Puisque la guerre est nécessaire
Entre frères cohéritiers,
En guerre, alors ! Qu’on se lacère !
Mais sans faiblesse et sans quartiers !
Lois du droit des gens, vous mentiez.
À nos instincts de cannibales
Ruons-nous, francs et tout entiers.
Tords ta lame et mâche tes balles.
Doux rêveurs dont le cœur se serre
À ce massacre, et qui tentiez
D’unir l’un et l’autre adversaire
Au nœud des tendres amitiés,
Parmi les vacarmes altiers
Des cuivres, tambours et cymbales,
Meurt la chanson que vous chantiez.
Tords ta lame et mâche tes balles.
La guerre vous tient dans sa serre,
Vous aussi, qui la combattiez.
L’apôtre est le bouc émissaire
Qu’immolent d’abord les routiers.
Ils prouveront que vous étiez
Des traîtres, fauteurs de cabales,
Et vous tueront comme émeutiers.
Tords ta lame et mâche tes balles.
ENVOI
Prince, adieu les vaines pitiés
Où pour ton frère tu t’emballes !
Et puisqu’il faut que vous luttiez,
Tords ta lame et mâche tes balles.