Notice historique et statistique sur Douy-La-Ramée et La Marre/Chapitre 2

et Auguste Béguin
Imprimerie Destouches (p. 11-27).


CHAPITRE II
LA SEIGNEURIE ET LES FIEFS
§ 1er. — LA SEIGNEURIE


Douy-la-Ramée renfermait plusieurs fiefs : le principal jouissant de la haute, moyenne et basse justice, avait son siège dans un château situé au milieu du village de Douy ; il constituait la seigneurie de la paroisse[1]. Parmi les familles qui l’ont possédée figure au premier rang l’illustre et très-ancienne maison de Chatillon-sur-Marne, unie plusieurs fois au sang royal et qui appartient à l’histoire générale. Parmi les autres familles, il en est une qui est hors de pair, la famille de Meaux, alliée à la famille de Chatillon, par les liens du sang. Suivant M. de la Morinerie et M. de Fourmont (L’Ouest aux Croisades), qui s’appuient sur l’inventaire de pièces produites en 1700, devant l’intendant de la généralité de Paris, la maison de Meaux serait issue d’Ogier le Roux, comte de Bourgogne au Ve siècle, dont le petit-fils Agneric fut comte de Meaux en 590, par suite de son mariage avec Léodegonde, fille du comte de Meaux, prince du sang mérovingien[2]. C’est à cette maison que se rattacheraient Saint-Walbert, Saint-Cognoald, Saint-Faron, Saint-Authaire, Saint-Ouen, Sainte-Fare, Acto, trésorier des finances sous Dagobert et fondateur du monastère de Jouarre, Anscheric, évêque de Paris et chancelier de France sous Charles-le-Chauve, et de nombreux prieurs, abbés et abbesses. Ce qui est certain, c’est que Giffard de Meaux accompagna Saint-Louis dans sa première croisade (1248) et qu’il eut l’honneur d’être chargé par le roi de rapporter en France la couronne d’épines du Sauveur, cédée à Louis IX par Baudoin II, empereur de Constantinople, pour laquelle Saint-Louis fit construire l’admirable bijou d’architecture appelé la Sainte-Chapelle à Paris. Pour perpétuer ce glorieux souvenir, Giffard abandonna les armoiries de sa famille qui étaient de sable à une jumelle d’argent, et, avec l’agrément du roi, il leur substitua celles-ci : D’argent à cinq couronnes d’épines de sable posées 2, 2 et 1[3].

C’est encore un membre de la famille de Meaux, noble homme Guillaume de Meaux, seigneur de Marly en partie, qui en 1543, lors de l’appel que François Ier fit du ban et de l’arrière-ban (lettres patentes, signées à Châteaudun, le 23 mai 1545), fut capitaine du ban et de l’arrière-ban de la prévôté et vicomté de Paris.

Nous rencontrons la famille de Meaux établie à Douy, au commencement du XVe siècle[4]. Elle était, en 1410, représentée par Charles de Meaux, en 1433 par Pierre de Meaux qui existait encore en 1477. À cette époque prenaient aussi le titre de seigneurs de Douy, Poland de Calleville, chambellan du roi, Pierre de Clerc et Catherine de Douy, sa femme, qui, le 7 août 1408, vendirent leur terre et seigneurie à Jean de Douy, avec manoir seigneurial près l’église, et justice, haute, moyenne et basse. Jean de Douy réunit à cette acquisition ce qui appartenait à Regnaud de Douy (8 août 1408). Après Jean de Douy, ce qu’il possédait passa à Jean Billouard par partage avec Pierrette et Marie de Douy, filles de Jean (1422, 12 juillet).

Ces possessions relevaient des héritiers de Robert de Chatillon « à cause de sa terre de Douy ».

Pierre de Meaux parait avoir succédé aux Chatillon[5]. Il eut lui même pour successeur Charles, un de ses fils, qui, en 1493, transigeait au sujet de la succession de son père avec le comte de Dammartin et avec Isabeau de Meaux, sa sœur, femme de Jacques de Thumery. Il fit d’assez nombreuses acquisitions qui augmentèrent l’importance de sa seigneurie, et d’autre part il consentit quelques baux à cens au profit de manants et habitants de son domaine à la charge notamment de planter en vigne les terres qui en faisaient l’objet. Il eut pour fils entre autres Claude, Louis et Jean. Ce fut Claude de Meaux qui, en 1339, comparut au procès-verbal de la rédaction de la coutume des bailliage et duché de Valois. Il était aussi seigneur du Grand Corbain, près Lagny, du chef de Nicole de Boubers, sa femme, et il s’était conjointement avec son frère Jean en 1533 (11 mai, Robert Gonton, clerc-juré substitut à Puisieux), rendu cessionnaire de tous les droits de leur frère Louis, dans la seigneurie de Douy.

