Flammarion (p. 63-67).

XIV


Deux ans plus tard, Jean, qui faisait ses vingt-huit jours à Saint-Lô, ne voulut pas demeurer aussi près de son grand-père sans le voir. Il obtint une permission pour aller à Saint-Blaise, et demanda à M. d’Erdéval la permission d’amener avec lui un de ses camarades, Yves de Bray.

Le marquis lui répondit avec sa bonne grâce habituelle et, par un admirable matin de septembre, les deux petits soldats débarquèrent à Pont-Bellangé.

Yves de Bray fut émerveillé de cette campagne verte et fleurie comme au printemps.

— Demain… — dit Jean — je te ferai voir un coin beaucoup plus joli encore que celui-ci… nous irons aux ruines du Château du-Fou… Tu verras si c’est épatant !… Ils s’en venaient à pied, parce qu’ils n’avaient pas su exactement à quelle heure ils pourraient partir.

— Quel pays !… — répétait Yves en grimpant la colline au haut de laquelle était planté Saint-Blaise — à Coutances nous ne soupçonnons pas cette Normandie-là…

Il s’arrêta tout à coup, poussa une sorte de grognement surpris, et acheva

— Ni ces femmes-là !…

Et du doigt, il indiquait une longue fille merveilleusement jolie, qui dégringolait le raidillon à grands pas souples et harmonieux.

— Cristi !… le fait est… — commença Jean.

Il s’arrêta au milieu de sa phrase, et balbutia, stupéfait :

— Mais c’est Miche, nom d’un chien !…

Et, machinalement, il ouvrit les bras comme autrefois, en disant :

— Miche !…

La jeune fille s’élança et se blottit contre Jean, toute tremblante de bonheur, tandis qu’il l’embrassait affectueusement sur les deux joues.

— Ben, tu ne t’embêtes pas, toi !… — fit Yves de Bray qui écarquillait les yeux, totalement ahuri.

Jean se mit à rire et expliqua :

— C’est Miche !… la petit fille que grand-père a recueillie et qui est devenue muette… tu nous en as entendu parler cent fois !…

— Je vous ai entendu parler de Miche, c’est vrai…

Il se baissa, plaçant sa main à cinquante centimètres au-dessus du sol, et acheva :

— Mais je croyais que c’était une petite fille haute comme ça ?…

— Elle était haute comme ça il y a dix ans…

— Quel âge a-t-elle ?… — demanda Yves à demi-voix et presque à l’oreille de Jean.

— Dix-huit ou dix-neuf ans, je pense ?… mais tu peux parler sans te gêner, va !… elle ne nous entend pas !…

— Elle est sourde aussi !…

— On le croit !… Et, de fait, rien ne peut faire penser qu’elle entende quoi que ce soit !…

— Quel dommage !… — fit Yves, en se penchant pour regarder Miche qui marchait à côté de Jean — elle est admirable, cette fille-là !…

— Oui… elle est vraiment très belle !… je ne la reconnaissais pas au premier moment !… Papa m’avait bien dit qu’elle était extraordinaire, mais je ne croyais pas que ce fût à ce point-là…

— Il y a longtemps que tu ne l’avais vue ?…

— Six ans à peu près !… j’étais venu pour la dernière fois à Saint-Blaise l’année où je suis parti pour le régiment…

— Ça n’est donc pas très chaud avec ton grand-père ?…

— Nous aimons beaucoup grand-père… répondit Jean avec sincérité — mais il ne nous aime plus guère depuis qu’il a chez lui un individu…

— Je sais !… tu m’as parlé de « mossieu Anatole !… »

— Fallait bien… sans ça tu te serais évanoui d’étonnement !… car il paraît qu’il mange à table, maintenant !… Moi, je n’ai pas connu ça !… c’est encore un progrès… Tu ne m’écoutes pas ?… tu regardes Miche ?…

— Ma foi, oui !… je suis émerveillée de cette beauté parfaite !… Vois-tu cette fille-là dans une voiture bien attelée ?… Non !… mais vois-tu cet effet ?… le vois-tu ?…

— Je le vois très bien !… — fit Jean qui regarda Miche.

