CHAPITRE IV.

Pliage.

Après l’assemblage, les feuilles doivent être pliées de telle sorte que leurs pages se suivent exactement d’après l’ordre indiqué par leurs folios. Ce travail, qu’on nomme pliage, est généralement exécuté par des femmes appelées plieuses. Il exige, de la part de ces ouvrières, beaucoup de soin et d’attention, sans quoi il pourrait en résulter des transpositions qui obligeraient à interrompre la lecture, ou des omissions qui la rendraient impossible. D’ailleurs, un pliage négligé déprécie l’ouvrage le plus splendidement relié. Heureusement, il n’est pas difficile d’éviter ces divers inconvénients. Il faut pour cela que la plieuse, à mesure qu’elle travaille, examine si l’assembleur n’a commis aucune des fautes que nous avons indiquées. En conséquence, en pliant chaque feuille, elle ne doit perdre de vue aucune des recommandations suivantes :

1o Lire la signature, pour s’assurer que les feuilles se suivent exactement ;

2o Si l’ouvrage ne comprend qu’un volume, jeter un coup d’œil sur les titres courants, pour voir si toutes les feuilles lui appartiennent bien ;

3o Si l’ouvrage a plusieurs volumes, examiner aussi la réclame qui est sur la gauche de la signature, à la ligne de pied, et qui indique le volume, afin de s’as- surer que toutes les feuilles appartiennent réellement au volume dont elle s’occupe.

Chaque format ayant une imposition différente, a aussi un pliage différent. Nous allons dire comment il convient de procéder pour tous les formats usuels, depuis l’in-folio jusqu’à l’in-12. On n’emploie d’autre outil qu’une espèce de couteau à deux tranchants, qu’on nomme plioir, et qui peut être en bois, en os ou en ivoire.

1o In-folio.

L’in-folio s’imprime de deux manières, ou en une seule feuille, ou en deux feuilles. Les journaux seuls s’impriment en une feuille ; tous les autres ouvrages s’impriment en deux feuilles, lesquelles, étant placées l’une dans l’autre, forment un petit cahier de 8 pages. La première de ces deux feuilles porte pour signature A ou 1 sur le recto, et les chiffres de sa pagination sont 1, 2, 7 et 8. Quant à la seconde, qui, ainsi qu’il vient d’être dit, s’intercale dans la précédente elle porte pour signature A 2, ou 1, et les chiffres de sa pagination sont 3, 4, 5 et 6.

La plieuse commence par placer devant elle, sur une grande table, de manière que les lettres soient à rebours, et les signatures du côté de la table, à la droite en haut, l’un des paquets remis par l’assembleur. Cela fait, elle ouvre le paquet et passe dessus deux ou trois coups de plioir pour en bien étendre les feuilles.

Cette manœuvre du plioir n’est pas seulement nécessaire pour étendre les feuilles, elle est encore indispensable pour les faire glisser l’une sur l’autre, afin de pouvoir les prendre une à une avec plus de facilité. Pour obtenir ce dernier résultat, il suffit d’appuyer légèrement l’instrument sur le tas ; aussitôt la première feuille se détache et se porte un peu sur la droite.

Après avoir pris son plioir de la main droite, vers le milieu de sa longueur, l’ouvrière saisit la feuille avec la main gauche, par l’angle supérieur, qui est à sa droite, et porte cet angle sur l’angle inférieur du même côté, en ayant bien soin de placer les deux chiffres de la pagination l’un sur l’autre. Alors, appuyant l’index sur le dos du plioir, elle passe l’instrument sur la feuille, en montant diagonalement de bas en haut, en sorte que, tout à la fois, elle efface les plis qui ont pu se former et détermine celui que la feuille doit conserver. Ce double résultat obtenu, elle fait pirouetter le plioir d’un demi-tour, et le passe de nouveau sur la feuille, mais en sens inverse, c’est-à-dire diagonalement de haut en bas. Si, dans ce second mouvement, le plioir était dirigé dans le même sens que dans le premier, outre qu’il pourrait déchirer le papier, il changerait le pli que la feuille doit avoir.

