Notice chronologique sur les œuvres d’Arago/8

Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciencesGide ; WeigelXIII : Tables (p. ccxxxv-cclv).

VIII. — Les Mélanges.

Le volume des Mélanges (tome XII des Œuvres) ne se compose pas des écrits de M. Arago qui n’auraient pu trouver place dans les autres parties de ses œuvres ; à la rigueur toutes les pièces que j’y ai insérées auraient pu entrer dans les Mémoires ou dans les Notices scientifiques. Mais il y avait un certain intérêt à présenter sous un aspect particulier le talent et le caractère de l’illustre savant. Après l’astronome profond, le physicien inventeur, le secrétaire perpétuel auteur d’un genre de biographies tout nouveau, le vulgarisateur éloquent des questions de science les plus ardues, il fallait encore montrer l’académicien sévère dans l’accomplissement de ses devoirs comme rapporteur des commissions nombreuses dont il a été appelé à faire partie, le savant apte à aborder, à discuter et à résoudre les questions les plus diverses, l’esprit, le plus ardent et le plus vif à la réplique dans les polémiques ; il fallait enfin faire connaître l’homme ardent à faire triompher la vérité, à protéger les débuts des jeunes hommes montrant des dispositions pour les sciences, à empêcher les découragements, à faire obtenir à tous les justes récompenses de leurs travaux.

Pour atteindre complètement mon but, il eût fallu peut-être publier la correspondance entretenue par l’illustre astronome avec presque tous les savants célèbres qui ont répandu une si grande gloire sur la première partie du xixe siècle. Mais une telle entreprise est trop délicate pour être exécutée d’une manière utile et digne sans attendre que de longues années s’écoutent. Se borner a un très-petit nombre de documents suffisants pour faire connaître et l’homme et l’écrivain, m’a paru être le seul parti convenable à prendre.

Tous les grands hommes ont eu à soutenir des luttes contre leurs contemporains. M. Arago plus que tout autre devait passer par cette phase d’amertume et de trouble. Sa renommée était immense, comme sa popularité. Il portait ombrage à une foule de médiocrités. À une haute position scientifique conquise par de brillantes découvertes et par un labeur assidu, il joignait une influence politique considérable. Il n’en faut pas tant pour exciter des haines et des clameurs. Vers 839, les zoïles s’attroupèrent et voulurent démontrer que l’illustre directeur de l’Observatoire n’avait absolument rien produit d’original, que sa réputation de savant était usurpée. Ils remplirent plusieurs journaux de leurs diatribes. Ils trouvèrent enfin des complices ou des complaisants jusque dans le monde vraiment savant, jusque sur les fauteuils de l’Académie des sciences. La lecture de tous ces pamphlets à plus de vingt ans de distance laisse dans l’esprit l’idée certaine de la profonde confusion que le temps a dû infliger à leurs auteurs.

Cependant l’illustre savant voulut répondre ; la lettre à M. de Humboldt est le cri éloquent de protestation qu’il fit entendre. J’ai inséré cette lettre, publiée en 1840 et sous forme de brochure, en tête du volume des Mélanges, en y ajoutant seulement les deux Notes des pages 4, 5 et 40, qui complètent le texte ; l’une, qui est relative à la mesure de la méridienne, est extraite du compte rendu de la séance de l’Académie des sciences du 30 mars 1840 ; la seconde, qui concerne la découverte de mon vénéré maître sur la polarisation de la lumière des corps incandescents, est un passage de l’éloge de William Herschel prononcé en 1824 par Fourier.

La Note sur M. le baron de Zach et sa correspondance astronomique est une réponse à une série d’attaques que M. de Zach écrivait à Gênes contre tous les astronomes, mais principalement contre les astronomes français : Laplace, Delambre, Bouguer et d’autres savants moins illustres n’étaient pas épargnés ; chose triste à dire, ces diatribes ne restaient pas sans écho. M. Arago en fit justice en 1821, dans deux articles des Annales de chimie et de physique, que j’ai reproduits simplement à la suite l’un de l’autre.