Après le décès de Claude (partage du 5 août 1554, devant Coulon, notaire à Lagny), la terre seigneuriale de Douy-la-Ramée échut à Louis de Meaux, son fils aîné. Celui-ci avait embrassé la Réforme et suivi le parti de Condé. En 1562 (24 juin), il fut élu par les réformés de Meaux, chef de la ville, en même temps qu’un nommé Pierre Parcalus, surnommé le Diable, parce que dans un mystère de la Passion il avait joué le rôle du Diable, était élu chef du Marché. La ville de Meaux était alors livrée aux luttes souvent sanglantes des catholiques et des réformés. Le lendemain de l’élection des deux chefs, dit Toussaint du Plessis « les huguenots conduits par Parcalus marchèrent droit sur l’église cathédrale où ils renversèrent les autels, brisèrent les croix et images, mirent en pièces la ceinture du chœur qui était d’albâtre et où étaient représentés en relief de trois pieds de hauteur les actes des apôtres et le martyre de Saint-Etienne, foulèrent aux pieds les reliques des saints et firent un dégât inexprimable. Les ornements de l’église ne furent pas épargnés ; on les mit au pillage comme dans une ville de guerre et chacun eut part au butin ; l’argenterie toutefois fut mise de côté et envoyée au roi. Le dommage qu’ils causèrent fut estimé, au mois de décembre suivant, à plus de 300, 000 livres. » Il n’entre pas dans le cadre de ce travail de faire le récit des troubles de cette époque et nous nous hâtons de rejoindre Louis de Meaux, qui du moins fut étranger à ces dévastations. Au mois de septembre 1567, il coopérait avec l’archevêque d’Arles, seigneur de Lizy, abbé de Lagny, au coup de main tenté inutilement par le prince de Condé pour s’emparer du roi Charles IX qui était venu passer quelques jours au château de Montceaux. Peu après, Louis de Meaux, qui commandait une troupe d’hommes à pied prenait quelque repos au Plessis-Placy. Les catholiques de Meaux, en étant informés, fondirent sur ce village, firent prisonnier le capitaine et l’amenèrent à Meaux. Son procès fut instruit avec la rapidité habituelle à cette époque et le jour même (10 novembre), ce descendant du compagnon de Saint-Louis, infidèle à la religion de ses pères, fut décapité devant le parvis de la cathédrale ; sa tête fut placée au bout d’une pique et exposée au dessus de la porte Saint-Nicolas : telles étaient les mœurs.

La famille de Meaux fournit une autre victime aux dissensions religieuses de ce temps : en 1580, Scipion de Meaux, fils de Louis non moins ardent huguenot que son père dont il avait à cœur de venger la mort, levait et enrôlait des soldats, soit pour les conduire au secours de Fère menacé par les ligueurs, soit, suivant Toussaint Duplessis, pour s’emparer de la ville de Meaux ; pris les armes à la main, « il fut, ajoute cet historien, décapité le 22 juin 1580, » devant l’église cathédrale, au même lieu et du même glaive dont » on s’était servi pour son père. »

Louis et Scipion de Meaux ont cruellement souffert d’avoir renié la religion catholique que leurs ancêtres avaient défendue de leur épée. Ils ne furent pas d’ailleurs les seuls de leur maison qui subirent l’influence des idées nouvelles ; un de leurs cousins, Abel de Meaux, seigneur de Charny et de Quincy, se fit aussi huguenot. Témoignage frappant du trouble que les idées religieuses jetaient dans les esprits, il passait dans le camp ennemi de celui où servait un de ses fils, Jacques, reçu chevalier de Malte en 1555, et par contre nous allons voir Josias de Meaux, arrière-petit-fils de Louis et petit-neveu de Scipion, entrer dans l’ordre de Malte sous les auspices d’un autre de ses parents, Guillaume de Meaux Bois-Boudran, grand prieur de France[6].

A Louis de Meaux succédèrent dans la seigneurie de Douy-la-Ramée, Jean, un des neuf enfants issus de son mariage avec Andrée Le Vicomte ; lequel, lui-même épousa en 1579, Perrette de Campremy ; puis Antoine, fils de Jean, qui épousa en 1609 Lucrèce de Brossard[7]

Un des fils d’Antoine ayant, en 1637, à l’âge de 16 ans, sollicité son admission dans l’ordre des Chevaliers hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem, ordre de Malte, dut faire ses preuves, c’est-à dire établir par témoins et par documents certains, que depuis quatre générations au moins, ses ancêtres paternels et maternels avaient vécu noblement, sans aucune dérogeance, que lui-même était de naissance légitime, de bonnes vie et mœurs, et de la religion catholique, apostolique et romaine.

L’enquête sur ces faits eut lieu en vertu d’une commission émanée de Monseigneur Guillaume de Meaux Bois-Boudran, grand prieur de France, parent du récipiendaire, devant deux commandeurs délégués à cet effet, en l’hôtel de Douy « maison de l’origine de la famille de l’impétrant. »

Les témoins furent : Messire de Conac, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, capitaine d’une compagnie de chevau-légers, seigneur d’Acy-en-Multien ; Robert de Paris, seigneur de Boissy, et d’Ormoy-le-Davien, écuyer de la petite écurie du roi ; Pierre de Billy, seigneur d’Antilly et Cuvergnon ; Christophe de Paris, seigneur de Mondrival, demeurant à Etrépilly ; Charles de Garges, demeurant à Nanteuil-le-Haudouin.

Les commissaires, après avoir reçu la preuve de la filiation noble de Josias jusqu’à Charles de Meaux, son quadrisaïeul, constatèrent que l’église de Douy portait les armes des de Meaux, au dehors, et au dedans à la vitre derrière le grand autel, à la voûte au-dessus du maître-autel, à la voûte de la chapelle Notre-Dame, à la vitre derrière la chapelle avec les armes des Campremy à gauche, à une vitre du côté gauche de la chapelle avec les armes des Le Vicomte au-dessous (losangé d’or et de gueules, l’or chargé d’hermine de sable)

Ils constatèrent aussi que les armes des de Meaux étaient gravées sur la maison seigneuriale.

Poursuivant leurs investigations, ils visitèrent l’église Saint-Pierre de Brégy où ils trouvèrent les armes et les tombeaux de plusieurs membres des familles de Brossard et de La Fontaine dont descendait la mère de l’impétrant, l’église du Mesnil-Aubry renfermant la tombe de Louis de Saint-Simon, écuyer, seigneur de la Motte d’Esclemont et du Mesnil en partie, fils de Claude de Rouvroy dit de Saint-Simon dont elle descendait également ; ils se rendirent encore au Plessier la Pommeraye où ils trouvèrent, au-dessus de la porte d’une vieille chapelle ruinée, les armes des de Vachault, ancêtres de la même dame ; à Creil, en l’église Saint-Médard où ils trouvèrent quatre tombeaux de la même famille, de père en fils ; et enfin en l’église de Bussy-Saint-Georges, renfermant les tombes, gravées de leurs armes, des membres de la famille de Rovilliers dont elle descendait aussi.

