Nouveaux contes berbères (Basset)/83

Ernest Leroux, éditeur (Collection de contes et de chansons populaires, XXIIIp. 43-44).

83

Le lion, le chacal et le mulet (157).
(Oued Righ).

Le lion, le chacal et le mulet étaient en route : ils furent en proie à la fatigue, à la faim et à la soif. Le lion dit à ses compagnons : « Nous allons tirer au sort entre nous : celui sur lequel le sort tombera, nous le mangerons. » Ils répondirent : « Volontiers, nous acceptons. Ils tirèrent au sort et il tomba sur le mulet. Celui-ci leur dit : « Laissez-moi, ne me mangez pas avant que je vous aie fait connaître un dépôt, que je ne meure pas auparavant. Le nom de l’endroit où est ce dépôt est écrit sous mon sabot de derrière. » Le chacal lui dit ; « Lève le pied pour que je lise. » Il le leva. Le chacal s’approcha et ne put lire : Le mulet reprit : « Approche-toi pour voir les lettres. — Je n’approcherai pas, dit le chacal, je lis de loin, mais pas de près, telle est ma nature. Mon père m’a appris à lire ainsi. » Le lion lui dit : Lève-toi, tu ne peux pas lire ; la lecture n’est possible qu’aux fils des lions. — Approche-toi, chef, répliqua le chacal. » Il s’approcha. « Lève mon pied, dit le mulet. » Il le levai et se tint tout près. Quand il eut placé son front près du sabot, le mulet le frappa si fort que le sabot lui entra dans le front. Il mourut et le chacal s’enfuit.