Appelé souvent à composer des biographies, à rechercher les véritables auteurs de grandes découvertes ou de faits d’un ordre secondaire, à mettre les inventeurs à leur rang, à lutter contre des prétentions injustes d’amour-propre individuel ou national, l’illustre secrétaire perpétuel de l’Académie chercha quelles devaient être les règles de conduite d’un historien des sciences. Il posa quelques principes à cet égard dans une note de la Notice de 1842 sur Herschel, à propos de la part à faire à Galilée dans l’étude des taches solaires. Plus tard, dans le sein de l’Académie, il a blâmé l’abus que l’on fait des paquets cacheta et la portée trop grande qu’on serait tenté de leur attribuer dans les questions d’antériorité. La publicité, surtout par voie d’impression, lui semblait le meilleur moyen de prendre date d’une manière certaine.

Les cinq pages sur la prise de possession des découvertes scientifiques que contient le volume des Mélanges, réunissent toutes les opinions de l’illustre auteur sur cette matière délicate ; il les a relues et corrigées en 1852.

La Note sur les chronomètres et les pendules rappelle la part importante qui revient aux horlogers français dans l’invention de tous les instruments employés à la mesure du temps ; elle se compose de deux parties, publiées : l’une, en 1819, dans les Annales de chimie et de physique ; l’autre, en 1824, dans l’Annuaire du Bureau des Longitudes ; elles rendent particulièrement justice à la perfection des appareils construits par M. Breguet.

Les sept Rapports insérés ensuite sont relatifs à des questions de géodésie ou à des instruments de physique ; ils ont été faits à l’Académie en 1810, 1816, 1818, 1821, 1828 et 1839 ; à l’exception de celui sur le baromètre de Bunten, ils étaient restés inédits.

La courte Notice sur les hygromètres se compose de trois parties.

La première partie a été écrite en 1818 ; l’illustre savant, voulant faire rendre à Leroy l’honneur de l’invention de l’hygromètre par précipitation que, dans un article de la Bibliothèque universelle de Genève, on avait attribuée à Dalton, écrivit une lettre dans les Annales de chimie et de physique, qu’il signa un abonné.

La seconde partie de la Notice a été écrite en 1841, après la mort de Savary, pour faire connaître l’application que ce physicien avait faite d’un thermomètre métallique très-sensible à l’hygromètre par précipitation.

La troisième partie est le résumé resté jusqu’alors inédit des observations hygrométriques faites, pendant quinze ans (1816 à 1830), à l’Observatoire de Paris sous la direction de M. Arago.

Les huit Rapports qui suivent ont été lus à l’Académie en 1811, 1812, 1813, 1816, 1818, 1821, 1822 et 1826 ; tous ils étaient restés inédits ; le principal est relatif aux aréomètres pèse-liqueurs ; il donne des détails intéressants sur l’alcoomètre de M. Gay-Lussac.

J’ai placé les uns à la suite des autres trois extraits des Comptes rendus de l’Académie des sciences pour 1843 et 1844, sur le galactoscope de M. Donné, en rappelant les circonstances dans lesquelles M. Arago a cru devoir faire la critique de cet instrument.

La Note sur l’emploi de la gélatine dans un hôpital de Metz expose une observation faite par l’illustre physicien. II a cru devoir publier cette observation en 1838 dans les Comptes rendus de l’Académie, malgré l’opposition qu’y faisaient plusieurs membres de la savante société, parce qu’il a toujours pensé qu’on avait été trop loin en combattant les opinions de M. d’Arcet sur les propriétés alimentaires de la gélatine, quelque exagérées qu’elles fussent d’ailleurs en ce qui concerne l’usage exclusif de cette substance.

Les Notes sur la formation des dolomies (1835), sur une grosse masse de cuivre natif de dimensions extraordinaires (1836), sur une incrustation calcaire d’apparence nacrée (même année), sur la formation de l’île Julia (1837), sur les cartes de l’île de Ténériffe de M. Léopold de Buch et de MM. Webb et Berthelot (même année), ont été simplement extraites des Comptes rendus de l’Académie des sciences.

La Note sur le dégagement du grisou est le résumé de deux communications faites en 1836 à l’Académie ; elle a eu principalement pour but de signaler aux propriétaires de mines l’observation des relations qui, selon quelques ingénieurs, pourraient exister entre les fluctuations de la pression atmosphérique et le plus ou moins de facilité de l’écoulement du gaz des houillères.

Les deux Notes sur sir Humphry Davy (1817) et sur M. Melloni (1837) montrent toute la sollicitude de M. Arago pour faire rendre justice aux savants qui, à l’étranger, s’étaient illustrés par des découvertes.