On voit que ces enquêtes se faisaient sévèrement et que les chevaliers de Malte ne couraient pas le danger de se mésallier.

Antoine de Meaux mourut en septembre 1662 à l’âge de 78 ans et fut inhumé le 11 de ce mois en l’église de Douy. Il laissait trois fils : Jacques, François et Denis de Meaux, trois filles : Anne, Catherine et Gabrielle, et les enfants d’un fils aîné prédécédé nommé Anne, qui avait épousé Philippe de Garges, fille de Pierre de Garges, seigneur de Villers-Emmi-les-Champs, Ormoy, Villeneuve, Auger, etc. Denis, Catherine et Gabrielle renoncèrent à la succession de leur père (1663). En 1670 (28 avril, Gigault, notaire à Paris) Jacques de Meaux, seigneur de Douy-la-Ramée, Denis, capitaine au régiment de Noirmoutier, Anne, Catherine et Gabrielle de Meaux, celle-ci femme de Gilbert de Pailleron, vendirent, moyennant 31,000 livres, à Jean-Baptiste de Meaux, leur cousin, seigneur de Vallière, les droits leur appartenant dans la terre et seigneurie de Douy-la-Ramée, y compris le moulin banal, et le 30 novembre 1674 François de Meaux vendit lui-même ses droits à son cousin[8].

Le surplus de la terre de Douy-la-Ramée appartenait aux enfants de René de Meaux, seigneur de Courtry, et de Marie Lemesle ; Nicolas, Louis, René-Armand, Geneviève, Marie et Françoise de Meaux qui étaient au nombre de ces enfants en faisaient foi et hommage le 26 mai 1680 à Jean-Baptiste de Meaux, leur parent, et aussi, pour ce qui le concernait au baron de Passy en Valois, auquel ils fournissaient un dénombrement de leur fief comprenant terres, vignes, bois, droit exclusif de pêche en la rivière, cens, surcens, les douze cinquantièmes du moulin banal, justice, haute, moyenne et basse, maire, procureur, greffier, sergent, avec droit de justice sur l’église, le presbytère, le puits commun, la grange dîmeresse, la chapelle de la Ramée et le cimetière de Douy (6 juin 1680). (Archives nationales Q1 1419)[9].

Ces mêmes enfants de René de Meaux et de Marie Lemesle possédaient alors le fief de Lévi, situé à La Ramée que Geoffroy Lemesle, sieur de Roquinière, leur oncle, leur avait légué par son testament du 30 juillet 1637 avec substitution au profit de leurs enfants et stipulation qu’à défaut d’enfants l’objet du legs reviendrait aux filles de la Madeleine établies devant le Temple à Paris[10].

En 1682 (12 août), la partie principale de la seigneurie de Douy-la-Ramée passa à un étranger : une sentence de la chambre du trésor à Paris adjugea sur Jean-Baptiste de Meaux ce qu’il en possédait, à « noble et scientifique personne » Messire François Joisel, docteur en théologie, qui fut doyen de la maison et société de Sorbonne.

Aussitôt s’engagea entre ce nouveau seigneur et les enfants de René de Meaux une lutte de prétentions contradictoires. En 1683, Joisel voulant planter un poteau avec carcan, les héritiers de Meaux s’y opposèrent, et Joisel, après avoir fait attester par les habitants qu’ils avaient toujours vu ce sinistre appareil placé dans le carrefour des Ormes, dut se pourvoir de lettres de la grande chancellerie pour arriver à son but (5 juin 1685).

D’un autre côté, Nicolas de Meaux et ses frères et sœurs se faisaient, par sentence du juge de Douy, confirmée au bailliage de La Ferté-Milon (1685), maintenir en possession de la justice haute, moyenne et basse de Douy, avec droit de faire apposer leurs armes sur le poteau de justice et d’élever ce poteau en tel endroit que bon leur semblerait autre que celui choisi par Joisel.

Celui-ci ayant été autorisé à établir le papier terrier de la terre et seigneurie de Douy-la-Ramée (25 octobre 1687), René-Armand de Meaux obtint du parlement, en qualité de capitaine au régiment d’infanterie de la marine, arrêt de surséance à la confection de ce terrier, tandis que Nicolas de Meaux, son frère, réclamait la même surséance, comme compris dans l’appel du ban et de l’arrière-ban.

Ces débats témoignent de l’importance qui s’attachait à la conservation des droits seigneuriaux et peut-être aussi du regret qu’éprouvait la famille de Meaux de voir un étranger établi dans une terre qui lui avait appartenu durant plus de trois siècles.

René-Armand de Meaux, qui était chevalier de Saint-Louis, mourut en 1722 après avoir survécu à ses frères Louis et Nicolas ; en 1723 Messire Louis Poulet, sieur de Sally, héritier des propres naissants d’Armand René, en vendit une partie à Pierre de Cornoailles, prieur commendataire du bourg le Prestre, seigneur de La Marre, qui, comme créancier d’Armand-René de Meaux et comme exerçant les droits des filles de la Magdeleine de Paris, devint peu après propriétaire des autres biens d’Armand-René de Meaux sur la paroisse de Douy.

La dépossession de la famille de Meaux était complète[11].

