Mes paradis/Dans les remous/Ballade des méchantes étoiles


XCVI

BALLADE DES MÉCHANTES ÉTOILES


Ah ! les étoiles éternelles
Nous attirent comme un aimant,
Avec leurs étranges prunelles
De topaze et de diamant.
Où vont silencieusement,
Trouant la nuit aux sombres toiles,
Ces abeilles d’or essaimant ?
Ne regarde pas les étoiles.

Car ces mystiques sentinelles
Versent dans nos cœurs le tourment
De l’infini qui luit en elles.
Nous qui passons, nous consumant
Parmi des rêves d’un moment,

Cela nous fait froid dans les moelles.
Qui veut vivre tranquillement
Ne regarde pas les étoiles.

Comme des femmes criminelles
Elles ont un regard charmant.
Chantant de douces ritournelles,
Elles disent qu’en les aimant
On sait le pourquoi, le comment,
Et qu’on peut soulever leurs voiles.
Mais ce n’est pas vrai. Leur voix ment.
Ne regarde pas les étoiles.

ENVOI

Prince, au gouffre du firmament
Ces dorades-là sont des squales
Dont nos raisons sont l’aliment.
Ne regarde pas les étoiles.