J’eusse dû rapprocher des nombreuses observations relatives à la température de l’intérieur de la Terre et des sources thermales que rapporte la Notice sur les puits forés (tome III des Notices scientifiques, tome VI des Œuvres, pages 316 à 399) le rapport fait par M. Arago, en 1835, sur un Mémoire de M. Legrand, démontrant la presque invariabilité des températures des sources thermales des Pyrénées. J’ai réparé ma faute, en insérant ce Rapport dans les Mélanges.

M. Arago a publié en 1825 dans l’Annuaire du Bureau des Longitudes une table des pressions et des températures auxquelles diverses substances gazeuses se liquéfient, et, en 1835, dans les Comptes rendus de l’Académie, une autre table sur les dilatations des corps solides ; j’ai reproduit ces deux tables avec les remarques qui les accompagnaient.

En 1838, après la mort de M. Dulong, M. Arago s’occupa de la publication des travaux que cet habile physicien avait pu laisser inédits. La Note que j’ai publiée sur ce sujet est la réunion de deux communications faites à l’Académie des sciences dans le but de faire connaître diverses lois dont son illustre ami avait enrichi la science sur les chaleurs spécifiques des gaz et sur les quantités de chaleur dégagées dans les combinaisons chimiques.

La Note sur la relation qui existe entre le degré d’ébullition de l’eau et la pression que supporte le liquide était restée inédite ; je l’ai extraite d’un registre d’observations où M. Arago l’avait consignée après la lecture qu’il venait de faire des Mémoires de l’Académie de Berlin pour 1782.

Les Notes sur le pont suspendu de Fribourg (1835), sur la préservation des métaux (1836), sur l’explosion qui a eu lieu en 1794 à la poudrière de Grenelle (1839), sont extraites des Comptes rendus de l’Académie des sciences.

La Note sur les éboulements qui se sont produits en 1818 dans le département de la Meurthe avait été insérée dans les Annales de chimie et de physique ; elle montre comment des terrains considérables placés sur des bancs argileux inclinés peuvent glisser à la suite de pluies abondantes. Depuis cette époque beaucoup de faits semblables ont été observés.

De 1817 à 1830, M. Arago a publié chaque année, dans les Annales de chimie et de physique, des catalogues des éruptions volcaniques et de tous les tremblements de terre sur lesquels il parvenait à obtenir des renseignements positifs. Plus tard, il prit soin que les Comptes rendus de l’Académie des sciences continssent sur ce sujet tous les renseignements utiles. J’ai été chargé de réunir tous ces recensements partiels en les complétant par des notes inédites qu’il me remit ; j’ai relu l’ensemble de mon travail à mon vénéré maître en 1852 ; il a alors dicté quelques lignes d’introduction et une conclusion approbative des recherches de M. Alexis Perrey sur la relation qui peut exister entre la fréquence des tremblements de terre et les positions de la Lune, tant dans son orbite que dans les méridiens terrestres des lieux où les phénomènes volcaniques se manifestent.

La Note sur les observations météorologiques publiées dans la Bibliothèque universelle de Genève a paru en 1818 dans les Annales de chimie et de physique ; elle répond vivement à des attaques de la Revue genevoise contre plusieurs savants français et discute d’une manière intéressante le plan sur lequel les observations barométriques doivent être établies.

Les vents qui règnent dans l’atmosphère terrestre en agitent le plus souvent le fond d’une manière utile à tous les êtres qui habitent la surface de notre planète, et surtout d’une façon profitable à l’homme ; mais malheureusement aussi, dans trop de circonstances inopinées, ils agissent avec une désolante violence. L’étude d’une question aussi importante ne pouvait pas ne pas être l’objet des méditations d’un savant qui comme on l’a vu, s’était adonné aux observations météorologiques avec tant de dévouement et de sagacité. J’ai groupé, sous le titre commun : vents, ouragans et trombes, tous les écrits que mon vénéré maître a composés pour expliquer les causes et les effets de phénomènes liés tout au moins entre eux par le milieu au sein duquel ils se produisent.

Dès 1818 M. Arago publia dans les Annales de chimie de physique une Note sur la direction dans laquelle se propagent quelquefois les ouragans, à l’occasion d’affreuses tempêtes du nord-est observées en Amérique. Cette Note est comme le premier chapitre de cette Notice scientifique composée par le simple rapprochement de documents épars.