La part que possédait François Joisel dans la terre et seigneurie de Douy-la-Ramée passa lors de son décès à Pierre et Bernard Joisel, puis bientôt à Pierre seul, son neveu, seigneur de Mondrival, prieur du prieuré du Saint-Sépulcre d’Allemagne, près Montgé ; le 20 mai 1733 celui-ci le vendit moyennant 81,000 livres à Claude-Antoine Boucot de Pontevrard qui réunit ainsi entre ses mains la totalité de la terre de Douy-la-Ramée dont il avait acheté le surplus de Pierre de Cornoailles le 24 janvier 1733 ; cette terre comprenait alors avec le fief de Vaucourtois qui y était réuni, justice haute, moyenne et basse, château avec jardins, parc et autres dépendances dans la grande rue de Douy, une ferme près l’église, le moulin banal de la Ramée, 325 arpents de terres labourables, 64 arpents de bois, 20 arpents de pré et les cens, surcens et rentes seigneuriales[12].

Nicolas Boucot de Judainville recueillit la terre et seigneurie de Douy dans la succession de Boucot de Pontevrard, son frère (1745), et la transmit en mourant (1754), pour l’usufruit, à Claude-Catherine Boucot, femme de Nicolas Bunault de Frémont, ancien capitaine de cavalerie, et pour la nue-propriété à Jacques-Olivier Vallée, maître en la Chambre des comptes, et Anne-Jacqueline Lenoir, sa femme.

Au décès de ceux-ci, et en vertu d’une sentence de licitation du Châtelet de Paris du 17 février 1776, elle passa à Charles Ringuier, secrétaire du roi près le parlement de Metz.

À ce moment la terre de Douy-la-Ramée comprenait dans son ensemble, outre le moulin de la Ramée, 542 arpents de terre et pré et environs 80 arpents de bois.

Cette terre et seigneurie relevait pour la presque totalité de la terre et baronnie de Passy-en-Valois, et il en a été à de nombreuses reprises rendu foi et hommage et fourni dénombrement au seigneur de cette dernière terre.

D’un autre côté les fiefs situés sur la paroisse de Douy-la-Ramée relevaient pour la plupart de la seigneurie même de Douy-la-Ramée et les actes de foi et hommage qui leur sont relatifs ne sont pas moins nombreux. On sait que cette formalité devait se renouveler à chaque mutation de fief servant et qu’il était dû au seigneur du fief dominant, si la mutation avait lieu par succession collatérale, le droit de relief, c’est-à-dire une année de revenus, et si elle avait lieu à titre onéreux, le cinquième du prix de la vente, outre le droit, assez modique, du reste, de chambellage[13].

Après la mort de Charles Ringuier la terre de Douy-la-Ramée fut adjugée par sentence du Châtelet de Paris du 21 mai 1785 à Hilaire Rouillé, marquis du Coudray, seigneur du Plessis-au-Bois, Iverny, Cuisy, Forfry et autres lieux, passa en vertu d’arrangements de famille à la succession de Marie d’Abadie, sa femme (1786), et parmi les héritiers de celle-ci à Hilaire Rouillé du Coudray, comte, puis marquis de Boissy, dont nous aurons à parler plus loin (Partage devant Fourcault de Pavant, notaire à Paris, du 4 juillet 1789). Celui-ci la conserva jusqu’à sa mort, arrivée au Plessis-au-Bois, le 28 juin 1840 ; il avait épousé Catherine-Etienne-Claude d’Aligre, qui lui survécut, et il laissa pour héritiers : un fils, Hilaire-Etienne-Octave Rouillé, marquis de Boissy, pair de France, et deux filles, la marquise de Préaulx et la comtesse d’Aubusson.

Cette famille de Rouillé du Coudray ou de Boissy qui a eu et a encore des possessions considérables dans l’Ile-de-France, était originaire de Bretagne et vint à Paris au XVIe siècle. Elle ne fut pas sans illustration. Le premier de ceux que nous avons nommés plus haut, mérita le grade de lieutenant général ; son fils, officier au régiment de Languedoc resta fidèle au roi pendant les Cent Jours et fut nommé pair de France le 17 août 1815. Le fils de celui-ci marquis de Boissy, qui reçut le même titre de pair de France le 7 novembre 1339 et à qui, après la mort de son père, échut la terre de Douy-la-Ramée, se rendit populaire sous la monarchie de juillet, par son éloquence originale, vive, spirituelle, mais souvent intempérante, et dont le bon goût ne ratifiait pas toutes les saillies. Il devint membre du Sénat du second empire en 1853 et apporta dans cette assemblée les mêmes habitudes oratoires. Il avait en 1840 épousé en secondes noces la comtesse Guiccioli que l’amitié de lord Byron a rendue célèbre et mourut en 1866 sans laisser d’héritier mâle.

Il avait dès 1848 vendu sa terre de Douy-la-Ramée à MMe Henriette-Catherine-Josephe Moiner, veuve de M. Jean-Nicolas Arnoux. Au décès de celle-ci (1869) Madame Chauchat, une de ses filles, devint propriétaire de cette terre qu’elle vendit en 1870 à M. et MMe Brazier. Elle appartient aujourd’hui à Madame Brazier et à sa fille adoptive, épouse de M. Poisson, ancien avoué près le tribunal de première instance la Seine.

§ II. — LES FIEFS
A. — Seigneurie de La Marre.

