Ernest Flammarion, éditeur (p. 109-120).


VIII


Dans l’après-midi du lendemain, tandis que Mitsi habillait Jacques pour la promenade, Léonie vint l’informer que d’après les ordres de M. le vicomte, elle aurait désormais sa chambre dans l’appartement de M. Jacques, comme Dorothy, et prendrait ses repas seule avec la gouvernante. En un mot, elle n’aurait plus de rapports avec le personnel domestique. En outre, elle devrait quitter sa tenue de servante et serait traitée sur le même pied que Dorothy.

Cette communication ne fut accompagnée d’aucuns commentaires. Non, certes, que ceux-ci ne fussent prêts à jaillir des lèvres de Léonie, que la rage étouffait ! Mais la femme de charge était une prudente personne, qui savait contenir ses inimitiés dès que son intérêt le lui commandait. Tant que cette péronnelle de Mitsi serait en faveur près de M. de Tarlay, il conviendrait de mettre une sourdine aux manifestations hostiles qui risqueraient de provoquer le mécontentement du maître. Mais dès que la fantaisie de celui-ci aurait pris fin, et ce serait vite fait, car on le disait très fantasque, avec quelle joie sauvage Léonie laisserait enfin déborder sa haine et accablerait de son mépris la misérable petite créature dont la fière dignité l’exaspérait !

Mme Debrennes et Florine, quand elles apprirent la décision de Christian, ne furent pas moins irritées que la femme de charge, Mlle Dubalde par jalousie, la présidente pour d’autres motifs qu’elle exposa le lendemain matin à Parceuil, mandé en son appartement.

— C’est un danger, cela, mon cher ami, un réel danger. Voyez-vous que Christian, épris de cette petite, cherche à obtenir des précisions sur son origine ?…

Parceuil, dont la physionomie s’était un moment assombrie, répliqua après un moment de réflexion :

— Non, rien à craindre de ce côté. Tout d’abord, il n’y a pas lieu de supposer que Christian, tel que nous le connaissons, aura jamais souci de faire des recherches à ce sujet. La jeune personne lui plaît, il contentera son caprice, sans s’inquiéter le moins du monde si les prétentions d’Ilka Vrodno étaient légitimes ou non. De cela, vous pommez être certaine, ma chère Eugénie !… Mais en admettant un instant cette préoccupation invraisemblable de sa part, à quoi aboutirait-il ? Comment, dans une ville comme Vienne, trouver la preuve d’un fait dont il n’existe qu’un témoin, perdu dans la foule anonyme ? Comment, dans toute l’Autriche, trouver le lieu inconnu, caché dans les bois, où cette preuve irrécusable existe ?

— Avec de l’or, on peut beaucoup. Mais enfin, je pense comme vous qu’étant donné le caractère de Christian, l’éventualité d’une telle recherche est bien peu à craindre.

Ils gardèrent un moment le silence, tous deux songeurs. Puis la présidente dit à mi-voix :

— Quel dommage, Flavien, que vous n’ayez pas réussi, dans votre expédition à Laitzen !

Parceuil, le front plissé, marmotta avec colère :

— Oui, ce maudit curé m’a dérangé au bon moment… Et je n’ai plus osé recommencer. Ah ! nous aurions eu pleine et entière tranquillité, alors !… Mais je le répète, il n’y a aucune raison de s’inquiéter, en l’occurrence. Néanmoins, je me permets de vous faire remarquer, Eugénie, l’imprudence commise par vous en mettant cette jeune fille sous les yeux de Christian. Je ne l’ai pas vue encore ; mais d’après ce que vous m’en avez appris, elle est extrêmement séduisante…

La présidente dit avec un soupir de regret :

— Hélas ! oui ! Tellement séduisante que bien peu de femmes, à mon avis, pourraient soutenir la comparaison avec elle. Je suis désolée de ce qui arrive, mon cher Flavien !… positivement désolée ! Mais les visites de Christian à son fils étaient si rares, et l’enfant mène une existence tellement à l’écart, que je ne prévoyais aucun péril de ce côté.