La seconde Note est relative à la théorie des tornades ou trombes qui se font sentir sur un espace considérable tout en présentant un centre vers lequel les vents paraissent avoir des directions ou convergentes ou divergentes. Un physicien américain, M. Espy, ayant soumis en 1838 à l’Académie des sciences une explication de ce phénomène basée sur un grand nombre d’observations, M. Arago rappela les diverses opinions émises précédemment à ce sujet. En 1841 un rapport fut fait par M. Babinet sur les travaux de M. Espy, et en 1843 et 1844 le savant américain envoya de nouvelles communications qui furent analysées par l’illustre secrétaire perpétuel de l’Académie.

Sous le numéro iii sont réunies deux Notes sur le contre-courant des vents alizés insérées en 1818 et 1819 dans les Annales de chimie et de physique.

La description de l’ouragan qui a dévasté la Guadeloupe le 26 juillet 1825, placée sous le numéro iv, a été insérée en 1826 dans le même recueil que la Note précédente ; il en est encore ainsi de la première partie de la Note numéro v sur les transports de poussières à de grandes distances par les vents régnant en mer le long des côtes d’Afrique. La seconde partie de cette Note rapporte un phénomène du même genre observé sur les côtes d’Algérie en 1846 par M. Leps dont le Mémoire a été inséré en 1847 dans les Annales de chimie et de physique ; M. Arago avait fait un extrait de ce travail exécuté conformément aux instructions qu’il avait lui-même rédigées pour les expéditions scientifiques, ainsi qu’il a été dit plus haut.

La Note numéro vi sur les trombes de terre est la réunion des descriptions données par M. Arago sur divers phénomènes de ce genre observés en 1822, 1823, 1826, 1827, 1829, 1830, 1835, 1839, 1841. 1842 et 1845 ; ces descriptions avaient été publiées soit dans les résumés météorologiques annuels des Annales de chimie et de physique, soit dans les comptes rendus de l’Académie des sciences il n’y a été fait en 1852 que de légers changements de rédaction.

C’est encore des Annales que j’ai extrait les Notes vii et viii sur les trombes de mer et les vents qui accompagnent les pluies d’orage ; elles sont le simple complément des précédentes et remontent aux mêmes époques.

Les différentes Notes que j’ai réunies sous la direction de mon vénéré maître, pour constituer la Notice sur la pression atmosphérique, donnent l’ensemble de travaux qui ont occupé M. Arago pendant toute sa vie scientifique.

Déjà, pendant son séjour à Formentera, en 1807 et 1808. on l’a vu précédemment, il faisait des observations barométriques qui peuvent servir à la fois à la détermination de la pression moyenne dans les îles de la Méditerranée, à l’appréciation des variations diurnes, et à des mesures de hauteur.

En 1814, dans le Bulletin de la Société philomatique, il publiait une Note sur les observations faites par Ramond, à Clermont-Ferrand, et les comparait à celles de Paris et de Strasbourg.

En 1816, il faisait commencer à Paris, sur un plan nouveau et mûrement discuté, une série d’observations quotidiennes qui ont été poursuivies sous sa direction jusqu’au delà de 1852, et dont les détails ont été constamment publiés chaque mois dans les Annales de chimie et de physique ; souvent, en outre, du moins entre 1816 et 1830, des Notes explicatives y ont été jointes. En 1824, il inventait un moyen ingénieux pour exécuter des baromètres étalons pour les observations, ou des baromètres portatifs à l’usage des voyageurs ; ce moyen est basé sur la diminution facultative de l’espace vide nommé chambre barométrique ; il permet une grande précision dans lus observations en rendant d’ailleurs l’instrument très-solide.

M. Arago a encore découvert, en 1824, que la période barométrique s’amoindrit, abstraction faite du changement de latitude, dans certaines localités voisines de la mer, comme la Chapelle, près de Dieppe, et Marseille, et qu’elle est nulle au Saint-Bernard.

Les plus grands écarts des oscillations barométriques, à Paris et dans d’autres villes, les réductions des mesures barométriques au niveau de la mer, l’influence du vent dans les différentes directions sur la pression atmosphérique, furent aussi des questions qu’il approfondit ou résolut.

Tous les travaux que je viens de résumer sont réunis dans les 47 pages qui forment la Notice sur la pression atmosphérique ; j’ai exécuté tous les calculs dont les résultats s’y trouvent présentés.

