Martin l’enfant trouvé ou les mémoires d’un valet de chambre/VI/12

XII


CHAPITRE XII.


le père et le fils.


Je restai quelques minutes absent.

Le docteur Clément avait sans doute profité de mon absence pour parler à son fils de la visite matrimoniale que lui avait rendue M. Dufour, le millionnaire d’Évreux : car lorsque je rentrai, le capitaine Just disait :

— Jamais, mon père. Mlle Dufour est charmante ; mais je n’y ai aucunement songé, d’ailleurs, j’ai toujours pensé comme toi, que le mariage sans la possibilité d’un divorce libérateur ou vengeur n’était pas un lien équitable, mais une lourde chaîne dont la femme supportait presque seule tout le poids.

— Mon enfant, — dit le vieillard à son fils, après avoir d’un signe de tête approuvé ses paroles et pris de mes mains le registre, — tu trouveras dans ce livre, — et il le remit au capitaine, — le total exact de l’argent que j’ai gagné depuis quarante et tant d’années… Cela s’élève à deux millions sept cent et quelques mille francs… qui… si je les avais placés, comme on dit, me feraient à cette heure une fortune de cinq à six millions.

— Tu as gagné tant que cela ? — s’écria le capitaine Just dans son orgueil filial — et par ton seul travail ?

— Oui… par mon seul travail,… mon enfant aimé… tu trouveras dans ce registre l’emploi que j’ai fait de ces sommes considérables…

— Me rendre compte de ton bien ? à moi, ton fils ? à cette heure ? — répondit le capitaine, avec un accent de surprise pénible et de désintéressement sublime — à quoi bon ? Ne m’as-tu pas donné un état, et assuré plus qu’il ne me faut pour vivre ?

— Ce n’est pas de mon bien… que je dois te rendre compte,… mon enfant, mais de mes actes.

— De tes actes ?

— Écoute-moi… je t’ai toujours tendrement aimé,… je te l’ai prouvé,… mais tu avais des milliers de frères en humanité,… pauvres enfants délaissés par une société marâtre, et pourtant remplis d’intelligence, de cœur, de courage, de bon vouloir… Il ne leur manquait que les moyens, que les instruments de travail : un peu de loisir et d’argent pour se faire un nom dans les arts… dans les lettres… dans les sciences…

Just regarda son père avec un étonnement mêlé d’admiration ; il commençait à comprendre.

— Quand un de ces pauvres déshérités m’était signalé — poursuivit le vieillard — je m’assurais sévèrement qu’il méritait assistance,… et il était assisté,… non pas en mon nom… mon enfant… mais au tien… au nom de Monsieur Just… afin que ton nom fût béni !…

Just ne trouva pas un mot à répondre ; de généreuses larmes coulèrent de ses yeux.

Le docteur continua :

— Si au lieu de te laisser après moi… oisif et riche à millions… je te laisse une modeste aisance, un avenir assuré et une noble carrière que tu honores, mon cher enfant, c’est que j’ai obéi à une pensée qui devrait être inscrite au front de l’édifice social… Cette pensée, la voici : nul n’a droit au superflu… tant que chacun n’a pas le nécessaire… C’est donc parce que j’ai donné le nécessaire à des milliers de tes frères en humanité, mon enfant, que je ne te laisse pas de superflu. Tu sais maintenant l’emploi de notre fortune.

Il m’est impossible de rendre la grandeur et la simplicité de cette scène, la majesté de la parole et de la physionomie du vieillard, l’admiration religieuse avec laquelle son fils l’écoutait encore, alors qu’il avait cessé de parler.

Quant à moi, cette scène imposante me frappait doublement… je comprenais, j’admirais d’autant plus la pensée austère du docteur Clément, qu’involontairement je pensais à la vie passée du malheureux Robert de Mareuil… à la vie à venir du vicomte Scipion… ces deux victimes de l’oisiveté… conséquence presque fatale d’un opulent héritage.

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— Just… ai-je bien fait ? — dit le vieillard.

