Muses d’aujourd’hui/Elsa Koeberlé

Mercure de France (p. 139-152).


ELSA KOEBERLÉ

PORTRAIT par eugène carrière

ET AUTOGRAPHE


Autographe
Autographe



Cadix

Elle semble posée sur les flots, île ? ville ?
Immatérielle toute blanche et fabuleuse
— Mer ! Retiens l’assaut de tes vagues furieuses
N’anéantis pas cette coquille de nacre…

Elsa Koeberlé


Portrait
Portrait

C’est dans la culture de l’amour, cette perpétuelle analyse de soi-même, que cette Muse trouvera la plénitude de son être. Ceux que nous aimons nous apportent ce qui nous manque : ils nous complètent ; leurs gestes, leur parfum, la couleur de leurs yeux, le timbre de leur voix nous mettent, physiologiquement, dans un état de parfaite béatitude, comme si, par leur seule présence, nous nous trouvions plongés dans la lumière la plus favorable à notre organisme. C’est que l’amour, en ses minutes de mutuelle concordance, donne à la chair, à l’être tout entier, un rythme parfait. Ceci explique que les poètes ne chantent jamais le bonheur dans l’amour ; Page:Gourmont - Muses d’aujourd’hui, 1910, 3e éd.djvu/164 Page:Gourmont - Muses d’aujourd’hui, 1910, 3e éd.djvu/165 Page:Gourmont - Muses d’aujourd’hui, 1910, 3e éd.djvu/166 Page:Gourmont - Muses d’aujourd’hui, 1910, 3e éd.djvu/167 Page:Gourmont - Muses d’aujourd’hui, 1910, 3e éd.djvu/168 Page:Gourmont - Muses d’aujourd’hui, 1910, 3e éd.djvu/169 Page:Gourmont - Muses d’aujourd’hui, 1910, 3e éd.djvu/170 nos paysages intérieurs. C’est bien seule avec elle-même, avec ses souvenirs, sentant la présence cachée de l’amour en toutes choses, dans les peines et dans les joies de la vie quotidienne, que cette Muse avoue :

      Je ne puis plus chanter que ton visage, Amour,

et sa poésie se fait plus fervente, parce qu’elle s’est mise tout entière dans ces poèmes voluptueux, qui ont le rythme un peu angoissé d’un sein de femme.