1Noel chanter chascun de nous s’efforce,
A ce sainct temps, de cueur et de couraige
Pour honnorer la Vierge de parage,
Qui peult a tous donner puissance et force.
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2Par Gabriel fut porté le messaige, 5
Selon l’esdit du roy regnant en gloire,
Envers Marie, ainsi il le fault croyre,
La saluant d’un Ave pour hommaige.
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3Marie fut du salut fort troublée,
Car son vouloir estoit pour toute somme 10
De son vivant [n’] approcher mortel homme,
Pource qu’a Dieu c’estoit vierge vouée.
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4« Ne crains », dit l’ange, « ainsi il le fault faire ;
« Devant le ciel tu es de Dieu esieue
« Pource qu’en riens on ne te voit pollue ; 15
« Au vueil de Dieu ne fault que tu différe ;
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5« Car Dieu le filz par l’œuvre au sainct Esprit[1]
« Tu concepvras, la chose en est certaine,
« Pour rachapter de mort nature humaine,
« Ainsi comme ont les prophétes predict[2]. » 20
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6— « Soit ainsi faict », respondit la pucelle,
« Je m’y consens sans reculer arriére ;
« De ton seigneur je suis la chamberiére
vo« Et a tousjours sa trespetite ancelle. »
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7Incontinent cest[e] raison finée, 25
La dame lors tant humble, doulce et saincte
Du filz de Dieu se trouva brief ensceincte,
Dont fut au ciel grand joye démenée.
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8Droit a noel, la Vierge tant doulcette
Son tressainct fruict en une povre estable 30
Elle enfanta, la chose est véritable ;
Trouver ne peult pour lors lieu plus honneste.
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9Les pastoureaulx, advertis de l’affaire,
Ont leurs troupeaulx laissez dessus l’herbette ;
Bergiére aussi gorgiasement se appreste 35
Et de partir avecq eulx ne différe.
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10Robin premier donna sa chalumye
Au bel enfant, et Thibault se appareille
De luy donner du vin de sa bouteille ;
Chascun d’entre eulx n’eut la chére endormye. 40
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11Trois roys [venus] d’une estrange contrée,
De noble arroy, a l’enfant de clemence
Ont presenté grans tresors et chevance ;
Chascun d’entre eulx a largesse monstrée.
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12Prions Jesus et sa tressaincte mére 45
Nous preserver de dure pestilence,
Et que tousjours le doulx pays de France
Avecq le roy soit tranquille et prospére.
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