— Oh ! le plus glorieux des héritages ! — s’écria le capitaine Just avec transport, en baisant pieusement le vieux registre que lui avait remis le docteur. — Merci, mon père… je me sens grandir avec toi !

— Viens… viens… mon noble et digne enfant ! — s’écria le docteur saisi d’une émotion ineffable, en tendant ses bras à son fils qui s’y jeta…

Et tous deux restèrent un moment étroitement embrassés.

Bientôt le docteur, s’adressant à moi et à Suzon, nous dit avec bonté :

— Laissez-nous, mes amis… j’ai à parler à mon fils… Je n’oublierai pas ce qui te regarde, Martin…

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Nous avions quitté mon maître et le capitaine Just depuis une demi-heure environ, lorsque le bruit précipité d’une sonnette, venant de la chambre du docteur, nous appela. Suzon et moi nous courûmes en hâte, notre maître expirait.

— Ma bonne Suzon… — dit-il d’une voix éteinte, — je n’ai pas voulu… m’en aller… sans te dire… merci… de tes soins… Mon fils se chargera de toi… allons… au revoir…

— Oui… va… et à bientôt… — dit Suzon en sanglotant et se jetant à genoux ; elle colla ses lèvres sur la main du vieillard.

— Et à toi aussi… Martin… — me dit-il, — j’ai voulu te dire adieu… Tout est convenu avec mon fils… ton indépendance est assurée… et si tu gardes… un bon souvenir de moi… fais pour… qui tu sais bien… ce que tu ferais pour ma fille… Allons… ta main… aussi…

Et, portant à mes lèvres avec une vénération filiale cette main déjà glacée, je m’agenouillai de l’autre côté du lit.

— Just… mon bien aimé Just… — dit le docteur Clément d’une voix expirante, et la physionomie illuminée par un dernier éclair de bonheur, — mon tendre fils… grâce à toi… je m’en vais bien heureux… au revoir… mon fils chéri…

Mon fils… ce fut le dernier mot du vieillard.

Quelques secondes après, le capitaine Just fermait pieusement les paupières de son père…

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La mort du docteur Clément me laissa des regrets douloureux. Malgré ses pressantes recommandations, si bien d’accord avec mon ardent désir d’entrer au service de Régina, je ne voulus pas prendre cette détermination sans consulter Claude Gérard ; je me rendis auprès de lui, dans le village qu’il habitait aux environs d’Évreux. Je lui racontai ma vie depuis notre séparation ; le redoublement d’affection qu’il me témoigna en suite de ce récit, me paya de toutes mes souffrances passées ; il me parut fier et heureux de voir de quel puissant secours m’avaient toujours été ses enseignements de morale pratique, au milieu de mes luttes pénibles contre le sort.

Quant à ce qu’il y avait de pur, d’élevé dans mon amour pour Régina, Claude devait y sympathiser d’autant plus, qu’il aimait passionnément et qu’il devait bientôt épouser une pauvre et charmante jeune fille, habitante du village où il était instituteur. Le père de sa fiancée, originaire de Sologne, où il avait des parents métayers, était depuis long-temps établi dans la commune ; il y exerçait la profession de voiturier ; je vis plusieurs fois cette jeune fille ; elle me parut, par sa douceur, par sa grâce naturelle, par sa beauté ingénue, mériter l’amour de Claude ; il me parla d’ailleurs avec admiration des qualités de cœur dont elle était douée ; de ma vie je n’avais vu Claude aussi profondément heureux ; j’étais presque ébloui des mille radieux bonheurs qu’il attendait de cette union pourtant bien pauvre ; sa fiancée lui apportait en dot sa beauté, son bon cœur, son habitude d’une vie rude et laborieuse.

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Claude ne douta pas que mes lettres n’eussent été méchamment interceptées par la misérable haine des ennemis qu’il avait laissés dans la commune où ma première jeunesse s’était écoulée près de lui ; car quittant ces lieux le surlendemain de mon départ pour Paris, il avait donné sa nouvelle adresse à quelqu’un sur la fidélité de qui il croyait pouvoir compter ; cependant mes lettres, au lieu de parvenir à Claude par cette voie, furent détournées, perdues ou envoyées à une fausse adresse.

