Méthode d’équitation basée sur de nouveaux principes/Reculer

XVII

DU RECULER.




La mobilité rétrograde, autrement dit le reculer, est un exercice dont on n’a pas assez apprécié l’importance, et qui cependant doit avoir une très grande influence sur l’éducation du cheval. Le reculer diffère essentiellement de cette mauvaise impulsion rétrograde qui porte le cheval en arrière avec la croupe contractée, l’encolure tendue et la mâchoire serrée : ceci est de l’acculement. Le vrai reculer assouplit le cheval, et contribue puissamment à la prompte et juste répartition du poids et des forces.

Le cavalier, avant de commencer le reculer, devra d’abord s’assurer si les hanches sont sur la ligne des épaules, et si le cheval est léger à la main ; puis il rapprochera lentement les jambes, pour que l’action qu’elles communiquent à l’arrière-main fasse quitter le sol à une des jambes postérieures, et que le corps ne cède qu’après la tête et l’encolure. C’est alors que la pression immédiate du mors, forçant le cheval à reprendre son équilibre en arrière, produira le premier temps du reculer. Dès que le cheval obéira, le cavalier rendra immédiatement la main pour récompenser l’animal et ne pas forcer le jeu de sa partie postérieure. Si la croupe déviait de la ligne droite, il la ramènerait à l’aide du filet du même côté, employant au besoin la jambe.

Il suffira d’exercer pendant huit jours (à cinq minutes par leçon) le cheval au reculer, pour l’amener à l’exécuter avec facilité. On se contentera, les premières fois, d’un pas en arrière, puis de deux, puis de trois, progressivement, suivis d’un effet d’ensemble, jusqu’à ce qu’il n’éprouve pas plus de difficultés pour cette marche rétrograde que pour la marche en avant.

Le cavalier est souvent dans l’erreur sur les causes d’acculement de sa monture. Quand il croit le cheval acculé par les forces et par le poids, il ne l’est souvent que par les forces seulement, et, dans ce cas, l’avant-main est surchargé plus qu’il ne devrait l’être ; s’il continuait à porter le cheval sur la main, il est constant que la vraie légèreté serait impossible, puisque le poids est la cause de la résistance. Il sera donc urgent de porter le cheval en arrière plutôt qu’en avant.

On pourra se convaincre de la vérité de ce fait, en forçant le cheval à reculer, bien qu’en apparence il se prête à ce mouvement. Quelques pas rétrogrades amèneront une résistance qui prouvera que le poids est sur l’avant-main. Si, au contraire, le poids et les forces étaient refoulés sur l’arrière-main, le cheval vous entraînerait en arrière, et la cabrade en serait le résultat. Dans ce cas, il faudrait porter le cheval en avant.

Il est un fait incontestable, c’est que pour le maintien de l’équilibre du cheval, le poids et les forces doivent être en harmonie. La légèreté ne saurait donc être obtenue, tant qu’il y aura lutte ou manque d’accord entre ces deux puissances.