— Il suffit d’une fois… Enfin, il n’y a rien à tenter maintenant. Impossible de faire intervenir mon autorité de tuteur, pour envoyer hors d’ici la jeune personne. Christian me ferait payer cher une pareille intervention.

— Oh ! je crois bien ! Pas plus que je ne puis me permettre un mot de blâme… Fort heureusement, il a du tact et saura éviter tout scandale. Mais c’est égal, quand elle ne l’intéressera plus, cette petite peste me payera les ennuis qu’elle me donne et la désinvolture froissante avec laquelle agit en ce moment Christian !

La colère, une sorte de haine vibraient dans l’accent de la présidente. Parceuil eut un sourire mauvais en répliquant d’un ton bas :

— Je trouverai un moyen de nous en débarrasser, ma bonne Eugénie.

Elle tressaillit, en lui jetant un regard inquiet.

— Rien de dangereux, Flavien ?

Il rit sourdement.

— Croyez-vous que je voudrais risquer ma situation ?… Non, non, rien de dangereux. D’ailleurs, je n’ai aucun plan précis pour le moment. Il suffira de m’inspirer des événements. Dormez donc sans crainte, Eugénie… et consolez Florine, qui voit toutes ses coquetteries demeurer inutiles.

Mme Debrennes porta à ses paupières son mouchoir parfumé en soupirant :

— Ah ! ma pauvre Florine !… Une femme si charmante !

— Elle se fane, ma chère… elle se fane. Impossible de lutter avec la jeunesse de Mitsi et de bien d’autres. Il lui faut s’y résigner, jamais elle ne sera vicomtesse de Tarlay.

— Hélas ! elle est de plus en plus amoureuse de Christian !

— C’est une maladie dont elle se guérira difficilement, je le crains… À ce soir, ma bonne amie. Je pars pour les forges, où l’on m’attend pour l’expérimentation d’une nouvelle machine.

— Christian y va-t-il quelquefois ?

— Jeudi dernier, il est venu, a tout examiné, s’est fait faire un rapport par l’ingénieur principal… Oh ! il est très fort… très fort… et s’il voulait…

Un pli se formait sur le front jauni de Parceuil… Puis, avec un léger mouvement d’épaules, le vieillard ajouta avec un petit rire sarcastique :

— Mais il a de plus agréables occupations et trouve parfait de me laisser toute la direction. Et, vraiment, avec sa fortune, avec son nom, il a en effet mieux à faire que cela !

Avec vivacité, la présidente approuva :

— Certes, certes ! Vous le remplacez d’ailleurs admirablement, mon bon Flavien !

Mitsi avait accueilli sans joie, et même avec un petit tremblement intérieur, les instructions de M. de Tarlay à son sujet, qui lui étaient communiquées par Léonie. L’intérêt trop significatif dont elle était l’objet l’effrayait de plus en plus. Mais comment s’y soustraire ? Vainement, elle en cherchait le moyen… Elle se sentait, dans cette somptueuse demeure, complètement isolée, sans défense. Marthe, la lingère, était la seule personne qui lui témoignât de la sympathie. Mais la pauvre fille ne pouvait rien pour elle — d’autant moins qu’elle-même ne se trouvait pas dans les bonnes grâces de Léonie et tremblait chaque jour d’être renvoyée par l’omnipotente femme de charge… D’ailleurs Mitsi, presque constamment occupée près de Jacques depuis son arrivée à Rivalles, l’avait très peu vue, pendant de courts instants, quand, un dimanche, deux jours après le changement survenu dans sa nouvelle situation, elle la rencontra au retour d’une promenade qu’elle faisait faire à l’enfant aux alentours du château, dans son fauteuil roulant.

La mine altérée, les yeux rouges de la lingère la frappèrent aussitôt.

— Qu’avez-vous, ma bonne Marthe ?… Est-il arrivé quelque chose chez vous ?

