Muses d’aujourd’hui/Hélène Picard
HÉLÈNE PICARD
PORTRAIT ET AUTOGRAPHE
Point de blason orné. Je suis une bourgeoise
Il me plaît de le dire. Il me plaisait encor
De m’entendre appeler Marianne ou Françoise
Noms sonnant bien français comme des écus d’or
Au niveau de mes doigts, j’ai ma force et ma terre
Les sentences de mon pays je les connais
J’ai dans ma main spirituelle et volontaire
L’églantine de France et le lis béarnais
Dans la tradition du sol héréditaire
Je respire… et je lis Rabelais et Ronsard
Et je sais que mon sang vient de la noble artère
D’un aïeul paysan qui n’eut pas de bâtard
Les poètes possèdent cette merveilleuse faculté de créer de la vie avec toutes les suggestions qui les sollicitent. Si les individus, ainsi que les sociétés qu’ils composent, ont besoin, pour alimenter leur vie, d’un mensonge religieux, philosophique ou sentimental, les poètes sont les êtres les plus vivants, parmi ces individus, puisqu’ils poussent leur faculté d’illusion jusqu’à la métamorphose, jusqu’à se vouloir tout à fait autres à leurs propres yeux, et à s’inventer des sentiments et des passions qui deviennent les principaux mobiles de leur activité cérébrale, et, par répercussion, physique. C’est la justification de la formule de Nietzsche ; a Le non-vrai comme
condition de vie. » Page:Gourmont - Muses d’aujourd’hui, 1910, 3e éd.djvu/180 Page:Gourmont - Muses d’aujourd’hui, 1910, 3e éd.djvu/181 Page:Gourmont - Muses d’aujourd’hui, 1910, 3e éd.djvu/182 Page:Gourmont - Muses d’aujourd’hui, 1910, 3e éd.djvu/183 Page:Gourmont - Muses d’aujourd’hui, 1910, 3e éd.djvu/184 Page:Gourmont - Muses d’aujourd’hui, 1910, 3e éd.djvu/185 Page:Gourmont - Muses d’aujourd’hui, 1910, 3e éd.djvu/186 Page:Gourmont - Muses d’aujourd’hui, 1910, 3e éd.djvu/187 Page:Gourmont - Muses d’aujourd’hui, 1910, 3e éd.djvu/188 Page:Gourmont - Muses d’aujourd’hui, 1910, 3e éd.djvu/189 Page:Gourmont - Muses d’aujourd’hui, 1910, 3e éd.djvu/190 Page:Gourmont - Muses d’aujourd’hui, 1910, 3e éd.djvu/191 Page:Gourmont - Muses d’aujourd’hui, 1910, 3e éd.djvu/192Et que, sur le chemin où je devrai vous suivre.
Le soleil soit couché.
Je veux porter au bras ma noblesse et ma grâce
Comme deux gerbes d’or,
Et non, spectre accablé, traîner sur votre trace
Un fagot de bois mort.
N’attendez pas, ô mort, que la vieillesse amère
Ait déformé mon pied,
Je veux fuir avec vous en sandale légère
Et retrouver Chénier.
Il y a certes, dans l’œuvre poétique d’Hélène Picard, une grande richesse de vie, de véritables trouvailles d’images : c’est tout un monde de rêves, sages et fous ; mais quelques-unes de ses poésies vivront, parce qu’elle y a mis toute la tiédeur et tout le parfum de son corps de femme, et l’élan harmonieux de son désir de l’homme. Elle a encore agrandi son désir de tous les désirs des grands poètes, et grossi sa propre ardeur de tous les apports des littératures.