Quand le pliage de la première moitié de la feuille est achevé, on passe à la seconde. On la plie comme on vient de faire de la première, et on l’intercale dans celle-ci, en observant que les signatures soient toujours l’une sur l’autre. Cette dernière opération se nomme encartation, la feuille intercalaire s’appelle encart, et l’action se désigne par le mot encarter.

La plieuse forme donc ainsi des petits cahiers de deux feuilles, qu’elle place l’une sur l’autre au-devant d’elle, et au-dehors du cahier sur lequel elle travaille, en ayant soin de renverser le petit cahier de manière que la première page touche la table.

Lorsqu’on plie un in-folio imprimé à une seule feuille, tel qu’un journal quotidien, on suit la même marche, avec cette seule différence que l’on n’encarte aucune feuille, et que les feuilles sont toutes séparées.

2o In-quarto.

Après avoir ouvert devant elle le paquet qu’elle a reçu de l’assembleur, de manière que les trous des pointures se trouvent dans une direction perpendiculaire au bord de la table devant laquelle elle est placée, la plieuse passe dessus deux ou trois coups de plioir pour bien étendre les feuilles. Elle tourne le cahier de telle sorte que la bonne lettre, ou, ce qui est la même chose, la signature, soit à sa gauche, en haut, la face contre la table, et qu’elle voie devant elle, et en travers, les chiffres de pagination 2, 3, 7, 6. L’ouvrière plie d’abord, comme nous l’avons dit pour l’in-folio, la feuille selon la ligne des pointures, en ayant soin de placer la première lettre de la dernière ligne de la page 6, sur la dernière lettre de la dernière ligne de la page 7, si ces deux lignes sont pleines.

Il faut bien observer cependant qu’il peut arriver plusieurs cas :

1o Que la dernière ligne de la page 6 soit un commencement d’alinéa ; alors comme le premier mot rentre dans la ligne, si elle se fixait sur cette première lettre, elle plierait mal, et la page irait de travers ;

2o Que cette page 6 finisse un chapitre, et alors il y aurait un blanc qui ne pourrait pas la diriger ;

3o Que la dernière ligne de la page 7 ne soit pas pleine, ou qu’elle présente une lacune, parce qu’un chapitre se serait terminé avant la dernière ligne.

Dans tous ces cas, la plieuse ne pouvant pas avoir recours aux chiffres de la pagination, parce qu’ils sont cachés, se guide, ou par les lignes supérieures, pourvu qu’elles ne soient pas trop rapprochées de la tête, ou bien par la justification, ou enfin par la vue, qui lui indique si la page est droite ou ne l’est pas. L’habitude la dirige mieux que toutes les règles que l’on pourrait prescrire. Nous ne répéterons plus cette observation, qui se renouvelle dans toutes les opérations du pliage.

Après avoir fixé le premier pli selon la ligne des pointures, et sans déranger la feuille, l’ouvrière la plie une seconde fois, en faisant tomber le chiffre 4 sur le chiffre 5, et elle la place au-devant d’elle, comme nous l’avons dit pour l’in-folio, le chiffre 1 sur la table. Elle forme ainsi autant de cahiers qu’il y a de feuilles ; mais elle n’en encarte aucun.

Les journaux quotidiens in-quarto s’impriment parfois par demi-feuille ; alors on les plie comme s’il s’agissait d’un in-folio.

L’in-quarto s’imprime quelquefois oblong ; dans ce cas, il se plie différemment. Le premier pli se fait sur la longueur du papier, entre les têtes des pages, dans une ligne perpendiculaire à celle des pointures, et le second pli dans la ligne des pointures.

3o In-octavo.

La plieuse dispose sa feuille de manière que la signature se trouve à sa gauche en bas, la face contre la table. Alors elle voit devant elle, dans une ligne horizontale, dans le sens naturel, les chiffres 2, 15, 14, 3, et au-dessus, à rebours et dans le même ordre, c’est-à-dire en lisant de gauche à droite, les pages 7, 10, 11, 6.