— Hélas, oui ! Mes frères ont été renvoyés hier soir des forges, sans motif, simplement parce que le contremaître veut les remplacer par deux de ses créatures. Et cet homme est lui-même un protégé de M. Parceuil, qu’il flatte à outrance.

Marthe essuya ses yeux pleins de larmes, en ajoutant :

— Il va falloir qu’ils partent d’ici, car en dehors des forges, on ne trouve pas de travail dans le pays. Et ma pauvre maman est si mal portante !… Pour comble de malheur, le petit Simon, l’aîné de mes neveux, vient de tomber malade. Il va falloir payer le médecin et les médicaments, puisque nous n’avons plus droit aux soins gratuits donnés aux ouvriers des forges… Ah ! quelle misère 1

La pauvre fille sanglotait. Mitsi essaya de la consoler, de la réconforter… Le petit Jacques les considérait attentivement, de ses beaux yeux sérieux et pensifs. Il dit tout à coup :

— Il faut demander à papa de les reprendre, vos frères. C’est lui qui est le maître… Et le cousin Parceuil est un méchant.

Mitsi se pencha, en passant un doigt caressant sur la joue pâle de l’enfant.

— Ne parlez pas ainsi de M. Parceuil, qui est un vieillard et votre parent, mon petit Jacques.

Mais il secoua la tête, en répétant :

— C’est un méchant ! Mitsi, tu demanderas à papa de garder les frères de Marthe, dis, pour qu’elle ne pleure plus ?

Les deux jeunes filles échangèrent un regard ému. Pauvre petit Jacques, si peu gâté par les siens, il était bon, pitoyable pour autrui… Mitsi l’embrassa en disant tendrement :

— Votre papa ne s’occupe pas de ces détails, mon chéri. Il laisse M. Parceuil diriger tout à son gré, là-bas.

Mais l’enfant répéta, obstinément :

— Il faut lui demander… C’est le maître, papa.

En continuant de pousser la voiture, Mitsi reprit sa route vers le château, en compagnie de Marthe qui étouffait ses sanglots. Elles entrèrent dans le parc en passant par une petite porte qui restait ouverte dans la journée, et gagnèrent lentement le château en traversant les jardins. Ainsi, elles atteignirent l’extrémité de l’aile où se trouvait l’appartement de Jacques.

L’enfant s’écria joyeusement :

— Voilà papa !

Christian se trouvait en effet sur la petite terrasse qui précédait le salon où se tenait habituellement son fils. Accoudé à la balustrade de marbre rose, une cigarette entre les lèvres, il regardait s’avancer le groupe formé par Mitsi, Marthe et le petit Jacques dans sa voiture.

La lingère, alors, voulut prendre congé de sa compagne. Mais Jacques étendit vers elle sa main maigre, en disant :

— Non, non, attendez, Marthe !

Et en élevant la voix, il appela :

— Papa… papa, je voudrais bien vous demander quelque chose !

Christian sourit, en répondant :

— Viens me dire ce que tu souhaites, mon petit Jacques.

Mitsi, instinctivement, avait ralenti l’allure du fauteuil roulant. Mais Jacques dit, d’un petit ton impérieux :

— Pousse vite ma voiture, Mitsi, pour que je parle à papa.

M. de Tarlay s’était redressé, puis, jetant sa cigarette à demi-consumée, il descendait les degrés de marbre, au bas desquels Mitsi arrêtait le fauteuil. Il enleva entre ses bras le petit corps maigre, si léger, et demanda gaiement :

— Eh bien, qu’y a-t-il, Jacques ?

Le petit garçon étendit la main vers Marthe qui, embarrassée, très rouge, demeurait en arrière.

