Nouveaux contes berbères (Basset)/82
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La jarre de graisse (155).
(Ouargla).
Le hérisson et le chacal partirent ensemble : le premier trouva la route longue, car il avait mangé la datte et le morceau de foie. Il dit au chacal : « Mon frère, la marche me semble longue, car voici que j’ai soif. » L’autre lui répondit : « Je suis habitué à faire ce chemin plus d’une fois ; aujourd’hui, je suivrai cette route jusqu’à ce que je trouve un homme qui a mis en réserve une jarre de graisse : nous la boirons, mais la jarre est loin. »
Ils se remirent en route et marchèrent jusqu’à ce qu’ils y arrivèrent. Le chacal allongea la tête et but : mais le hérisson ne put en faire autant parce qu’il était trop petit. Il dit à son compagnon : « Mon frère, fais-moi descendre dans la jarre, — Bois seul, répliqua l’autre, tu as mangé seul le foie, tu boiras seul. » Le hérisson sauta dans la jarre et se mit à boire. Puis il dit au chacal : « Fais-moi remonter. — Non. — Fais-moi remonter, tu es mon ami. — En effet, je suis ton ami, mais il n’y a pas eu de bons rapports entre nous. Reste là jusqu’à ce que vienne le maître de la jarre : il te fera remonter quand il te trouvera. — Emmène-moi, reprit le hérisson. — Reste là, adieu. — Chacal, j’ai à te recommander un dépôt que j’ai mis en réserve dans un endroit : prends-le, il te servira, » Dès que le chacal entendit parler de dépôt, il revint vers son ami. « Allonge la tête, dit celui-ci, pour que je te parle sans que personne ne m’entende. « Le chacal allongea la tête tout près de la jarre. Dès que le hérisson l’atteignit, il la mordit, s’y accrocha et sauta au loin. Puis il dit au chacal : « À quoi t’ont servi tes cent ruses ? La seule que j’avais les a surpassées » (156).