Mémoires posthumes de Braz Cubas/Chapitre 097

Traduction par Adrien Delpech.
Garnier Frères (p. 335).


XCVII

Entre la bouche et le front


Vous frémissez, lecteur, — ou en tous cas, vous devriez frémir. La dernière phrase a dû vous suggérer plusieurs réflexions. Vous voyez bien le tableau : dans une petite maison de la Gamboa, deux personnes qui s’aiment depuis longtemps ; l’une s’incline vers l’autre pour la baiser au front, et l’autre recule comme au contact d’une bouche de cadavre. Dans le bref intervalle qui sépare la bouche du front, avant le baiser et après le baiser, il y a temps pour beaucoup de choses : le ressentiment, la défiance, ou tout simplement la pâle et somnolente satiété…