Si Claude Gérard avait des ennemis et des envieux, il comptait aussi quelques amis, grâce à l’élévation de son caractère ; parmi ceux-là s’était trouvé le médecin en chef de la maison d’aliénés, où avait été d’abord renfermée la femme folle, entourée par Claude d’une si touchante sollicitude, et qui, un jour… victime du brutal égarement et de l’ivresse de Bamboche, avait mis au monde une petite fille.

Grâce à la puissante intervention du médecin ami de Claude, l’enfant et sa mère toujours insensée avaient été transférées à Évreux, ville voisine du village où l’instituteur exerçait ses fonctions.

À la folie d’abord furieuse de cette infortunée avait succédé une démence inoffensive… Entr’autres manies bizarres, elle portait toujours avec elle, attaché à sa ceinture, un de ces petits coffrets ronds, recouvert de drap, sur lequel travaillent les ouvriers en dentelle, et elle agitait presque constamment ses doigts sur ce coffret, comme si elle eût mis des fuseaux en mouvement ; sauf cette aberration d’esprit, la voyant de plus en plus calme, espérant que la vue de sa petite fille opérerait peut-être sur elle une révolution salutaire, le médecin ménagea cette rencontre dans la maison d’une paysanne chez qui Claude Gérard avait placé l’enfant ; en effet, quoique la pauvre mère ne parût pas reconnaître sa fille, elle ressentit à son aspect un grand attendrissement, pleura beaucoup en la tenant embrassée… puis à ces larmes succéda une sorte d’abattement pensif, à travers lequel le médecin crut voir poindre quelques lueurs de raison ; satisfait de cette première expérience, il se promit de la renouveler.

Ce fut lors de cette seconde entrevue de la folle et de sa fille, entrevue qui se passa dans le petit jardin de la nourrice, que Bamboche sans doute aux aguets et profitant d’un moment où la malheureuse mère était restée seule avec sa petite fille, enleva celle-ci, et, chose inexplicable, déroba aussi le coffret à dentelles que la folle portait constamment avec elle.

Ensuite de quels événements Bamboche se trouvait-il dans ce pays ?

Comment avait-il acquis la certitude que cette enfant était la sienne ?

Dans quel but avait-il dérobé ce coffret, objet de nulle valeur ?

Je ne pus rien savoir sur toutes ces questions, car les recherches de Claude à ce sujet avaient été vaines, et lors de la scène du vol chez le docteur Clément, Bamboche ne m’avait donné aucun détail ; et enfin, la veille du jour où j’étais allé rejoindre Claude Gérard, Bamboche m’avait écrit qu’il n’avait besoin de rien, ni pour lui ni pour sa fille, qu’un hasard heureux était venu à son secours, qu’il s’éloignait, content de m’avoir prouvé que lui aussi savait être fidèle aux serments de notre enfance.

Claude Gérard et moi, cruellement affligés de savoir cette pauvre enfant aux mains de Bamboche, nous nous promîmes de tout tenter chacun de notre côté, afin d’en avoir quelques nouvelles.

J’eus, au sujet de Régina, de longs et graves entretiens avec Claude Gérard ; je ne lui cachai rien ; ni la part que j’avais prise à la ruine des méchants desseins de Robert de Mareuil, ni comment j’avais découvert la bizarre dépravation du prince de Montbar, ni cette menace du comte Duriveau : Cette femme m’a dédaigné ; à tout prix je me vengerai, ma vengeance marche… menace effrayante de la part d’un homme de ce caractère… Je ne cachai pas non plus à Claude les craintes que l’avenir de Mme de Montbar avait inspirées au docteur Clément, et la reconnaissance de ce dernier, lorsque, sous le sceau du secret, je lui eus demandé comme une faveur inespérée les moyens d’entrer au service de la princesse.

