, Léon Wouters
Union des Villes et Communes belges (p. 53-62).


23. LES LOCAUX ET LE MATÉRIEL.

231. Les locaux.

Situation. — 1. Situation centrale. — 2. Exposition à l’Est : le Midi favorise l’éclosion des insectes et l’Ouest engendre l’humidité. — 3. Éviter le voisinage de la poussière et ce qui peut la faire naître. — 4. Éviter un voisinage bruyant. — 5. Éviter, pour les dépôts de livres, les rayons du soleil qui abiment les reliures et jaunissent le papier.

Architecture et décoration. — L’aspect extérieur et intérieur doit être riant. La décoration des salles, l’architecture des bâtiments méritent toute l’attention. Importance d’une ornementation artistique de bon goût. Des œuvres admirables ont été réalisées en Angleterre et en Amérique. (Voir les ouvrages spéciaux.) — L’idéal est un immeuble séparé, dans un jardin. Prévoir l’avenir, les agrandissements.

Types des locaux. — Selon les lignes d’un développement progressif, on peut passer par les stades suivants :

1° Simples rayons dans une salle ayant une autre destination. (Par ex. : salle d’École) ; 2° Salle unique mais exclusivement consacrée à la bibliothèque ; 3° Appartement. (Salle de lecture, magasin, vestiaire) ; 4° Bâtiment spécial entièrement consacré à la bibliothèque ; 5° Complexe de bâtiments affectés à toutes les institutions post-scolaires et sociales et dont la bibliothèque soit le centre. (Ex. : La maison de tous, le mémorial de la guerre aux États-Unis.)

Composition des locaux. — Il y a lieu de prévoir une ou plusieurs salles de lecture ; une ou plusieurs salles de dépôt, une salle de manutention (arrivage et, éventuellement catalogage), un cabinet pour le chef bibliothécaire, vestiaires pour les lecteurs et pour le personnel, avec remisage de bicyclettes ; installations sanitaires et lavabos (importance de la propreté).

Rayons et magasin de livres. — Systèmes divers suivant l’étendue des collections : 1° Rayons disposés dans la salle de lecture ; en hémicycle, pour permettre l’accès libre des rayons tout en facilitant le contrôle ; 2° Rayons placés dans une salle voisine, à l’abri du vol et de la poussière ; 3° Rayons placés dans des salles éloignées, s’il est nécessaire, mais mis alors en communication facile par monte-charge, téléphone, etc.

L’Éclairage. — Lumière naturelle abondante, sans point d’éblouissement ; lumière venant d’en haut ou de gauche. — Lumière artificielle : électricité bien tamisée, (verre mat ou abat-jour), ou gaz avec bec à incandescence. La meilleure lumière est l’électricité : le gaz endommage les livres. — Arranger les tables des lecteurs de manière qu’elles reçoivent le maximum de lumière sur toute leur surface. Éviter que l’ombre d’un lecteur soit projetée sur la place occupée par un autre lecteur. Laisser assez de place pour que les lecteurs, en passant, ne dérangent personne. — Éviter de placer les rayons à contre-jour. Quand la lumière vient de côté, les rayons doivent être placés le long des murs ; si la lumière vient d’en haut, on peut les placer en alcôve ou perpendiculairement aux murs. Des rideaux doivent intercepter les rayons du soleil trop fort.

Le Chauffage. — Précautions contre l’incendie, la poussière, l’air trop sec. Température élevée préjudiciable au travailleur intellectuel (18° maximum). Le chauffage par radiateurs à eau chaude est le meilleur. Les feux ouverts sont dommageables pour les livres.

L’Aération. — Elle se fait par les fenêtres pour les salles occupées par les personnes. Trous d’aérage et ventilateurs électriques. On a construit récemment des magasins hermétiquement clos, dont l’air était renouvelé seulement par des ventilateurs (envoi d’air purifié de toute poussière.)

Nettoyage. — Précautions contre la poussière. Avantages des aspirateurs de poussière par le vide. (Voir n° 273.)

232. Le matériel, le mobilier et les accessoires.

Le matériel est constitué par l’ensemble des éléments qui, en dehors des livres eux-mêmes sont indispensables à la bibliothèque : tables et sièges, rayons, fichiers et classeurs.

Quelques principes généraux guideront le choix :

Se contenter de ce qu’on a si l’on ne peut avoir mieux. Mobilité et interchangeabilité des parties. Choix d’un type complet, standardisé, pouvant se multiplier indéfiniment et réserver le plus de place. Simplicité, confort, bon goût, parfait état d’entretien.

Sièges : Sièges mobiles, rondelles de buffle ou de feutre sous les pieds pour supprimer le bruit. La chaise avec dossier est désirable au lieu des bancs trop fatigants. Le fauteuil à dossier bas, prenant les reins, et donnant un support aux bras, est recommandable.

Tables : Tables de bois vernies, lavables à l’eau. Éviter les unités trop grandes se prêtant mal aux arrangements et changements. Pupitre pour la lecture debout recommandable.

