Méthode d’équitation basée sur de nouveaux principes/Travail sur les hanches

XVIII

TRAVAIL SUR LES HANCHES.




Peu de personnes comprennent les difficultés que présente ce travail ; elles l’estiment d’autant moins qu’elles ne connaissent ni les services ni les résultats qu’on en peut obtenir. Comme on se figure que ce n’est qu’un exercice de parade, chacun l’essaye à sa manière sans chercher à l’utiliser, soit pour l’éducation du cheval, soit pour l’agrément du cavalier : c’est cependant là le but qu’il faudrait se proposer.

Tout cheval marche, trotte et galope naturellement, mais l’art perfectionne les allures et leur donne le liant et la légèreté qu’elles sont susceptibles d’acquérir.

Le travail de deux pistes n’étant pas naturel au cheval, présente, par cela seul, des difficultés bien plus grandes ; il serait même impossible de l’obtenir régulièrement sans le secours de l’éducation première, qui tend à placer le cheval et à l’amener à supporter des commencements de rassembler. Mais aussi, quand on l’exécute, il a pour résultat de faire ressortir ses formes, et de lui donner cette légèreté, cette justesse de mouvements, qui le font répondre aux plus imperceptibles actions du cavalier.

Je pourrais, à la rigueur, me dispenser de dire ce qu’on appelle airs de manège, si les auteurs qui ont écrit sur ce sujet avaient fait connaître autre chose que la nomenclature des figures ; mais comme ils n’ont indiqué ni comment le cheval doit être placé, ni comment il faut s’y prendre pour que l’exécution en soit régulière, je m’efforcerai de réparer leur oubli : je dirai donc que l’écuyer qui fera exécuter avec précision des lignes droites de deux pistes obtiendra, sans de grands efforts, des lignes circulaires, si, toutefois, il a exercé préalablement son cheval aux pirouettes renversées ou ordinaires.

Aussitôt que la mobilité de la mâchoire et la souplesse des reins auront préparé le cheval à prendre facilement tous les changements de direction, on pourra commencer le travail sur les hanches.

Il ne faut faire exécuter au cheval qu’un pas de deux pistes, puis deux, ensuite trois, etc.

D’abord le cavalier se servira de la rêne de filet et de la jambe du même côté, c’est-à-dire opposées à la direction dans laquelle marche le cheval. Bien que la position qui en résulte soit contraire à la belle attitude que l’animal doit conserver pendant un travail régulier, on continuera néanmoins cet effet de la main jusqu’à ce que le cheval ne résiste plus à la jambe. Bientôt après, la rêne du filet ou de la bride du côté déterminant servira à placer le cheval et à régulariser le mouvement. Puis, à l’écartement de la rêne succédera sa pression sur l’encolure. Le travail sera parfait dès que le cavalier saura combiner l’action des jambes avec ce nouvel effet de rênes. Il devra, pour commencer le mouvement, s’attacher à soutenir préalablement la jambe du côté où le cheval doit marcher, afin d’éviter que la croupe ne précède les épaules. Par exemple : pour marcher à droite ? jambe droite d’abord, main portée à droite, et jambe gauche. Il est inutile que je recommande la plus grande rapidité dans cet emploi successif des aides.

Les pas de côté ne laissant plus rien à désirer ; on les pratiquera au trot, puis au galop, après avoir exercé le cheval à ces allures, pour lesquelles on graduera ce travail comme pour le pas.

Les descentes de main, les descentes de main et de jambes, en complétant les pas de côté, les amèneront à leur parfaite exécution. Il faut bien s’attacher à la régularité des premiers pas de côté. Le cheval doit travailler avec la même facilité aux deux mains. L’écuyer sentira le côté qui résiste davantage, et il saura promptement vaincre cette résistance en l’exerçant plus fréquemment.

On conçoit que si le cheval se porte d’une jambe sur l’autre, avec une vitesse égale à celle du contact qu’il reçoit, il pourra exécuter tous les airs de manège.

Pour que les pas de côté soient réguliers, il faut : 1° que le cheval soit toujours dans la main ; 2° que ses épaules et sa croupe soient toujours sur la même ligne ; 3° que le passage des jambes se fasse de telle sorte que celles qui marchent les dernières passent par-dessus celles qui entament le mouvement. C’est-à-dire que la jambe de devant du côté où l’on détermine, quitte le sol la première et soit suivie par la jambe opposée de derrière ; il faut aussi que la tête du cheval soit légèrement portée du côté où il marche, afin qu’il puisse voir le terrain sur lequel il chemine.

Cette dernière position, qui le rend plus gracieux, servira aussi au cavalier pour modérer la marche des épaules de l’animal, ou leur donner plus d’activité.

C’est aussi avec cette attitude qu’il pourra régler et surtout cadencer ses mouvements.

Pour que le cheval demeure dans le juste équilibre qu’exige cet exercice, le cavalier doit se servir de ses deux jambes pour conserver l’harmonie et la régularité d’action dans l’avant et l’arrière-main. Si c’est la jambe gauche qui pousse la masse à droite, c’est la jambe droite qui sert à l’enlever et à la porter en avant ; elle modère l’action de la jambe gauche, maintient le cheval dans la main, l’empêche de reculer, le porte en avant, diminue ou augmente le passage d’une jambe sur l’autre et assure ainsi la cadence gracieuse et régulière du mouvement.