À mon grand étonnement, Claude m’apprit sur Régina beaucoup de choses que j’ignorais, et qui augmentèrent encore mon intérêt pour elle ; toutes ces particularités, Claude les tenait du capitaine Just.

Ces deux hommes, une fois rapprochés par le hasard, s’étaient trouvés tant de points de contact, qu’ils se lièrent bientôt d’une étroite amitié. Venant un jour à parler de l’ignoble esprit de négoce et de la cupidité sordide qui, de par l’autorité paternelle, préside presque toujours aux mariages des jeunes filles riches, pauvres créatures ainsi mariées sans amour, sans désirs, sans foi dans l’homme qu’elles épousent, sans respect pour un lien qu’aucune sympathie ne resserre, et forcées de choisir entre une vie morne, froide qui glace le cœur, ou l’entraînement des passions coupables. À propos de jeunes filles, le capitaine Just cita comme type de beauté, de charme, d’esprit et de vaillance une jeune personne que son père, le docteur Clément, connaissait depuis longues années… Mlle Régina de Noirlieu…

Claude écouta son nouvel ami avec un redoublement d’attention, mais sans laisser pénétrer l’intérêt qu’à cause de moi il portait à Régina. Le capitaine Just lui apprit que l’un des plus grands chagrins de Mlle de Noirlieu résultait de l’éloignement que lui témoignait son père, qui l’avait pourtant idolâtrée pendant son enfance et sa première jeunesse : l’injuste accusation qui pesait encore sur la mémoire de la mère de Régina, était le seul motif de l’aversion du baron de Noirlieu, qui avait cru découvrir, depuis peu d’années, que Régina n’était pas sa fille. La baronne de Noirlieu avait cependant dit en mourant : — « Un serment m’oblige à me taire… même à cette heure suprême ; mais, un jour, mon innocence sera reconnue. » Les espérances de Régina à propos de la réhabilitation de la mémoire de sa mère, étaient-elles basées sur ces seules paroles ou sur des faits plus précis ? Claude ne put m’en instruire. Se souvenant de la tendresse dont son père l’avait d’abord entourée, Régina l’aimait toujours, l’aimait d’autant plus qu’elle le voyait en proie à une douleur farouche, incurable, qui le minait sourdement ; ayant la conscience de l’innocence de sa mère, Régina poursuivait sa réhabilitation de vœux ardents, parce que cette réhabilitation devait aussi lui rendre le cœur de son père. Dans l’espoir d’attendrir cet homme inexorable qui, dans la bizarrerie de sa douleur, n’avait pas voulu voir sa fille depuis son mariage, chaque jour Régina se rendait chez son père, sollicitant, mais en vain, à sa porte, la permission de le voir ; à chaque refus, elle opposait une patiente espérance, et, sans jamais se lasser d’être rebutée, elle revenait le lendemain, toujours respectueuse et résignée.

Quant au suicide de Robert de Mareuil, et au mariage de Régina avec le prince, ces faits furent ainsi expliqués à Claude par le capitaine Just, selon les bruits du monde :

Mlle de Noirlieu, ayant aimé M. de Mareuil dès son enfance, lui avait promis de n’être jamais qu’à lui ; cependant l’éloignement, l’absence, le silence absolu du comte, peut-être aussi de vagues rumeurs sur la dissipation de sa vie stérile et prodigue, avaient refroidi chez Régina les ressentiments de ce premier amour.

Le baron de Noirlieu, ayant hâte de marier sa fille, dont la présence lui pesait douloureusement, lui proposa plusieurs partis, entre autres le prince de Montbar et le comte Duriveau. Si, malgré l’incompréhensible obsession de son père, Régina refusa obstinément M. Duriveau, sans agréer davantage les soins du prince, elle fut cependant frappée du charme et de l’esprit de M. de Montbar. Vers cette époque, M. de Mareuil vint rappeler à Régina une promesse sacrée ; la loyauté chevaleresque de cette jeune fille, la vue et probablement la correspondance de celui qu’elle avait aimé dès son enfance, fixèrent sa résolution : elle déclara à son père qu’elle voulait épouser Robert. Le baron de Noirlieu fut inflexible, malgré les prières, les supplications de Régina. Soudain l’on apprit le suicide de M. de Mareuil, suicide inexplicable et inexpliqué pour tout le monde, excepté pour Régina, pour moi, et pour les complices des ténébreuses machinations de Robert.

