier ? — La chasse. — Bien, instruis mes enfants. — Volontiers. » Il fabriqua des filets au nombre de huit, un pour chaque enfant. Ceux-ci allèrent dans la montagne et firent des tas de pierres pour servir d’abri aux perdrix.

L’homme de Nara partit aussi à la chasse, il surprit le premier des enfants et le tua. De même pour les autres. Restait le père qui demanda : « Où sont les enfants ? — Ils sont partis, dit le musulman » qui sauta sur lui et le renversa. L’oiseau appelé mirir arriva et le frappa aux yeux. Le chrétien, troublé, se laissa égorger avec un couteau par l’homme de Nara. Celui-ci alla ensuite à la caverne où il trouva la chrétienne et lui dit : « Suis-moi. — Pourquoi ? — J’ai tué tes frères et ton père. » Il l’emmena, l’épousa et eut d’elle Daba et Ou-Nara (180).