Elle était devenue rose jusqu’aux petites oreilles qui se détachaient comme deux coquillages sur ses bandeaux, des bandeaux corrects, d’un noir étrange moiré de reflets cuivrés. Son cou, d’un blanc un peu ambré, se teintait aussi de ce rose vermeil et chaud, et Jean murmura :

— Elle n’est pas seulement jolie, Miche !… Elle est bonne, et intelligente, et dévouée… pour moi, surtout, qui ai obtenu que grand-père la prit chez lui, elle avait un vrai dévouement de chien… elle m’adorait…

— Elle t’adore encore !… — affirma Yves.

— A quoi vois-tu ça ?…

— A des tas de choses !… et je pensais que c’est presque un bonheur pour elle… et pour toi… qu’elle soit muette…

— Parce que ?…

— Parce que tu aurais… vous auriez sûrement fait quelque bêtise…

— Non !… — affirma Jean sérieux — je n’aurais fait aucune bêtise !… Tu me connais assez, je pense, pour ne pas me supposer assez mufle pour abuser de l’affection et de la reconnaissance de Miche… Quant à l’épouser, si épatante qu’elle soit, l’idée ne m’en fût pas venue, je t’assure !…

— Est-ce qu’on sait jamais ?…

— Miche est l’enfant d’une fille du pays… merveilleusement belle aussi… qui disparut pendant cinq ou six ans, fut rencontrée à Saint-Lô d’abord, et à Paris ensuite, dans des toilettes qui ne laissaient aucun doute sur le métier qu’elle exerçait, et revint un beau jour à Saint-Blaise avec un enfant de quelques mois… qui est Miche…

— Je ne te dis pas que ce soit une origine très relevée… mais…

— Et s’il n’y avait que la mère encore !.. C’était, métier à part, une brave fille, dit-on !… mais le père ?… Qui est le père de Miche ?… Sans être comme grand-père, j’ai tout de même un peu le préjugé de la race… et surtout de l’hérédité… C’est pour ça que, même avec un énorme sac, je n’épouserai jamais une femme d’espèce différente de la mienne… les caractères ne se mêlent jamais… ça fait des ménages abominables… et le sang qui est mêlé de force, se venge en donnant des résultats qui me font horreur !…

— Alors, tu n’épouseras pas une fortune ?…

— Non !…

— Mon cousin Guerville t’a pourtant mis sous les yeux un joli exemple de mésalliance ?… car il habite à deux pas de Saint-Blaise, je crois ?…

— Oui…

— Sa femme est bien la plus odieuse pécore que…

— Je ne trouve pas ça !… — dit Jean — elle est très gentille, la petite Guerville !…

Miche avait fait un mouvement. Jean la regarda surpris, tandis que Yves reprenait :

— La petit Guerville !… Merci pour elle !… tu sais qu’elle a sa pièce de quarante-huit ans, la « Petite » Guerville !…

— Qu’est-ce que tu me chantes ?… la dernière année où je suis venu à Saint-Blaise, on a donné au Mesnil un dîner pour ses vingt-huit ans…

— Qu’elle t’a dit !… et que tu crois !… parce que toi, tu es jeune pour tout de bon… et naïf !… Qu’est-ce que tu regardes ?…

— Miche ?… j’avais espéré un instant qu’elle entendait…

— Quand ça ?… À l’instant !… quand nous avons parlé de Mme de Guerville… C’était sa bête noire jadis, je ne sais pas pourquoi ?… et, tout à l’heure… quand nous l’avons nommée, j’aurais juré que Miche avait entendu… Je me suis trompée, évidemment !…

— Évidemment !… car elle a l’air d’être dans les nuages, cette belle Miche !…

— Pourtant elle a eu dans les yeux… et aussi dans le geste, une expression que je lui connaissais bien ?…