La Seigneurie de La Marre qui a eu au XVIIe siècle et dans partie du XVIIIe une existence propre, indépendante, ne paraît pas s’être constituée avant le XVIe siècle ; en 1504 et 1507 en effet, Charles de Meaux donnait à cens et surcens « quelques arpents de terre et pré lieudit la Marre, se trouvant en sa censive ». Le 13 décembre 1507, Claude de Meaux, son fils, achetait de divers manants de son domaine « une maison manable, grange, étable, cour, jardin, pré, terre labourable, nommés La Marre, contenant 8 arpents environ, avec une fosse à poissons, à la seule charge des cens et rentes dûs à l’acquéreur ». C’étaient, à n’en pas douter, des biens de roture. Puis, le 5 septembre 1602, Perrette de Campremy, femme de Jean de Meaux, vendait à Marguerite Musnier, femme de Pierre Chabouillé, procureur du roi à Meaux « le fief de la Marre », dont il fut fourni, le 10 juillet 1610, aveu et dénombrement au seigneur de Passy, pour ce qui relevait de lui. Il faut en conclure que dans le cours du XVIe siècle, la famille de Meaux avait inféodé cette partie de son domaine et avait créé une seigneurie particulière[14].

Après la mort de Marguerite Musnier, veuve en secondes noces de Germain Leboulleur, un arrêt du parlement de Paris, du 16 juin 1663 ordonna que les biens nobles de sa succession seraient partagés conformément à la Coutume du Valois dans le ressort de laquelle ils étaient situés, et qu’en conséquence Louis-Jean Chabouillé, contrôleur provincial des guerres aux départements du Bourbonnais et du Nivernais, aurait le principal manoir, le lieu seigneurial de la terre de La Marre avec les pourpris et jardins s’entretenant et contigus à l’hôtel, et la moitié dans le surplus des fiefs, et que l’autre moitié de fiefs serait partagée entre lui et sa sœur, Michelle Chabouillé femme de Jean Johanneau, sieur de Laiseau. En vertu de cet arrêt et du partage qui le suivit (23 avril 1664), Jean-Louis Chabouillé devint seigneur de La Marre[15].

Il y réunit le fief dit de Précy situé sur la paroisse de Douy-la-Ramée et mourut en 1691, laissant pour héritière Jeanne Françoise de Florinville, sa petite nièce, qui épousa Pierre de Guelluy, seigneur de Rumigny. Celui-ci fit foi et hommage François Joisel, seigneur de Douy-la-Ramée, pour ce qui relevait de lui et fit consacrer cet acte par sentence de la mairie de Douy-la-Ramée du 19 juin 1699 constatant en même temps le paiement du droit de relief.

Des débats s’étant élevés au sujet du droit de chasse entre François Joisel et Pierre de Guelluy, une sentence de la Table de marbre du Palais à Paris, reconnut au sieur de Rumigny, le droit de chasser sur les fiefs de La Marre, Pacy et Précy en la justice et paroisse de Douy-la-Ramée.

Le sieur de Rumigny habita peu son hôtel seigneurial de La Marre ; le 20 mai 1713, il le donnait à bail avec le domaine entier moyennant 1.000 livres, et le 27 juillet suivant (Laideguives, notaire à Paris), il vendait à Claude, Pierre et Jean-Gabriel de Cornoailles ce même domaine consistant en corps d’hôtel, écurie, grange, étable et remise, colombier à pied, jardin et bois taillis, le tout clos de murs, et en 118 arpents de terre et pré.

Pierre de Cornoailles, devenu seul propriétaire de La Marre de ses annexes, revendit le domaine entier le 24 janvier 1733 (Laideguives, notaire à Paris), moyennant 70.000 livres à Claude-Antoine Boucot de Pontévrard qui, trois mois après, devint seigneur de Douy-la-Ramée, comme on l’a vu plus haut.

Dans cette vente se trouvaient comprises deux pièces de terre sur Brégy, relevant de de Flesselles, marquis de Brégy ; celui-ci usant du droit qu’avait tout seigneur censier, de retirer à lui les terres soumises à sa censive, lorsqu’elles changeaient de mains à titre onéreux, exerça le retrait sur ces deux pièces pour les réunir à sa terre de Brégy[16].

À partir de 1733, la seigneurie de La Marre et celle de Douy-la-Ramée restèrent réunies dans la même main ; la maison seignenriale ou château de La Marre remplaça l’ancien château de Douy et servit de résidence aux seigneurs de la paroisse. Antoine et Nicolas Boucot que nous avons nommés plus haut paraissent avoir fait rebâtir une partie de leur résidence seigneuriale[17]. Le comte de Boissy y fit aussi des travaux de construction en 1794, époque à laquelle il y habitait ; il ne tarda pas toutefois à l’abandonner pour le château du Plessis-au-Bois, près de Claye-Souilly.

Le château de La Marre avait été durant quelques années occupé par Eustache-Joseph de Tournay d’Assignies d’Oisy, ancien mestre de camp, qui en avait l’usufruit et qui y mourut en 1792.

Le second marquis de Boissy vendit le domaine de La Marre avec le moulin de La Ramée, en 1848, à M. Jean-Hubert Fouillaux, cultivateur et meunier en ce lieu.

Au décès de celui-ci, arrivé à Meaux, le 22 novembre 1862, La Marre passa à MMe Caroline Lefèvre, sa veuve, aujourd’hui épouse de M. Béguin qui y a réuni en 1877 le moulin de la Ramée détaché de La Marre en 1863.

M. et Mme Béguin en sont encore propriétaires et y habitent.

B. — Fontaines-les-Nonnes.

Le fief de Fontaines-les-Nonnes, prieuré de l’ordre de Fontevrault, fera l’objet d’une notice particulière que publiera incessamment M. l’abbé Bonno, curé d’Etrépilly. Il n’en est question que pour ordre.

C. — Fief de Sainte-Fare-Oppigny-Nongloire.

De même pour le fief de Sainte-Fare, Oppigny-Nongloire, qui appartenait à l’abbaye de Faremoutiers, nous renvoyons le lecteur à l’histoire de cette abbaye par M. Fontaine de Resbecq.

