Matelot (1892)
Alphonse Lemerre, éditeur (p. 194-195).
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XLIII


Et Madeleine, dans la petite ville où sa vie, sans doute, allait continuer de s’écouler monotone, l’oublierait-elle bientôt, son ami, une fois mariée à quelque autre ?…

Ou bien, qui sait, dans la suite de ces printemps qui finiraient par la flétrir, en regagnant son logis, aux crépuscules de mai, par ces rues toujours les mêmes, par cette avenue de tilleuls toujours solitaire, serait-elle hantée du souvenir de Jean et de son image, lente à disparaître ; reverrait-elle quelquefois, à la tombée des soirs attiédis, sous l’obscurité des verdures renouvelées, une ombre adossée aux troncs de ces arbres continuellement pareils, — l’ombre jeune de celui qu’elle avait aimé ?…

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