Elle plie suivant la ligne des pointures, en faisant tomber 3 sur 2, et 6 sur 7 ; elle voit alors dans le sens naturel les chiffres 4 et 13 et à rebours 5 et 12. Sans déranger la feuille, elle rabat de la main gauche le haut de la feuille sur la partie inférieure, en faisant bien tomber le chiffre 5 sur le 4 par ce moyen, 12 doit tomber sur 13 elle s’aide de son plioir afin de ne pas faire de faux plis, en dirigeant le pli à l’en droit où il doit se trouver.

La feuille pliée de cette manière, l’ouvrière voit les pages 8 et 9 ; alors elle prend avec la main gauche la feuille au chiffre 9, elle le place sur le chiffre 8 et forme le troisième pli, en l’assujétissant avec le plioir.

On imprime quelquefois l’in-octavo par demi-feuille. Dans ce cas, on fait de chaque feuille deux cahiers, on coupe chaque feuille dans la ligne des pointures, ce qui fait deux demi-feuilles qu’on plie séparément, comme nous l’avons indiqué pour l’in-quarto.

On imprime aussi quelquefois l’in-octavo oblong. Quand les choses sont ainsi, le premier pli se fait par son milieu dans la ligne des pointures ; le second, dans le même sens, entre les têtes des pages ; et le troisième, sur la longueur du papier.

4o In-douze.

Jusqu’ici la plieuse n’a eu besoin de couper aucune bande de sa feuille pour la plier ; mais, pour l’in-douze et les formats qui suivent, cette mesure est presque toujours indispensable.

La feuille in-douze contient 24 pages ou 12 feuillets. Il n’a pas été possible, en l’imprimant, de disposer les pages de manière que, par de simples plis, comme on le fait pour l’in-octavo, on puisse plier la feuille en entier. On est donc obligé de couper une bande qui contient huit pages, de la plier à part, et d’en former un cahier qu’on appelle petit cahier. Le reste de la feuille se plie comme l’in-octavo, et forme un second cahier qui contient 16 pages, et qu’on nomme gros cahier.

Il y a deux manières d’imposer la feuille in-douze ou bien le petit cahier doit être encarté dans le gros, ou il doit former un cahier à part ; la signature in dique toujours cette disposition.

Lorsque le cahier doit être encarté, la signature qui se trouve au bas de la 17e page est la même que celle qui se trouve à la 1re page du gros cahier ; elle est seulement différenciée par des points ou étoile, de sorte que si la signature est 1, l’encart porte 1, ou 1* ; si la signature est A, l’encart porte A 1, et ainsi de suite.

Quand le cahier ne doit pas être encarté, chaque cahier porte une signature différente, et selon l’ordre numérique ou alphabétique. Ainsi le gros cahier de la 1re feuille porte 1 ou A, et le petit cahier de la même feuille porte 2 ou B. Le volume a, par conséquent, le double de cahiers qu’il n’a de feuilles ; c’est ce qu’on appelle mettre le feuilleton en dehors.

Après avoir ouvert son cahier devant elle, de manière que la signature soit en haut, la face contre la table, et qu’elle voie en travers devant elle les pages 2, 7, 11 ; 23, 18, 14 ; 22, 19, 15 ; 3, 6, 10, la plieuse aperçoit sur la droite les pages 11, 14, 15, 10, séparées des autres huit pages à la gauche par une grande marge, au milieu de laquelle sont ou des pointures, ou mieux des lignes droites imprimées qui indiquent l’endroit où l’on doit couper. Elle plie la feuille selon ces traits, ou selon les pointures, et elle détache cette bande, qu’elle plie en plaçant 11 sur 10 ; elle fait un pli, puis elle place 13 sur 12 ; et alors la signature qui est à la page 9 se trouve en dehors son encart est plié.