Le phénomène de la pluie a été étudié par M. Arago avec la même persévérance que tous les autres météores importants qui exercent une influence plus ou moins considérable sur la vie à la surface du globe terrestre. Ainsi qu’il le dit lui-même, il lui a consacré une partie du temps qu’il lui a été permis, dans sa laborieuse carrière, de donner à la météorologie.

Soit dans les Annuaires du Bureau des Longitudes, soit dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences, soit surtout dans les Annales de chimie et de physique, pendant cette active période de quinze ans (1816-1830) où il a dirigé ce recueil dans une voie si féconde, si utile aux progrès de toutes les sciences, se trouvaient disséminées une foule de Notes sur la pluie, sur ses variations avec les saisons, avec les lieux, avec les hauteurs, sur son influence relativement à ce qu’on appelle le climat. J’ai été chargé du soin de réunir tous ces documents en un corps de Notice scientifique. En 1852, M. Arago m’a dicté la courte introduction qui est eu tôle de ce travail ; il a voulu ensuite y mettre le rapport qu’il a bien voulu faire sur un Mémoire relatif à des expériences que j’avais entreprises sous ses auspices dans le but de déterminer la composition des matières contenues dans les eaux pluviales ; par ce Mémoire la permanence de l’ammoniaque, de l’acide nitrique et de divers sels, notamment du chlorure de sodium, dans l’atmosphère terrestre se trouve mise en évidence.

Sous le numéro ii se trouve placée une Note relative aux quantités de pluie qui tombent à diverses hauteurs au-dessus du sol. C’est en 1816 que M. Arago fit établir deux récipients destinés à recevoir et à mesurer la pluie tombée tant dans la cour de l’Observatoire que sur les terrasse de l’établissement, à 29 mètres plus haut environ. Il découvrit ainsi que dans un même lieu la quantité de pluie tombée diminue généralement à mesure qu’on s’élève. Les divers articles qu’il écrivit sur ce sujet, dans les Annales de chimie et de physique en 1817, 1818, 1819 et 1826, ont été réunis par mon vénéré maître qui m’a chargé d’ailleurs de compléter jusqu’à 1853 les tableaux résumant les observations.

Sous les numéros iii et iv sont placés les résumés de toutes les observations faites à Paris depuis 1689 jusqu’à 1853 tant sur les quantités moyennes de pluie tombées annuellement, que sur le nombre moyen de jours de pluie ou de neige. Ces Notes ont été écrites en 1852.

Quelles sont les variations qu’éprouvent d’une année à l’autre les quantités de pluie tombant dans le même lieu ? Y a-t-il dans ce phénomène de simples oscillations, et quelle est l’importance des écarts observés ? Ou bien a-t-on constaté une décroissance continue, ou au contraire un accroissement prononcé dans la fréquence ou l’abondance des pluies d’où on puisse conclure un changement dans la constitution des climats ? Ces questions sont examinées à fond dans la Note numéro v qui se compose de la réunion de divers articles insérés de 1824 à 1827, soit dans les Annales de chimie et de physique, soit dans l’Annuaire du Bureau des Longitudes, et de quelques passages inédits provenant du dépouillement des registres d’observations.

Sous le numéro vi j’ai placé les discours prononcés en 1836 et 1838 par l’illustre physicien à la Chambre des députés, à propos de la discussion d’une proposition sur la liberté du défrichement des forêts, qui avait conduit naturellement les orateurs à débattre la question de savoir si le déboisement, exécuté sur une vaste échelle, modifie les climats. M. Arago s’attacha à montrer alors le grand nombre de faits qu’il serait utile d’observer et de contrôler pour bien résoudre toutes les parties d’une question très-complexe, quoiqu’il n’y ait aucun doute cependant à conserver sur la réalité de l’influence exercée. Le doute commence seulement naître lorsqu’on veut se rendre compte des causes qui font varier l’importance et le sens de l’action produite sur les températures extrêmes et moyennes, sur la pureté de l’atmosphère, sur l’état hygrométrique et électrique de l’air, et sur tant d’autres circonstances encore mal définies.

