Mémoires secrets d’un tailleur pour dames/26

(Auteur présumé)
Gay et Doucé (p. 146-147).
Une chanteuse populaire

Mémoires secrets d’un tailleur pour dames, médaillon de début de chapitre
Mémoires secrets d’un tailleur pour dames, médaillon de début de chapitre


LA
CHANTEUSE POPULAIRE

Mémoires secrets d’un tailleur pour dames, séparateur de texte
Mémoires secrets d’un tailleur pour dames, séparateur de texte



V ous avez tous connu la chanteuse populaire, cette étrange fille avec sa grosse voix, qui a fait, il y a quelques années, courir tout Paris.

Petite ouvrière, elle était devenue une sommité, et riche, adulée, enivrée, elle voulut se payer tous les plaisirs ! !

Hommes,… femmes,… fillettes, tout y passa !

Et la chronique scandaleuse disait bien bas qu’elle avait l’amitié d’une ambassadrice renommée pour son originalité.

Notre chanteuse est comme la fourmi, elle n’est pas prêteuse, et elle a su s’amasser une fortune rondelette.

Elle put un jour, réaliser son rêve ; une maison à elle !…

Aussi, grâce aux bienfaits de ses beaux et de ses belles, un joli castel aux environs de la Capitale fut construit.

Les initiales de la grande artiste s’étalaient orgueilleusement sur la façade.

Grande artiste, il n’y a pas à en démordre, car elle est réellement grande malgré ses défauts.

Ces initiales, — un immense S enlacé d’un T non moins immense, — faisaient crever de jalousie ses bonnes petites camarades.

Une de celles-ci, passant en compagnie de quelques amis et amies, au pied du château en briques de la diva, s’arrêta court, montra les lettres entrelacées, joignit les mains, comme si elle priait : et montrant les lettres :

— C’est ici un lieu de dévotion, mes frères, dit-elle, implorons-en la bienheureuse patronne… Sainte Trib… priez pour nous.