Et prenant le bras de la jeune fille, Jean demanda :

— Miche ?… est-ce que tu m’entends, dis, Miche ?…

Les beaux grands yeux bleus se posèrent étonnés sur Jean. Il laissa retomber le bras solide et rond qu’il serrait, et dit, découragé :

— Ah ! Ouiche !… elle est sourde comme une trappe !… Mais alors… comment a-t-elle su que nous arrivions ce matin ?… car elle le savait… elle venait au-devant de nous !…

— Par quelque lettre que ton grand-père aura laissée traîner…

— Elle ne sait pas lire !…

— Diable ! c’est gênant, ça !… car, alors, on ne peut se rendre compte…

— De rien !… si elle lisait on lui poserait des questions, elle répondrait par signes… Il y a des choses que je ne peux pas m’expliquer !… Elle sait que j’arrive… elle n’est pas étonnée de me voir en soldat… elle…

— Les sourds-muets ont une divination des choses que nous n’avons pas, nous autres !…

— Les sourds-muets de naissance !… Mais avait quatorze ans quand l’accident est arrivé… je m’en souviens très bien !… c’est au moment où j’allais faire mon service militaire…

— Miche a su que tu le faisais, ton service ?…

— Oui !… elle se désolait d’avance de ne pas me voir aux vacances suivantes !…

— Alors, si elle a su que tu allais être militaire, elle ne doit pas être étonnée de te voir en tenue ! Les enfants des campagnes sont peu au courant des choses… que tu sois soldat pour trois ans… ou pour six… c’est la même chose pour Miche !…

Un vieux paysan courbé en deux passait dans un chemin en poussant une brouette. Jean l’appela.

— Père Constant !… Eh ! Père Constant !…

Le bonhomme leva le nez, et reconnaissant Jean, arriva de toute la vitesse de ses vieilles jambes.

— C’est-y qu’vous v’là dans l’pays pour qué’que temps, ms’sieu Jean ?…

— Pour deux jours !… Et ça va toujours, Père Constant ?…

— Faut bien qu’ça aille, m’sieu Jean, pisque l’bon Dieu veut point core d’mé !…

— Où travaillez-vous à présent ?…

— On m’a r’pris au château, m’sieu Jean !…

— Ah ! tant mieux !… Comment ça s’est-il fait ?…

— Ça s’est fait qu’on n’en trouvait pus d’s’autres… alors a ben fallu !…

— Anatole vous fait-il encore des misères ?…

— Toujou !… vous pensez ben que m’sieu Malansson n’est point dev’nu meilleu en vieusissant ?…

— Monsieur Malansson ?…

— Oui… faut dire comme ça à c’t’heure !… faut pus dire m’sieu Anatole !… c’est fini !…

— Tiens !… — fit tout à coup Yves de Bray en regardant Miche qui sautait le fossé et disparaissait sous bois — qu’est-ce qui lui prend, à Miche ?…

Comme Jean regardait, surpris, le taillis où venait de disparaître la jeune fille, le vieux paysan expliqua :

— A s’a écappée !… pac’que l’a vu m’sieu Malansson, bié sûr !…

— Elle en a peur ?…

— Comme nous aut’s, ni pus ni moins !… C’est pas qu’on a peur d’lui !… non !… mais on n’aime point d’le rencontrer, dà !…

— Au revoir, Père Constant !…

— Ben à r’voir, m’sieu Jean !… et ben du plaisi !…

Le château apparaissait à un coude de la route. Jean ouvrit une grande barrière blanche et dit :

— Voilà grand-père sur le balcon… il nous a vus !…

Le marquis accueillit avec bienveillance le camarade de son petit-fils. Et, au moment du dîner, comme il se trouvait seul un instant avec Jean, il lui dit :

— Il est gentil, ton ami !… il a l’air intelligent !… De quel pays est-il ?…

— Des environs de Coutances…

Les Bray étaient extrêmement connus dans la Manche, non seulement parce que leur famille était une vieille famille normande, mais surtout parce que leur fortune était considérable, et leur château un des plus beaux du département.