Les cadres des tableaux places dans les Notes numéros vii, viii, ix sur la répartition des pluies entre les différentes saisons à Paris et dans quatre-vingts autres stations météorologiques situées dans toutes les parties de l’Europe, sur la variation des pluies avec la latitude, sur la relation existant entre les quantités de pluie tombant le jour et les quantités de pluie qui tombent la nuit, sur les pluies dans les régions tropicales et eu Égypte, ayant été dressés par mon illustre maître, je me suis efforcé de les remplir d’après les nombreuses notes qu’il avait réunies sur ces divers sujets et qu’il m’a donné à dépouiller.

La Note xiii sur les pluies mêlées de corps étrangers est de la réunion de quatorze articles publiés soit dans les Annales de chimie et de physique, soit dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences, à des époques peu éloignées de celles où les faits ont été observés. M. Arago a conclu de l’ensemble de ces documents que les pluies colorées sont un simple mélange de l’eau météorologique et de diverses poussières arrachées à la terre par les vents et transportées au loin dans l’atmosphère.

La Note xiv sur les neiges rouges avait été publiée en 1819 dans les Annales de chimie et de physique ; M. Arago y a ajouté en 1852 cette conclusion que, tandis que la coloration des pluies rouges tient à la présence de matières minérales, les neiges rouges doivent leur teinte remarquable à des corpuscules organiques.

La Note xv sur les pluies par un temps serein est formée de la réunion de communications faites à l’Académie des sciences en 1837, 1838. 1840 et 1844.

M. Arago a écrit en 1835 la Note numéro xvi sur les prétendues pluies de crapauds. Tout en appelant de nouvelles études sur le phénomène, il penche vers l’opinion de Théophraste, qui regardait comme probable qu’après des pluies survenues à la suite de sécheresses, et a certaines époques, ces animaux pouvaient en grand nombre sortir du sol.

Les Notes xvii et xviii sur les pluies d’une abondance extraordinaire observées, soit sur terre, soit en pleine mer, sont composées de courtes notes manuscrites ou de diverses communications faites en 1827 et 1839 à l’Académie des sciences ; elles fixent les idées sur les conditions nécessaires pour qu’on regarde une pluie comme exceptionnelle.

Pendant tout le temps qu’il publia des résumés météorologiques annuels pour les Annales de chimie et de physique, mon vénéré maître prit soin de faire connaître les fluctuations des hauteurs de l’eau dans la Seine ; plus tard, il continua à réunir des documents sur ce sujet, afin de composer une Notice sur les crues de ce fleuve, sur les grandes inondations observées à Paris et le régime comparé de ce grand cours d’eau dans le passé et dans le présent. J’ai publié le travail de l’illustre physicien tel qu’il l’a laissé, en complétant seulement ses tableaux les indications qu’il m’avait données.

La Notice sur la grêle avait été publiée dans l’Annuaire du Bureau des Longitudes pour 1828, avec diverses autres notes météorologiques dont j’ai déjà parlé ; je l’ai reproduite sans aucun changement.

La Note sur la composition de l’eau est une réponse. publiée en 1840 dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences, à quelques critiques dont un passage de la Notice biographique sur Watt avait été l’objet en 1840 dans le sein de l’Association britannique pour l’avancement des sciences. Les critiques portaient sur la part que M. Arago a faite à Priestley et à Watt dans une des plus grandes découvertes de la chimie la fin du xviiie. M. Arago a pris soin de conserver l’énoncé de l’adhésion complète que M. Dumas avait donnée à son opinion.

En 1833, 1835. 1836 et 1846, M. Arago prononça à la Chambre des députés cinq discours très-courts sur l’assainissement des lagunes ; sur le rôle que les indigènes pourraient jouer dans la colonisation de l’Algérie ; sur diverses améliorations faites et encore à faire à l’Observatoire de Paris ; sur les fautes commises dans la construction de l’église de la Madeleine ; sur un embranchement du chemin de fer à construire entre Narbonne Perpignan et Port-Vendres. J’ai réimprimé ces discours, qui tous contiennent des faits ou des appréciations d’un réel intérêt.

Les lettres au maire de Toulouse sur le nouvel Observatoire qu’on se proposait en 1839 de construire dans cette ville ; au président de la république de Bolivia relativement à la mesure de l’arc du méridien de Santa-Cruz ; au préfet des Pyrénées-Orientales sur les améliorations à exécuter à Port-Vendres ; au ministre de l’intérieur relativement à l’importance qu’il y avait à mettre les découvertes de MM. Niepce et Daguerre dans le domaine public en accordant aux illustres inventeurs ou à leurs familles une récompense nationale, donnent des exemples de la noble simplicité de la correspondance de l’illustre secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences. La lettre par laquelle il refuse toute candidature à l’Académie française est un acte qui mérite d’être conservé.