Nous nous contenterons de dire que cette terre et seigneurie comprenait, outre un vaste corps de ferme, 403 arpents (grande mesure), de terre, prés, bois, etc., plus 57 arpents dont partie avait été précédemment en vigne et était en friches, formant une montagne inculte s’étendant des fourches patibulaires de la seigneurie jusqu’au chemin de Fontaines à Etrépilly ;

Plus le dîmage à la 11e gerbe, appelé dîmage de Nongloire, sur 136 arpents vers Puisieux ;

Le dîmage aussi à la 11e gerbe de 59 arpents sur Etrépilly et de 42 autres arpents vers Manœuvre, appartenant au sieur de Mondrival, à partager avec le chapitre de Meaux ;

Et le dîmage à la 17e hottée des vignes d’Oppigny.

Faremoutiers avait sur toute l’étendue de sa seigneurie droit de haute, moyenne et basse justice, avec fourches patibulaires que des lettres-patentes de François 1er, datées du 10 janvier 1527, avait autorisé à relever. Ce droit de justice était exercé par un maire dont les appels se portaient devant le bailli de Faremoutiers. Le fermier devait tous les ans comparaître aux assises tenues par ce bailli et faire faire à ses frais et dépens tous les procès criminels pour faits commis sur la seigneurie.

La chapelle de Sainte-Fare était située dans la cour de la ferme près la porte à droite en entrant ; elle avait deux travées voûtées et deux fenêtres donnant sur la cour, avec cloche au-dessus, croix de fer et coq d’airain. Le chapelain (le curé de Douy-la-Ramée) devait, d’après une transaction de 1523, y célébrer deux messes par mois ; il lui était versé pour ce service 18 setiers de blé par an. (Archives de Seine-et-Marne, H 448 et 483).

D. — Fief divers.

VAUCOURTOIS. — Le fief de Vaucourtois dont la maison seigneuriale était située dans le village de Douy, comprenait, outre cet hôtel et manoir, 29 arpents de terre et pré et droit de justice dans l’enclos de l’habitation seulement.

Dreux Budé, trésorier garde des chartes du roi, aïeul du célèbre Guillaume Budé, en devint propriétaire en 1447 par la vente que lui en fit la succession de Jean de Chatillon, ainsi que de la moitié d’un petit fief sur Douy appelé de Montmillon, indivis avec Pierre de Meaux, et la moitié du fief de la Ramée aussi indivis avec celui-ci.

Le fief de Vaucourtois appartint plus tard à Jean de Meaux qui, le 3 août 1603, le vendit à Isaac Spifame « pour payer sa rançon ».

LÉVY. — Ce fief comprenait une ferme sise à la Ramée. En 1643, il appartenait à René de Meaux qui en faisait foi et hommage à Antoine de Meaux, seigneur de Douy (acte devant Berge, tabellion à Douy, du 16 mai 1643).

PRÉCY. — Ce fief comprenait seulement quelques arpents de terre, il relevait du seigneur d’Oissery à qui Chabouillé en rendit foi et hommage le 13 mai 1686.

AUTRES. — En 1456, le 10 janvier, Messire de Marle, maître des requêtes, achetait de Jean Billouard, seigneur en partie de Douy, trois fiefs situés en la paroisse de Douy-la-Ramée, relevant de Robert de Chatillon, seigneur de Douy. Ces fiefs dont les noms ne sont pas indiqués comprenaient : le premier une maison et 49 arpents de terre ; le deuxième 16 arpents ; le troisième (provenant de Jean de Douy et précédemment de Regnault de Douy), un grand hôtel et 88 arpents de terre avec justice haute, moyenne et basse, chasse, pêche, etc. Pierre de Meaux alors seigneur de Douy-la-Ramée perçut le droit de quint sur cette acquisition. En 1522 (4 juillet), Pierre de Marle, à qui ces biens étaient échus, en revendit à Gaillard Spifame 80 arpents ayant droit de justice et censive, relevant de Claude de Meaux, comme seigneur de Douy. Ces biens, auxquels Isaac Spifame avait réuni en 1615 le fief de Vaucourtois, appartenaient en 1622 à Messire Nicolas de la Rivière et Magdeleine Spifame, sa femme, et à Messire Jacques de Reignier vicomte d’Aulnay et Marguerile Spifame, sa femme, qui en firent foi et hommage à Antoine de Meaux. Ils passèrent à Georgette de Regnier, fille du vicomte d’Aulnay, épouse de Nicolas de Mesgrigny, baron de Villebertain, seigneur de Douy et Vaucourtois en partie, qui les vendit le 19 mai 1664 à François Joisel, seigneur de Douy[18].

Il est mention aussi d’un fief de Passy et d’un fief de Courtry. Celui-ci était formé des possessions que la branche des de Meaux, établie à Courtry, avait conservées à Douy-la-Ramée.


