Nostradamus (Bonnellier)/Tome 2/À vous, mes seigneurs !…
XIX.
À VOUS, MES SEIGNEURS !…
… François de Guise, sortant d’un batelet, est tué par Poltro, sur la grève de Saint-Mesmin ; — il en revient du sang sur la conscience de Coligni !
Enjambons les époques, afin de prouver les prophéties par les faits.
Condé, blessé, désarçonné à la bataille de Jarnac, est fait prisonnier et se rend à d’Argenté : mais il y aura grande joie pour Monsieur frère du roi (duc d’Anjou) si Condé y est tué ; le baron de Montesquieu, capitaine des gardes suisses de Monsieur, arrive ; — à bout portant, de sang-froid, il casse la tête à Condé. — C’est le duc d’Anjou qui en répondra devant Dieu !
À la bataille de Saint-Denis, un vieillard de quatre-vingts ans se débat contre cinq cavaliers ; un d’eux le brûle par derrière : — La balle est stuarde ! crie le vieux brave en tombant. C’était le connétable Anne de Montmorency, et il illustrait son dernier soupir par ces mots à un exhortant : — Croyez-vous, moine, que quand on a su vivre quatre-vingts ans avec honneur, on ne sait pas mourir un quart d’heure avec courage ? Celui qui fit le meurtre, l’assassin d’Antoine Minard, le gentilhomme Stuard, fut retrouvé à Jarnac ; il demanda merci, — on l’égorgea sur place ; les vautours le mangèrent !
Quand sonna le beffroi de la Saint-Barthélemy, Coligni ne se leva pas… Bêsme vint, et l’éventra d’un coup d’épieu.
— Est-il mort ? — crioit, du bas de l’escalier, Guise, fils de François de Guise, ardent à venger son père.
Nostredame avoit cité ensemble Guise et Coligni à la barre du tribunal éternel.
Puis, après la Saint-Barthélemy, Charles IX, sangsue catholique, dégorgea, sur son lit de mort, tout le sang huguenot, — dont il avoit trop bu !
Quant à Charles-Quint, ennuyé du monde, il voulut mourir sous l’empire de son frère et sous le règne de son fils, — il se retira dans un couvent de l’Estramadure.
Et pour en finir avec ces témoignages, pris plus loin que va notre sujet, — une enjambée encore.