Un moment éloignés par la force des circonstances, M. Duriveau et M. de Montbar renouvelèrent leurs instances auprès de Mlle de Noirlieu. Toujours sincère, elle ne cacha pas à M. Duriveau sa profonde antipathie, et dit à M. de Montbar :

— « Liée par une promesse sacrée, j’ai dû refuser de vous épouser ; un funeste événement m’a rendu libre ; j’accepte l’offre de votre main, et vous pourrez compter sur un cœur loyal et digne de vous. » Le prince, passionnément épris de Régina, parvint à surmonter la résistance du baron de Noirlieu, qui tenait toujours pour M. Duriveau, et, au dépit furieux de celui-ci, le mariage eut lieu.

Pendant six mois la princesse de Montbar parut la plus heureuse des femmes ; mais au bout de ce temps, une grande froideur régna tout-à-coup entre le prince et sa femme ; celle-ci tomba dans une mélancolie profonde dont le docteur Clément avait été douloureusement alarmé ; le prince parut aussi pendant quelque temps sombre, agité, car il adorait, disait-on, sa femme… Puis à cette tristesse succéda chez lui une indifférence, réelle ou feinte ? on ne savait.

La santé de la princesse s’altérait de plus en plus… lorsque, environ deux mois avant la mort du docteur Clément, un changement extraordinaire se remarqua dans les habitudes de Mme de Montbar ; elle avait depuis longs-temps vécu retirée, dans une solitude presque complète ; soudain elle rechercha le tumulte des fêtes ; jeune, spirituelle, charmante, la princesse de Montbar fut bientôt une des femmes les plus entourées de Paris ; les hommes à la mode se disputèrent ses moindres préférences, mais la médisance continua de respecter la vie de Régina.

La position de la princesse de Montbar, ainsi résumée dans nos entretiens avec Claude Gérard, il approuva, il encouragea ma résolution. Je devais, selon lui, poursuivre jusqu’au bout mon œuvre de dévoûment ignoré de Régina, dévoûment qui m’était alors doublement imposé et par mes propres sentiments et par le vœu suprême du docteur Clément, dont la bonté généreuse m’avait mis pour toujours au-dessus du besoin.

« Une fois cette œuvre accomplie, autant qu’il aura été en toi de l’accomplir, — me dit Claude Gérard en nous quittant, — tu reviendras auprès de moi ; nous ne nous séparerons plus, et puisque tel est ton désir, tu partageras ces travaux d’enseignement qui, par les résultats que j’obtiens, me deviennent de jour en jour plus chers… Si tu éprouves quelque doute sur ta ligne de conduite, si tu as besoin de quelques avis, écris-moi… Mon sentiment du juste et du bien, joint à ma paternelle affection pour toi, guideront sûrement mes conseils. »

Fort de l’appui et de l’approbation de Claude Gérard, je le quittai avec une foi nouvelle et profonde dans la mission que je devais accomplir, et qui pour moi se résumait ainsi :

— Déjouer la vengeance du comte Duriveau.

— Rendre à Régina l’affection de son père.

— Concourir à la réhabilitation de la mémoire de sa mère.

— Ramener le prince à ses pieds…

— Voir enfin la princesse de Montbar heureuse… complètement heureuse.

Tâche immense, impossible, si je jugeais d’après le peu de moyens d’action dont, hélas ! je pouvais disposer, moi, si humble, si obscur, si infime…

Tâche réalisable peut-être, si j’en croyais cette foi dans mon amour qui pouvait, comme la foi dont parle l’Évangile, transporter des montagnes…

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