  1. On rencontre parfois distinctement les titres de seigneur de Douy et de seigneur de la Ramée. La terre de Douy-la-Ramée a été en effet démembrée par suite de partage, mais Douy et la Ramée ont fait habituellement partie de la même seigneurie comme ils faisaient partie de la même paroisse.
    Il existait sur Forfry un fief appelé la petite Ramée qu’il ne faut pas confondre avec la Ramée de Douy.
  2. Janvier, curé de Saint-Thibault de Meaux, mort en 1689, cite « une vieille » chronique écrite à la main il y a plus de 300 ans » et d’après laquelle « Saint-Saintin, premier évêque de Meaux, fut celui qui baptisa le premier comte et gouverneur de Meaux, l’appela de son nom Saintin et le surnomma de Meaux, dont est descendue la noble maison de Meaux », par le mariage de Léodogende avec Agneric.
  3. Revue nobiliaire, tome III, mémoire de M. de la Morinerie qui ajoute : Dans les temps modernes la maison de Meaux a donné un premier président au Parlement de Toulouse au XVe siècle, neuf chevaliers de Malte, dont deux commandeurs, et un grand-prieur de France, Guillaume de Meaux Bois-Boudran, successeur, en 1629, de Guillaume de Vendôme. Il cite comme alliées à cette famille, celles de : Chatillon-sur-Marne, de Beauveau, d’Escoublean de Sourdis, d’Eibène, de Belloy, de Briçonnet, de Brennes-Bombon, de Paris-de-Boissy, de Camp-Remy, etc., etc.
    M. de Fourmont énumère les principales branches de cette famille qui s’était répandue en Brie, Champagne, Picardie, Ile-de-France, Poitou et Saintonge, etc. Citons entre autres, dit-il, les seigneurs de Douy et d’Ussy-sur-Marne, les barons de Royse et de Charny, seigneurs de Coulommiers en Brie, de Quincy et de Mauperthuis, les seigneurs de Violaine et de Fouillonx, les barons de Survilliers, etc. Toutes ces branches aujourd’hui éteintes avaient pour auteur commun Denis de Meaux, vivant au XIVe siècle, marié à Marie de Chatillon, dont le bisaïeul, Gancher, connétable de France, en 1302, s’était allié à Isabelle de Dreux, du sang royal.
    Plusieurs auteurs mentionnent un autre Giffard de Meaux qui s’est distingué à
    la prise de Jérusalem sous Godefroy de Bouillon, et quelques uns font remonter jusqu’à lui l’adoption des armes à cinq couronnes d’épines. Cette opinion est contre dite par les témoignages les plus sérieux, notamment par le rapport adressé au roi, en 1698, par l’intendant de la généralité de Paris.
    Quoi qu’il en soit, les armes primitives des de Meaux figurent au Musée de Versailles, salle des Croisades.
  4. Paraissent avoir été seigneurs de Douy en 1249 Jean de Douy et Isabelle, se femme, qui donnèrent à Fontaines-les-Nonnes deux arpents de bois « près l’Hôtel Dieu », et avant eux Mathieu de Douy, leur oncle.
    En 1251, Jean et Regnaud de Douy, probablement co-seigneurs de la paroisse, affranchissaient, par le seul motif de piété, Riubaud de Hulin, leur homme de corps, lui accordant le pouvoir de prendre l’habit de religion, et celui-ci donnait à Fontaines-les-Nonnes deux arpents de terre, mouvant des dits seigneurs et sur lesquels ils se réservaient coutume, justice, garde, moisson et champart.
    Quant à la famille de Chatillon dont il est mention plus haut, en 1369 Jean de Chatilon, et en 1375, Gaucher de Chatillon, prenaient le titre de seigneur de Douy.
  5. Cette transmission semble s’être effectuée par mariage : Denis de Meaux, nous l’avons vu, avait épousé Marie de Chatillon, et Pierre, un de leurs fils étant devenu veuf de Catherine de Mitoy, dame de Bois-Boudran, se paria en deuxièmes noces à Gérarde Bureau, dame de Douy et de La Ramée, veuve elle même de Robert de Chatillon.
  6. En 1589, fut tué à Neufmontiers dans une escarmouche un gentilhomme appelé le cadet de Douy (Toussaint Duplessis) ; il était du côté des ligueurs ; ce doit être un membre de la famille qui nous occupe.
  7. Contrats de mariages, le premier devant le notaire de Villepreux, du 15 septembre 1546, le deuxième devant Bienvenu, notaire à Meaux, du 27 août 1579, et le troisième devant Louis Frayron, notaire à Brégy, du 14 mai 1609. En 1652, était prieure du couvent de Fontaines-les-Nonnes, Magdeleine de Meaux, fille de Jean de Meaux, sous la tutelle de Louis de Meaux, seigneur de Courtry, son oncle ; elle avait un frère, Emery, et une sœur nommée Marie. Emery avait épousé en premières noces, en 1582, Vandeline de Poupaincourt, dont il eut Louis de Meaux, marquis de Fay ; celui-ci après avoir été reçu chevalier de Malte, en 1612, épousa Jeanne de Santeny, une des dames d’honneur de la reine, fut conseiller d’État, lieutenant général de l’artillerie de France en Normandie, ambassadeur en Angleterre, en 1627. Dévoué à la reine mère et à Richelieu qui lui confia des missions importantes, il est cité avec éloge dans les mémoires et la correspondance du cardinal (M. de Fourmont). De sa seconde femme Madeleine de Vassault, Emery eut Paul de Meaux, seigneur de Violaine, et Charles seigneur de Rudefortaine, auteurs des branches établies en Poitou et en Saintenge.
    Une branche de la maison de Meaux était établie en la seigneurie de Courtry, près Lagny-sur-Marne, par suite du mariage de Jean de Meaux avec Marie de Bruquant, dame de Courtry (deuxième moitié du XVIe siècle) ; le 21 février 1577, Louis de Meaux, leur fils, épousa Louise Hesselin, dame de Gascourt, remariée plus tard à Philippe de Boubers. Louis fut en 1569, tuteur et curateur des enfant de Jean de Meaux, seigneur de Douy. René un de ses fils, comparut à la rédaction de la coutume de Paris, en 1530. La seigneurie de Courtry appartenait en 1599 à René et Abel de Meaux, comme fils et héritiers de Louis de Meaux, dont une fille Françoise était religieuse à Chelles, et une autre fille Louise avait épousé Claude de la Haye, seigneur de Ville-en-Tardenois ; cette seigneurie échut à René et après lui à son fils portant aussi le nom de René, à qui Clément, Louis et Souveraine de Meaux, ses frères et sœur, cédèrent leurs droits (22 décembre 1626). Les seigneurs de Courtry avaient conservé des possessions à Douy-la-Ramée où leur fief prit le nom de fief de Courtry.
  8. Une fille de Anne de Meaux et de Philippe de Garges, Marie Magdeleine, avait fait, en 1655, profession au couvent de Fontaines-les-Nonnes. Le mariage de Gabrielle de Meaux a été célébré le 22 juillet 1660 en l’église de Douy.
  9. La Ramée était devenue la résidence de cette branche. Louis de Meaux et Marie Marin, sa femme, figurent comme parrain et marraine le 16 mars 1657 au registre de la paroisse de Douy. Pierre, frère de Louis, y figure au même titre le 1er février 1658 ; René demeurait à La Ramée en 1664 et y mourut le 30 ou 31 octobre 1672 ; Nicolas de Meaux y faisait sa résidence en 1680 ; Geneviève de Meaux qui avait épousé à Douy le 13 mars 1673 François de Massonges, y demeurait en 1684 et y mourut en décembre 1694.
  10. En novembre 1640, Paul de Meaux avait cédé à René de Meaux ses droits dans l’objet de ce legs, sous la charge de substitution et de réversion indiquée au testament du sieur de la Roquinière.
  11. Elle n’avait pu soutenir son rang et rester dans les armées faute de ressources. En 1689, lors de l’appel du ban et de l’arrière ban, un de ses membres, seigneur du Terrier, comptant 25 ans de service, et offrant de servir encore, invoquait à cet effet comme indispensable le secours du roi.
    Ne quittons pas toutefois cette famille sans jeter un coup d’œil sur son sort ultérieur.
    A la fin du XVII siècle, en exécution d’un édit du roi de 1696, se sont fait enregistrer comme ayant droit de porter les armes aux cinq couronnes d’épines :
    Dans la généralité de Paris : Louis de Meaux, écuyer de Monseigneur le maré
    chal de Tourville et Nicolas de Meaux, écuyer ; — Dans la généralité de La Rochelle : N… de Meaux, seigneur de Fouilloux-en-Allincot, écuyer; — Dans celle de