Cela fait, elle revient au restant de la feuille qui doit former son gros cahier elle prend de la main gauche la partie inférieure de la feuille, en plaçant 3 sur 2, et 6 sur 7 elle plie. Elle fait un second pli en mettant 20 sur 21 et 5 sur 4. Enfin, elle forme un troisième pli en mettant 8 sur 17, et son gros cahier est plié, la signature en dessus ; elle encarte le petit cahier, et sa feuille est pliée.

Lorsque la feuille d’impression est disposée de manière que le feuilleton ne s’encarte pas, c’est-à-dire que le petit cahier se place à la suite du gros, les chiffres qui indiquent la pagination ne sont plus disposés dans le même ordre que dans le cas précédent. On place la feuille sur la table de la même manière que nous l’avons dit ; on coupe le feuilleton, que l’on plie en deux fois, d’abord par le milieu, puis encore dans le milieu, en observant de mettre la signature en dehors ; on le met à part, et l’on plie immédiatement le gros cahier.

Ce cahier se plie de la même manière que la feuille dans laquelle le petit cahier doit être encarté. On plie 1o 3 sur 2, et 6 sur 7 ; 2o 12 sur 13, et 5 sur 4 ; et 3o 8 sur 9 ; la feuille est alors pliée. On met en tas ce gros cahier et le petit dessus.

L’in-douze s’imprime quelquefois en format oblong. Dans ce cas, on coupe la bande dans la longueur du papier, et non dans sa largeur, comme dans les exemples précédents la coupure est toujours indiquée par des traits imprimés. Elle se plie de même que nous l’avons indiqué, et le gros cahier se plie comme l’in-octavo ; le petit cahier s’encarte ou ne s’encarte pas, selon que l’indique la signature.

5o In-seize.

L’in-seize s’imprime toujours par demi-feuille, c’est-à-dire que chaque feuille contient deux fois le même texte. La moitié de la feuille sert pour un exemplaire, et l’autre moitié sert pour un autre exemplaire du même ouvrage.

Chaque demi-feuille se plie séparément comme dans l’in-octavo, et l’on en fait deux tas séparés, de sorte que, lorsqu’on a plié la dernière feuille, on a deux exemplaires pour un.

6o In-dix-huit.

La feuille de l’in-dix-huit est formée de trois cahiers, composés chacun d’un gros cahier de huit pages, et d’un encart de quatre pages.

La feuille bien étendue, la signature en haut, à droite, la face contre la table, on plie la bande de la main droite sur celle du milieu, dans le sens de la ligne perpendiculaire au bord de la table devant laquelle on se trouve placé, en faisant tomber les chiffres 2, 3 et 7 sur les chiffes 23, 22 et 18, ce qui met à découvert la signature et la réclame de la page 12 ; on coupe cette bande, et on la met à part sur la table, la signature en dessus.

On plie de même la bande du milieu, en faisant tomber les chiffres 14, 15 et 19 sur ceux des pages 35, 34, 30 ; alors on aperçoit la seconde signature 2 ou B ; on coupe encore cette bande, et par ce moyen la feuille est partagée en trois bandes égales. On place la bande qui porte la seconde signature sur la première, et la troisième sur la seconde, la signature en dessus. On prend les trois bandes à la fois, on les porte devant soi, en les renversant sens dessus dessous, de sorte que les signatures sont du côté de la table, à gauche. On coupe l’encart selon la ligne tracée, on le plie la signature en dehors ; on plie le restant en deux, en ramenant les deux pages à droite sur les deux pages à gauche, les chiffres les uns sur les autres ; on fait un second pli, la signature toujours en dehors, et le gros cahier est plié. On met l’encart en dedans, et l’on couche ce cahier devant soi, la signature contre la table.

On plie de même la seconde et la troisième bande, et la première feuille est pliée en trois cahiers ; on opère de même pour les feuilles suivantes. Il arrive quelquefois que l’in-dix-huit n’a que deux cahiers alors on opère comme pour l’in-douze ; on enlève une bande pour former le feuilleton, on plie le gros cahier comme la feuille in-octavo, et l’on encarte le feuilleton dans le gros cahier. L’in-dix-huit s’imprime quelquefois en deux exemplaires sur la même feuille, comme l’in-seize. On en fait alors deux tas, comme pour ce dernier.