— Il est très gentil !… — répétait le vieux marquis, en regardant Yves qui entrait dans le salon — pas joli, mais très gentil !

Le lendemain matin, Jean demanda à son grand-père la permission de prendre la petite voiture pour conduire Yves au Château-du Fou.

La « petite voiture » était une sorte de duc ancien, déverni et abîmé, mais très commode.

— Tant que tu voudras !… — répondit le marquis.

Une heure plus tard, rencontrant Jean dans l’escalier, il lui dit :

— Tu diras à Anatole à quelle heure tu veux la voiture… Il vous conduira !…

— Nous n’avons pas besoin d’Anatole !… répondit Jean, — que la pensée de trimbaler le palefrenier entre son ami et lui, horripilait.

— Je ne peux pas te laisser conduire Caroline, tu ne conduis pas assez pour ça !…

Et comme Jean souriait, en pensant qu’il conduirait facilement Caroline, qui avait vingt-huit ans et était douce comme un mouton, le marquis vit qu’il était allé un peu loin et expliqua :

— Elle ne tient plus debout !… tu pourrais la laisser tomber !…

— C’est possible !… — dit Jean qui ne comprenait pas encore où son grand-père en voulait venir — mais je n’ai pas besoin non plus de Caroline… Joséphine suffira parfaitement… nous n’allons pas loin !…

Souvent on attelait la bourrique à la petite voiture. Elle était allante et trottait comme un cheval.

— Mais… fit le marquis contrarié — Joséphine ira comme une limace !…

— Nous ne sommes pas pressés !…

— Ton grand-père n’a pas l’air d’avoir envie de nous donner sa voiture, ni sa bourrique… — observa Yves qui sortait de sa chambre et avait assisté à la conversation.

— C’est vrai !… je n’y comprends rien !… Ordinairement grand-père est délicieux pour les gens qui sont chez lui… Il se met en quatre… il a toujours peur qu’on ne s’ennuie ou qu’on ne soit pas assez bien !… Enfin il est aimable et bon comme tout !… Maman disait toujours qu’elle avait cette sensation, elle qui n’est que sa belle-fille, d’être absolument chez elle quand elle est chez lui… Tout ça vient d’Anatole ! il ne veut pas que nous allions nous promener sans lui… mais pourquoi ?… Je ne vois pas quel intérêt il aurait, lui qui est paresseux comme une couleuvre, à nous conduire au Château-du-Fou… et ça, à l’heure de la sieste et des liqueurs ?…

A déjeuner, le marquis dit, avec un naturel mal joué :

— Vous n’allez pas avoir la petite voiture pour votre promenade, mes pauvres enfants !… Il y manque un boulon… nous ne nous en étions pas aperçus !…

— Ah ! bah !… — fit Jean, qui comprit aussitôt que le palefrenier avait dévissé un boulon pour empêcher la voiture de sortir.

Une chose l’agaçait surtout dans cette histoire. C’était la désinvolture avec laquelle son grand-père le traitait en imbécile. S’entendre conter des couleurs de cette force-là, semblait un peu excessif à Jean. En même temps il commençait à comprendre le jeu du palefrenier.

On s’étonnait dans le pays de Saint-Blaise, de ne plus voir venir aux vacances les enfants du vieux marquis. Et, très justement, on attribuait leur absence à la présence du soi disant régisseur. Si Anatole se promenait ostensiblement avec le petit-fils du marquis, les bruits fâcheux qui couraient se tairaient d’eux-mêmes. On ne dirait plus que les Erdéval ne voulaient pas se rencontrer avec l’homme, ni accepter plus longtemps la situation fausse où les mettait sa présence chez leur père.

« Mossieu Malansson » voulait être vu avec Jean et, inconsciemment, Jean avait refusé de servir ses projets.

Lorsque après le déjeuner les deux jeunes gens quittèrent le salon, le palefrenier ricana avec insolence en les regardant sortir.