    Lorraine : Charles de Meaux, chevalier, seigneur de Pont-sur-Seille; — Dans celle de Provence : Etienne de Meaux, bourgeois d’Aix; — Dans celle de Soissons : Sébastien de Meaux, avocat en parlement, prévot d’Hirson, président du grenier à sel de Vervins ; et Pierre de Meauz, soigneur de Villerzy, conseiller du roi en l’élection de Guise.

    On s’étonne de ne pas voir figurer dans la généralité de Paris René Armand de Meaux, mort en 1722 seulement. Quoi qu’il en soit, le nom de la famille de Meaux subsista en la généralité de Paris jusque dans la 2e moitié au moins du XVIIIe siècle. Sur les registres de baptême de Douy figurent comme marraine et parrain en 1108 Catherine et Daniel de Meaux, en 1765 Marie de Meaux.
    Nous ignorons si cette branche non plus que les branches des généralités de La Rochelle, Lorraine et Provence ne se sont pas éteintes.
    A l’égard de la branche que représentaient, en la généralité de Soissons Sébastien et Pierre de Meaux, fils de François de Meaux Bois-Boudran La Ramée, prévôt d’Hirson, qui lui-même était petit-fils de Jean de Meaux et de Jeanne de Ligny, un de ses membres, Pierre Nicolas de Meaux, écuyer, chevalier de Saint-Louis, servait à la fin de l’ancien régime, en qualité de capitaine d’infanterie, sous-brigadier à la Compagnie des gardes de la porte du roi. Il fut sous la Restauration maire de Signy-l’Abbaye, où son grand-père, cousin germain de François-Raoul de Meaux, commissaire aux revues, s’était établi en achetant la terre de Faluel. Il a laissé des descendants qui ont conservé cette terre, et qui continuent à porter honorablement le nom des anciens seigneurs de Douy-la-Ramée.
  12. Le décret rendu sur cette acquisition n’a pas coûté moins de 1,096 l. 3 s. 5 d. (aujourd’hui plus de 3,500 fr.). A cette époque, pour purger les hypothèques, on recourait à la procédure suivante : l’acquéreur souscrivait au profit d’un tiers une obligation fictive avec hypothèque sur son acquisition ; le porteur de l’obligation faisait commandement et saisie, et poursuivait publiquement la revente avec un luxueux appareil de formalités, ce qui mettait les intéressés en demeure de faire connaître leurs droits ; sur cette saisie, le précédent acquéreur se rendait adjudicataire et devenait acquéreur définitif.
  13. Nous donnons à l’appendice la copie littérale d’un acte de foi et hommage rendu le 5 janvier 1657 à Antoine et René de Meaux.
  14. Déclaration de ce fief a été faite le 20 novembre 1602 devant Chrétien, notaire à Meaux, et le 12 janvier 1648 devant Thomas, notaire en la même ville.
  15. Jean-Louis Chabouillé avait épousé Jacqueline Croyez, fille d’un marchand de Lizy.
  16. Le marquis de Brégy était le père de Jacques de Flesselles, dernier prévoit des marchands de Paris, massacré le 14 juillet 1789. La famille de Flesselles possédait Brégy depuis longtemps.
  17. Sur le pavillon au fond de la cour faisant face à la grille d’entrée se trouvent les initiales A. B, ; le pavillon à gauche de la grille d’entrée porte la date de 1746 et on y remarque les initiales N. B. (Antoine et Nicolas Boucot). La lettre J qui se rencontre aussi avec la lettre B indique Boucot de Judainville.
  18. Un sieur Lefèvre d’Amécourt était, lors de la Révolution de 1789, propriétaire de 28 arpents de terre sur Douy. Lefèvre ayant émigré, ces immeubles furent confisqués et vendus au profit de la Nation.