Mémoires secrets d’un tailleur pour dames/25
LE SECRÉTAIRE
ue je suis donc désolé, disait
M. des Pierres, un des Ministres
de l’Espagne, au duc de Merci, un
de ses confrères en portefeuille.
Figurez-vous, mon cher, que depuis quatre
jours, ma femme a complètement disparu.
Avec qui ? c’est ce que j’ignore.
Quant à moi, je m’en moque pas mal ! j’y suis habitué ; — d’ailleurs, cela ne se voit pas à mon front, n’est-ce pas ?
Mais c’est notre chef qui est dans une colère bleue… il crie au scandale ; il dit que cela ne peut durer ainsi, qu’il va y mettre ordre, etc., etc.
Pourvu que je ne finisse pas par être obligé de la garder constamment près de moi !… Enfin !
M… lui donnait pour la forme quelques consolations banales.
Le premier reprenait :
« Je suis allé partout, même chez le préfet de police, qui a lancé ses plus fins limiers et l’on n’a rien pu découvrir.
— Ah, mon cher, c’est que, peut-être, vous n’avez pas bien cherché !
— Cherché ? Mais si ! on a cherché partout, je vous assure.
— En vérité ?
— En vérité.
— Il me semble pourtant…
-Que feriez-vous à ma place !
— Je fureterais partout.
— C’est ce que j’ai fait.
— Partout ?
— Oui, partout.
— Eh bien, je parie que vous n’avez pas cherché sous le secrétaire !
Effectivement, quelques jours après la Dame fut trouvée avec un des employés du cabinet de son mari, et réintégrée au domicile conjugal.