— Papa, elle pleure parce que le cousin Parceuil a renvoyé ses frères des forges… et elle a sa grand’mère malade, et puis un petit neveu et pas d’argent pour les soigner. Alors, je lui ai dit que c’était vous le maître et qu’il fallait qu’elle vous demande de reprendre ses frères. Mais Mitsi a répondu que vous ne vous occupiez pas de ces choses-là…

— En effet. Mais à l’occasion, s’il me plaisait de le faire…

Son regard s’arrêtait un instant avec une souriante complaisance sur Mitsi, qui se tenait toute raidie, les paupières baissées, près du fauteuil de l’enfant ; puis il effleura le visage rouge et altéré de Marthe. Celle-ci était une inconnue pour M. de Tarlay, comme plusieurs des nombreux serviteurs qui constituaient le personnel employé à son service et à celui de son entourage. Aussi s’informa-t-il à son sujet, en s’adressant à Mitsi, qui dut cette fois lever les yeux pour lui répondre. Elle fit, en quelques mots, un chaleureux éloge de celle qui était sa seule amie en cette demeure. Jacques, dont la tête s’appuyait contre l’épaule de son père, regardait celui-ci d’un air suppliant… Christian se mit rire en disant :

— Eh bien, pour contenter Mitsi et toi, mon petit Jacques, je ferai réintégrer dans leur emploi les frères de cette jeune personne. Donnez-moi leurs noms, Marthe, et dès ce soir, je m’occuperai d’eux.

Interrompant du geste les remerciements balbutiés par la lingère, il remonta les degrés de la terrasse, avec Jacques entre ses bras. Timidement, l’enfant appuya ses lèvres contre la joue paternelle, en murmurant :

— Merci, papa !

Le regard de Christian, adouci par une nuance d’émotion, s’abaissa vers le pâle petit visage.

— Tu as bien fait de me signaler cela, mon cher enfant. Je déteste l’injustice, et au cas où il y en aurait ici, je veux qu’elle soit réparée.

Il se tourna vers Mitsi qui montait à son tour, après avoir chaleureusement serré la main de Marthe ébahie, n’osant en croire ses oreilles.

— Car ces garçons ont été renvoyés sans motif sérieux, d’après le peu que vous m’en avez dit ?

— Marthe l’assure, monsieur. D’ailleurs ses frères sont, depuis leur adolescence, employés aux forges ; il serait facile d’être renseigné sur eux.

— Très facile. J’aurai demain toutes les précisions nécessaires pour donner aussitôt mes ordres à leur sujet.

Il étendit l’enfant sur la chaise longue disposée sur la terrasse et fit quelques pas de long en large. Puis il s’arrêta près de la jeune fille qui arrangeait un coussin sous la tête de Jacques.

— Pourquoi avez-vous encore ce costume, Mitsi ?

Mme Léonie n’a pas encore eu le temps de m’en procurer un autre, monsieur.

— Qu’elle le fasse promptement, dites-le-lui de ma part. Je veux que vous ayez une situation plus conforme à la justice, car enfin, bien que de façon irrégulière, vous êtes la fille du cousin germain de mon père, Georges Douvres.

Mitsi eut un vif mouvement de stupéfaction, en regardant M. de Tarlay avec un véritable ahurissement.

— Personne ne vous avait informée de cela ?… Votre mère prétendait même, paraît-il, que Georges et elle avaient été unis légitimement. Mais on n’a pu trouver aucune preuve de cette assertion.

Mitsi restait sans parole… Enfin, le voile du mystère s’écartait ! Elle savait le nom de son père… elle savait qu’elle était — irrégulièrement, hélas ! — la petite-fille de Jacques Douvres, la cousine du vicomte de Tarlay.

Christian suivait d’un œil intéressé les impressions visibles sur son expressive physionomie. En se penchant vers elle, il dit à mi-voix, avec une intonation caressante :

— Ma jolie petite Mitsi, je réparerai l’injustice dont vous êtes l’objet. Ne vous faites pas désormais de souci, car vous êtes sous ma protection.

Elle recula un peu, et ses yeux se baissèrent, à la fois éblouis et pleins d’angoisse, sous le regard amoureux et volontaire qui disait hardiment et clairement : « Tu es à moi ».