— Tu l’as vu rire ?… — demanda Jean j’ai envie de lui fiche une pile !…

Yves de Bray le calma.

— Laisse donc !… à quoi ça servirait-il ?…

— A me soulager, d’abord… à le rendre plus poli, ensuite… Viens à la remise… nous verrons le boulon…

— Nous verrons la place du boulon, tu veux dire ?…

A l’instant où ils arrivaient aux communs, Miche sortait du potager, venant au-devant d’eux. Elle prit Jean par la main, ouvrit la porte de la remise et, conduisant le jeune homme auprès de « la petite voiture », lui montra la place où le boulon manquait. Puis elle fit mine de dévisser l’autre boulon, et de le mettre dans sa poche.

— C’est clair !… — dit Jean — elle a vu Anatole dévisser le boulon et le mettre dans sa poche… C’est exquis !… Saint-Blaise n’était déjà pas très rigolo en soi, mais à présent ça devient impossible !…

— Le fait est… — avoua Yves de Bray que ça n’est pas très aimable de t’avoir fait ça !… et quand tu as un camarade avec toi, surtout !…

— Mon pauv’vieux !… si j’avais su, je ne t’aurais pas amené !…

— Pour moi ça m’est bien égal, tu penses !… c’est pour toi que le procédé manque de grâce !

— Je ne reviendrai plus à Saint-Blaise !… Autrefois je pensais que notre présence aux uns ou aux autres ne déplaisait qu’à Anatole… à présent je crois qu’elle déplaît à grand-père aussi !… Toutes les dernières années où papa et maman sont venus, il y a eu quelque histoire entre Olivier, ou même les deux petits, et cette crapule… Il vaut beaucoup mieux, que, dorénavant, chacun reste chez soi !…

— Qu’est-ce qu’a donc Miche ?… — demanda Yves tout à coup — elle pleure !…

Jean se tourna vers la jeune fille.

— Miche ?… — fit-il en s’approchant d’elle — Miche ?… qu’est-ce que tu as, mon petit ?…

Il voyait toujours en elle la gosse qu’il avait prise sous sa protection douze ans plus tôt. Il entoura de son bras les épaules de Miche en répétant, affectueux et apitoyé :

— Dis ce que tu as, mon petit ?… voyons !… Tâche de me faire comprendre ?…

Alors Miche s’appuya sur Jean et cachant son visage contre lui se mit à sangloter nerveusement, tandis qu’il répétait étonné :

— Qu’est-ce qu’elle a ?… qu’est-ce qu’elle peut bien avoir ?…

— Elle a qu’elle t’aime, parbleu ?… et qu’elle t’a entendu dire que tu ne reviendras plus !…

Jean éloigna de lui la jeune fille et, la regardant au fond des yeux :

— Miche ?… — demanda-t-il — est-ce que tu as entendu ?… est-ce que tu entends ?…

Les grands yeux de Miche conservèrent leur même expression de profonde tristesse. Mais elle ne fit aucun signe, elle ne bougea pas.

— Tu vois bien !… — fit Jean — si elle entendait elle saurait nous faire comprendre qu’elle entend.

Miche ne pleurait plus. Elle entra dans la remise des charrettes, prit une brouette et s’éloigna de son pas souple et rythmé.

— Elle est extraordinaire !… — fit Jean.

— Elle t’adore, voilà tout !…

— Que non !… D’ailleurs, comme je ne reviendrai plus, c’est sans inconvénient !…

— Voyons ?… qu’est-ce que nous faisons ?… je n’ose pas t’offrir d’aller à pied au Château du-Fou ?…

— Mais si !… Allons !… ça m’est bien égal d’aller à pied ou autrement !…

Le soir, le grand-père et le petit-fils se trouvèrent seuls un instant :

— Il me déplaît, ton ami de Bray !… — dit le marquis.

Jean pensa :

— Anatole a travaillé !…

Mais il jugea inutile de rappeler au vieillard que, la veille au soir, il lui avait dit que son ami « était très gentil »