7o In-vingt.

Ce format, dont les pages sont presque carrées, est peu en usage ; il s’imprime par demi-feuille, comme nous l’avons dit pour l’in-seize.

Ce format sert pour les alphabets, les catéchismes ou les almanachs communs. Après avoir coupé la bande des quatre pages, on la place au milieu des seize autres pages, pliées en deux feuilles in-quarto en un seul cahier.

8o In-vingt-quatre.

L’in-vingt-quatre s’imprime par demi-feuille comme l’in-seize et l’in-vingt.

Chaque demi-feuille est composée de deux cahiers qui s’encartent ou ne s’encartent pas. Dans tous les cas, chaque demi-feuille peut être considérée comme une feuille in-douze ; on détache le feuilleton, on le plie comme le petit cahier de l’in-douze, la signature en dehors ; on plie ensuite le gros-cahier comme celui de l’in-douze, la signature en dehors.

Si les deux signatures sont les mêmes, on encarte le feuilleton ; mais si elles se suivent dans l’ordre numérique ou alphabétique, on n’encarte pas le petit cahier.

Quelquefois on imprime l’in-vingt-quatre en deux exemplaires sur la même feuille. Quand ce cas se présente, la plieuse opère comme nous l’avons dit pour l’in-seize.

9o In-trente-deux.

Ce format s’impose et s’imprime de deux manières : ou par demi-feuille, alors chaque feuille sert pour deux exemplaires, et est composée de deux cahiers, portant chacun une signature différente ; ou bien chaque feuille ne sert que pour un exemplaire, et alors elle forme quatre cahiers, qui ont chacun une signature particulière, en suivant toujours l’ordre numérique ou alphabétique.

Dans le premier cas, c’est-à-dire lorsque la feuille sert pour deux exemplaires, on plie la feuille selon les pointures, et on la coupe dans le pli. On met à part, en réserve, la demi-feuille supérieure pour le second exemplaire. On tourne la demi-feuille en travers devant soi, la signature à droite, à découvert, sur la table en haut, et l’autre signature à gauche, aussi en haut, mais tournée vers la table. On plie de la droite sur la gauche en faisant tomber la signature à droite sur le verso de la signature à gauche, les chiffres de la pagination les uns sur les autres, et l’on coupe encore dans ce pli. Cette demi-feuille se trouve alors divisée en deux parties, chacune de 8 feuillets ou 16 pages ; on plie chacun de ces quarts de feuille comme l’in-octavo, et l’on place, les uns sur les autres, ces cahiers, qui ne s’encartent jamais. Lorsqu’un exemplaire est entièrement plié, on plie le second de la même manière.

Dans le second cas, c’est-à-dire lorsque la feuille entière sert pour un seul exemplaire, on la coupe en quatre comme dans le cas précédent, et l’on plie de suite les quatre cahiers, chacun comme l’on plie l’in-octavo.

L’in-trente-deux s’imprime parfois en deux exemplaires sur la même feuille, comme l’in-seize. On procède alors comme nous l’avons dit pour ce dernier.

10° In-trente-six.

En regardant une feuille in-trente-six, bien étendue sur la table dans sa longueur, c’est-à-dire la ligne des pointures à gauche et perpendiculaire au bord de la table qu’on a devant soi, la première signature à gauche en haut, et la troisième à droite en bas, l’une et l’autre à découvert, on s’aperçoit qu’elle est divisée en trois bandes égales 1o par la ligne des pointures à gauche ; 2o par des traits imprimés qui indiquent une ligne parallèle à celle des pointures vers la droite.