Dominant son violent émoi, elle réussit à répliquer sans que sa voix tremblât trop :

— Il n’y a pas d’injustice, monsieur le vicomte. Du moment où la preuve d’une union légitime n’a pu être obtenue, la famille de mon père est excusable de ne pas m’accueillir parmi elle.

— Entre cela et la situation que l’on vous a faite, il existait des solutions intermédiaires que mon cousin Parceuil a eu grand tort de négliger. Mais, je le répète, j’y remédierai sans tarder.

À cet instant, Dorothy apparut, au grand soulagement de Mitsi. Profitant de ce que M. de Tarlay adressait la parole à la gouvernante, la jeune fille s’éclipsa et gagna sa chambre, où elle demeura un long moment. Quand elle reparut sur la terrasse, Christian ne s’y trouvait plus. Mais presque aussitôt apparaissaient la présidente, Florine et Mme de Montrec, jeune femme très élégante et assez hautaine. M. de Montrec et Olaüs Svengred les accompagnaient. Mitsi se retira à l’écart, tandis que les trois dames entouraient Jacques, non sans jeter vers la jeune gouvernante des coups d’œil sans bienveillance. Mme de Montrec, par sa femme de chambre qui lui rapportait les bavardages de l’office, connaissait la nouvelle fantaisie du vicomte de Tarlay. La beauté de Mitsi, dûment constatée par elle, irritait sa jalousie de femme insignifiante, vaniteuse, désolée que Christian n’eût pour elle que de l’indifférence. Quant à Florine, la vue de cette rivale l’exaspérait. Tandis qu’elle dirigeait vers elle des regards sournoisement haineux, il lui venait l’envie féroce de déchirer avec ses ongles ce délicieux visage, d’aveugler à jamais ces yeux incomparables, de meurtrir ces lèvres charmantes dont le sourire devait avoir tant de séduction.

Sa colère jalouse augmenta encore, en remarquant les coups d’œil fort intéressés que jetait vers Mitsi Thibaut de Montrec et les regards discrets, mais pleins de sympathie respectueuse, du Suédois. Un irrésistible désir d’humilier l’orpheline s’empara d’elle… En se penchant pour embrasser l’enfant, tandis que les deux autres dames se retiraient, Mlle Dubalde laissa tomber le mouchoir de dentelles qu’elle tenait à la main. Alors, se tournant à demi vers Mitsi, elle ordonna avec une intonation pleine d’insolence :

— Ramassez-moi cela.

Une vive rougeur couvrit le visage de Mitsi… Mais instantanément, Svengred s’avançait, ramassait le petit carré de batiste et le tendait à Florine. Puis, s’inclinant profondément dans la direction de Mitsi, il quitta la pièce, suivi de Thibaut qui, lui aussi, avait salué la jeune fille, avec plus de désinvolture toutefois.

Florine avait blêmi de rage. Tournant les talons elle sortit à son tour, dans un frou-frou de jupes soyeuses. Dorothy s’éloigna pour aller chercher une potion que devait prendre Jacques, et Mitsi se trouva seule avec l’enfant.

Il l’appela près de lui, appuya câlinement sa joue contre la sienne et murmura, d’une voix que la joie oppressait :

— Papa a été bon, dis, Mitsi ?… Tu vois que j’avais raison ?

Elle inclina affirmativement la tête. Son cœur était trop lourd d’angoisse et de trouble pour qu’elle pût répondre autrement.

Jacques répéta, rêveusement :

— Papa a été bon pour Marthe… pour moi… pour toi aussi, ma chère Mitsi.

Et un instant après, il ajouta d’un air pensif :

— Quand papa te regarde, ses yeux ne sont plus les mêmes.

Les joues de Mitsi brûlaient, son cœur battait avec violence. Ainsi l’enfant lui-même remarquait le trop vif intérêt que portait à l’humble orpheline le riche et puissant châtelain de Rivalles… Avec un frisson de détresse, Mitsi songea désespérément : a Mon Dieu, venez à mon secours ! Que deviendrai-je, si vous ne me défendez ? »