Les Notes relatives à la fabrication des essieux de l’artillerie, à divers modes de figurer sur les cartes topographiques le relief des terrains, ont été rédigées en 1825 et 1827 ; elles étaient restées inédites ; je les ai imprimées d’après des manuscrits entièrement de sa main. Elles proviennent des rapports alors fréquents de M. Arago avec le ministère de la guerre. Ces rapports s’expliquent facilement parce que l’illustre physicien, examinateur pour l’arme du génie à l’École d’application de Metz, était souvent appelé à faire partie de commissions où se discutaient les questions scientifiques que soulèvent les nécessités de l’armement et de la défense du pays.

Le plan de nouvelle organisation militaire de la France, dans lequel l’illustre savant expose le rôle plus considérable qu’il eût voulu voir jouer aux gardes nationales dans le système de défense de la patrie, de manière à permettre une forte réduction dans le budget, a été rédigé en 1832 ; le manuscrit qui a servi à l’impression est de la main de M. Arago.

Le discours sur la réforme électorale, prononcé en 1840 à la Chambre des députés, quoiqu’une œuvre essentiellement politique, se rattache encore à la science par la manière dont la question est traitée. La méthode d’examen et de raisonnement employée est entièrement scientifique, cela n’a pas besoin d’être dit ; mais encore les exemples choisis par l’éloquent orateur, pour corroborer ses principes par des faits, sont pris dans l’histoire des sciences et de leurs applications aux arts, aux travaux publics, à l’industrie. La participation du peuple dans les grandes inventions, dans les progrès les plus importants, dans les faits les plus brillants de l’histoire de la patrie, lui paraît une preuve éclatante du droit de tous à concourir aux élections des représentants de la nation. Les paroles de l’illustre savant soulevèrent des interruptions violentes, signalées par le Moniteur, et dont j’ai dû respecter les mentions, dans le texte que j’ai réimprimé comme témoignage de l’aveuglement des résistances contre le progrès.

L’organisation des écoles militaires et toutes les questions d’enseignement étaient choses familières au plus habile des professeurs qui, dans la première partie de ce siècle, aient occupé des chaires scientifiques. On a vu le succès des cours d’astronomie de l’Observatoire. L’éclat des leçons de M. Arago ne fut pas moins grand à l’École polytechnique, où en 1810 il fut nommé suppléant de Monge dans la chaire de géométrie descriptive ; il devint titulaire de cette chaire en 1815, et bientôt après il fut chargé du cours de machines et de celui de géodésie. Lorsque, après son élection à la place de secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences en 1830, il donna sa démission de professeur de la célèbre École, il y resta encore attaché durant de longues années comme membre du conseil de perfectionnement. On a vu aussi qu’il a a occupé la place d’examinateur de sortie pour les jeunes officiers de l’École d’application du génie et de l’artillerie à Metz. Il fut enfin chargé d’inspecter les d’Écoles d’arts et métiers. C’est donc en pleine connaissance de cause et avec une haute autorité qu’il prit part aux discussions qui s’élevèrent en 1834, 1837 et 1839 sur le régime des écoles spéciales et sur l’enseignement secondaire. J’ai emprunté au Moniteur le texte des discours qu’il a prononcés.

Dans son discours sur l’enseignement, sans attaquer les études classiques, il s’est surtout attaché à défendre les études scientifiques contre d’injustes accusations dont elles avaient été l’objet de la part de plusieurs députés, prétendant même qu’elles ne servent que les intérêts matériels.

Son article sur l’École polytechnique a été écrit en 1844 pour défendre l’École polytechnique contre des attaques violentes publiées dans plusieurs journaux ; il avait commencé à le faire imprimer, il renonça ensuite à le faire paraître, de peur qu’il ne devint le prétexte de vengeances politiques dont l’École qu’il aimait avec passion eut pu être victime. Après l’apaisement des esprits, j’ai pu reproduire un écrit qui contient d’intéressants détails historiques sur un établissement que, selon les expressions de mon vénéré maître, le monde entier envie la France.