Rayons. — Il y a plusieurs espèces de rayons (corps de bibliothèque, casiers) :
xxxxxA. — Rayons fixes. Tenons, mortaises ou tasseaux.
xxxxxB. — Rayons mobiles. Crémaillères ou clavettes.
xxxxxC. — Rayons extensibles : Système économique en bois, à sections démontables.
xxxxxD. — Bibliothèque roulante, par rail suspendu, largeur maximum de rayon, un mètre, rayon double face. Réalise un magasin compact de livres, utilisant jusqu’aux deux tiers du cube de l’espace dont on dispose (type de la Bibliothèque choisie.)
xxxxxE. — Armoires pour documents précieux. Les desiderata concernant les rayons, sont les suivants :
xxxxx1° Hauteur maximum : accessible sans escabeau (2 mètres) ;
xxxxx2° Nombre maximum de rayons superposés (6 ou 7) ; xxxxx3° Adaptation des rayons à la hauteur des ouvrages ;
xxxxx4° Enlèvement facile des rayons avec leur contenu ;
leur interchangeabilité ;
xxxxx5° Divisibilité par fractions unitaires ;
xxxxx6° Démontage et remontage aisé et rapide.
xxxxx7° Solidité et incombustibilité. (Ex. entièrement en métal ou montants en métal, rayons en verre coulé, ardoise, bois sec.)
xxxxx8° Porte-étiquettes adaptés aux rayons ;
xxxxx9° Support des livres sur les rayons empêchant que les ouvrages ne se renversent ;
xxxxx10° Modération des prix.


Corps de bibliothèque.
Système à rayons mobiles, montants métalliques, tablettes en tôle ou en bois.

Fiches et Fichiers.
xxxxxxLa fiche est un feuillet de papier de dimensions déterminées, toujours les mêmes et sur lequel on inscrit un renseignement tenu pour unité d’un ensemble formant collection de renseignements similaires. Cette collection, bien aménagée, constitue un répertoire, lequel est disposé selon un certain ordre de classement arrêté à cet effet.

L’emploi des fiches permet l’intercalation indéfinie de nouveaux renseignements, tout en leur assurant un classement parfait. Il facilite aussi la rectification des erreurs ou omissions ; il force l’attention de celui qui les consulte à se porter individuellement et sans distraction, sur chaque renseignement. Le format universel des fiches adopté par les Congrès, est
0 m. 125 sur 0 m. 075, placement dans le sens de la plus grande largeur.


Type de fiche blanche

Les fiches sont perforées au talon afin de pouvoir être maintenues en place, soit par tringle mobile, dans les fichiers ou classeurs, soit par un cordonnet, lorsqu’on se borne à les liasser ou à les réunir dans des carnets de poche.

En principe, la fiche est blanche. Les sous-multiples de la fiche, par pliage et découpage, servent aux étiquettes a) demi-fiche pour les cartons classeurs à brochure, b) ¼ pour les tiroirs classeurs, c) ¼ en long pour les étiquettes de rayons, d) pour les étiquettes de volumes.

Les fichiers permettent de former de véritables livres à reliure mobile. Ils sont de toutes grandeurs, depuis le carnet de poche, les petits baquets de


Fichier à deux tiroirs

Fiches liassées.

Fiches en carnet.


table et le classeur à deux tiroirs jusqu’au type maximum qui comprend 72 tiroirs.

Des fiches de couleur, plus hautes et diversement découpées (becs ou encoches) servent à marquer, d’une manière ostensible, les subdivisions que l’on introduit dans les répertoires. Elles sont intercalées de distance en distance, selon les besoins, dans la série des fiches qui portent les renseignements eux-mêmes.


Types de fiches divisionnaires. — Type C, à bec.

Types de fiches divisionnaires. — Type D, à encoches.

Pour les Archives documentaires et pour les Archives administratives, on adopte le format 0,275 x 0,215. Les feuilles ou les pièces de ce format, ou celles ramenées par pliage à ce format, sont déposées dans des chemises (dénommées improprement fardes) formant portefeuille ou dossiers. Ceux-ci sont disposés dans des classeurs (tiroirs, cartons, ou caisses en bois) à classement vertical, comme les fichiers. De grandes fiches divisionnaires en carton servent à y marquer le groupement.


Classeur vertical. Tiroirs pour dossiers.

Simplifications. — Avec des ressources moindres on simplifiera le matériel :

1° pour les livres : simples planches de voliges, sectionnées à la longueur d’un mètre et montées en étagères fixes ;

2° pour les catalogues et répertoires sur fiches : boîtes en bois blanc ou en carton ; fiches blanches en papier ordinaire au lieu de bristol ou cellulose : fiches divi sionnaires découpées aux ciseaux et faites de fort papier d’emballage ou de couverture, couleurs conventionnelles indiquées par des marques aux crayons de couleur.

3° Pour les dossiers documentaires : cartonniers ordinaires à placement horizontal ou portefeuilles à cordons placés sur les rayons comme les livres. Ces derniers, au moment de la consultation, se placent dans un baquet à parois inclinées, ce qui réalise les mêmes conditions que le classement vertical.

235. L’Installation.

Possédant les locaux, possédant le matériel et le mobilier, il reste à procéder à l’installation. Celle-ci consiste à créer la meilleure organisation matérielle des objets, en vue de leur destination. Un plan judicieux présidera à la disposition des tables, des chaises, des rayons, au choix, de ce qui devra être rassemblé ou éloigné. Par exemple, il y aura des livres de référence dans la salle de lecture, le catalogue sera à portée des lecteurs, le personnel de la bibliothèque sera assis à la place la plus favorable pour le contrôle et l’assistance, etc.