, Léon Wouters
Union des Villes et Communes belges (p. 50-52).


22. LES MÉTHODES. LA TECHNIQUE BIBLIOTHÉCONOMIQUE.

221. Importance des méthodes.

La question des méthodes domine l’art des bibliothèques comme elle domine l’art de toutes les autres disciplines. Par les méthodes, le bibliothécaire est nanti des moyens qui lui donnent sa compétence et sa technicité.

222. Principes de la technique.

La technique repose sur ce principe fondamental : appeler à l’existence réelle des conceptions et des idées, en tenant compte des conditions de l’espace et du temps. Les opérations dans la bibliothèque s’inspirent de ce principe et peuvent ainsi être définies une distribution adéquate des objets, des ressources et des énergies, selon le lieu et le moment. « À vrai dire, dit E. Coyecque, tout est technique, en d’autres termes, pour faire une chose et pour la bien faire, il faut avoir appris à la faire. »

Toute technique, pour guider efficacement l’action, doit être fondée sur la science de l’objet dont elle s’occupe. La technique des bibliothèques doit reposer sur la science bibliologique.

223. Les systèmes et leur choix.

La science bibliologique est une ; elle est objective, elle décrit ce qui existe, elle explique ce qui est par une systématisation théorique quelle s’efforce de rendre simple et une. La pratique ou application de cette science par la Bibliothéconomie n’a pas, nécessairement, cette unité. Il est diverses manières d’atteindre un même but, diverses méthodes pour opérer un même travail. Aucune méthode ne saurait être parfaite, car elle est humaine, mais il y a des méthodes supérieures les unes aux autres. Pour élaborer une méthode et pour juger de sa valeur, il est nécessaire de bien concevoir le but à atteindre, de définir ses conditions et desiderata, de considérer ensuite les moyens possibles et, enfin, de choisir, parmi eux, celui qui offre le maximum d’avantages et le minimum d’inconvénients.

Un enseignement ne saurait être confondu avec une instruction de réalisation. Un enseignement doit faire connaître les principales méthodes sans en imposer aucune. Au contraire, les instructions nécessaires pour effectuer un travail doivent éliminer et toute théorie, laquelle est supposée connue, et toutes les variantes autres que celle qui est adoptée et tous les détails de cette variante jugés superfétatoires pour le but à atteindre. Mais qu’il s’agisse d’une pure conception, comme dans l’enseignement ou d’une application concrète comme la réalité d’une bibliothèque déterminée, un principe devra toujours dominer. Les méthodes doivent être rationnelles et systématiques. Elles se distinguent par là de l’empirisme et des simples « recettes ». Tout doit y être raisonné à fond et dans le plus petit détail, rien ne doit être abandonné à l’arbitraire et au hasard. Une bibliothèque se construit, s’organise et s’administre comme on conçoit, on construit et on conduit une machine. Elle est elle-même une grande machinerie dont toutes les pièces sont choisies, mesurées, disposées, agencées en vue des buts à atteindre. Toute méthode à mettre en œuvre constitue ainsi un système dont chaque élément réagit sur tous les autres, suivant sa logique propre et les nécessités qui lui sont inhérentes. C’est l’unité du système adopté qui doit déterminer les sélections et les éliminations. La pire des méthodes est celle qui est bâtarde et réunit des éléments au hasard.

Les méthodes, étudiées objectivement, doivent donc conduire à la détermination de systèmes, fragmentaires et particuliers d’abord, d’un système général ensuite. Ce système sera l’image intellectuelle de la formation et du fonctionnement de la Bibliothèque et, inversement, celle-ci ne sera que la réalisation matérielle, à la fois statique et dynamique, d’une telle image. Ainsi conçues, les diverses méthodes enseignées doivent tenir compte, à titre historique ou comparatif, de toutes les méthodes principales. Elles doivent aussi être un stimulant à l’invention de nouveaux perfectionnements qui pourront être incorporés au système préconisé.

Tels sont les rapports entre la théorie et la pratique, entre les méthodes, le système général et le système particulier adopté pour une bibliothèque déterminée et décrit dans les instructions de celle-ci.

L’enseignement, bien compris, a donc avantage à reposer sur un système général, mais à condition que soit bien comprise toute la « relativité » de ce système, à condition qu’il se présente avec toute la souplesse voulue pour s’adapter à toutes les circonstances propres à des bibliothèques déterminées.

Mais quel que soit le système adopté dans une bibliothèque, l’essentiel c’est qu’il y ait un système, qu’il soit appliqué et qu’on s’y tienne. Le système exposé dans ce cours, tout en ne concernant que les bibliothèques publiques de petite et de moyenne importance, repose sur les méthodes de l’Institut International de Bibliographie. À l’aide de ses congrès, commissions et sections, cet institut s’est efforcé de dégager un système universel et international, unifié et standardisé, susceptible en matière de bibliographie et de documentation, de réaliser partout l’ordre nécessaire, de faciliter la coopération et de rendre possible une organisation générale du livre.