Cette imposition indique qu’on doit former trois bandes de chaque feuille. Pour cela, on plie d’abord selon la ligne parallèle à celle des pointures, et l’on coupe ; ensuite on plie selon la ligne des pointures et l’on coupe une seconde fois. Alors chaque bande présente autant de feuillets que la feuille entière in-douze, dont quatre sont séparés des huit autres par un trait imprimé au milieu des marges. On plie chaque bande de la même manière qu’on plie la feuille in-douze, c’est-à-dire qu’on coupe d’abord le feuilleton, qu’on plie la signature en dehors, pour en former un petit cahier qu’on met à part ; ensuite on plie le restant qui forme le gros cahier, la signature en dehors.

Si les signatures indiquent, comme nous l’avons fait observer pour l’in-douze, que le feuilleton doit être encarté, on l’encarte, sinon on place le feuilleton au-dessus du gros cahier, ainsi qu’on la vu dans la manière de plier l’in-douze.

On voit que la feuille in-trente-six n’est autre chose que la feuille in-douze répétée trois fois dans la même feuille ; on la divise en trois bandes, qui sont considérées chacune comme une feuille in-douze, et qu’on plie comme cette dernière.

Si l’on examine avec attention l’in-trente-six, on verra que de la manière dont on coupe la feuille en bandes, on réduit chaque bande à un nombre de feuillets ou de pages égal à celui que présente la feuille in-octavo, qu’on plie comme ce dernier, et dont on fait autant de cahiers que donne le quotient de la division du nombre 32 par 8, si l’on compte par feuillets ; ou bien si l’on compte par pages, du nombre 64 par 16, et ce quotient, dans les deux cas, est toujours 4. Pour l’in-trente-six, il en est de même, chaque feuille de ce format a 72 pages, divisez ce nombre par 24, qui est le nombre des pages de l’in-douze, vous aurez pour quotient 3.

C’est donc trois bandes qu’on doit faire de chaque feuille, et comme le diviseur a été 24, le nombre de pages de l’in-douze, on doit couper le feuilleton et plier comme l’in-douze.

11° Formats plus petits que l’in-trente-six.

La règle dont l’exposition termine le paragraphe précédent, est générale, et nous pourrions nous dispenser de parler de quelques formats peu usités, mais nous sommes bien aise, afin de rendre cet ouvrage plus complet, de donner deux exemples qui mettront l’ouvrier en état de résoudre facilement toutes les difficultés qui pourraient se présenter.

Tous les formats au-dessus de l’in-trente-six ont un plus grand nombre de pages que ce dernier ; mais ce nombre de pages est toujours divisible par 16 ou par 24, et le quotient donne toujours le nombre de cahiers, et par conséquent celui des bandes qu’il faut former dans chaque demi-feuille ; car ces formats s’impriment toujours par demi-feuilles, soit que chaque demi-feuille appartienne à un exemplaire particulier, soit que les deux demi-feuilles appartiennent au même exemplaire.

Ainsi, dans l’in-soixante-quatre, 64 feuillets donnent 128 pages divisibles exactement par 16, et l’on a 8 pour quotient. Divisant d’abord la feuille en deux, selon la ligne des pointures, puis chaque demi-feuille en quatre, suivant les lignes imprimées, parallèles et perpendiculaires à la ligne des pointures, on obtient quatre petites feuilles pour chaque demi-feuille, ce qui fait huit pour la feuille entière. On plie chacune de ces petites feuilles comme l’in-octavo, la signature en dessus, et l’on a huit cahiers égaux pour chaque feuille, lesquels portent chacun une signature particulière.

Il en est de même de l’in-soixante-douze. En effet, 72 feuillets donnent 144 pages, divisibles exactement par 24, nombre de pages de l’in-douze, et l’on a 6 au quotient. On divise chaque demi-feuille en trois bandes, suivant les lignes qu’indiquent les traits imprimés, puis on sépare le petit cahier, désigné sur chacune par d’autres traits également imprimés. On plie le petit cahier et le gros cahier comme nous l’avons indiqué pour l’in-douze, et l’on encarte ou n’encarte pas le petit cahier, suivant que l’indiquent les signatures.