Mémoires d’une danseuse russe/T3-01-6

Sous les galeries du Palais Royal (1 à 3p. 104-118).

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VI

JE TIENS LE MANCHE



B ien que vous connaissiez la suite de mon histoire, je veux vous en raconter les faits les plus saillants.

Je donnai d’abord des leçons de danse, qui me rapportaient gros, car j’avais la réputation d’être une bonne éducatrice. Mon postérieur était à présent à l’abri de la nagaïka, car j’étais du côté du manche. Je fessais plus souvent que je ne fouettais les élèves que l’on m’amenait, car je donnais mes leçons dans mes appartements l’après-midi.

J’avoue que je me servais de préférence de la main, pour sentir palpiter sous mes doigts cette chair fraîche et douce, surtout dans la posture penchée qu’on fait prendre à ces ravissants postérieurs dodus et potelés, qui ressemblent quand on les découvre à un parterre de lis immaculés, qui se changent bientôt, sous ma main cinglante, en deux plates-bandes de giroflées à cinq feuilles, où l’on monte par deux avenues rouges, qui partent d’à mi-cuisses. Je ne ménage pas cette peau si fine, si tendre et si sensible, qui peut bien supporter cinq ou six claques sans danger, qui cuisent joliment.

Quand j’avais deux jolis postérieurs à fesser l’un après l’autre, le second était sûr d’en sortir plus rouge que le premier, parce que je n’arrivais pas souvent à la fin de la correction, sans perdre mon sang-froid, en perdant autre chose.

Quelques dames me faisaient venir le matin à domicile, donner des leçons de souplesse à de jeunes serves sous leurs yeux, et le plus souvent en présence de l’époux et des jeunes maîtres, filles et garçons. Je me servais de l’instrument qu’on me mettait en main, et qui variait à l’infini, martinets de cuir, de cordes ; verges, balais de brandes, rotin, cravache etc., pour fustiger les fesses et les cuisses nues, que j’avais à ma portée, car elles étaient en costume de répétition, c’est à dire en maillot de chair. La correction ne cessait que sur un signe des maîtres, et elle était toujours sévère, même pour une peccadille.

J’eus quelques bonnes fortunes pendant que j’exerçais mes fonctions de maîtresse de danse. J’avais eu le don de taper dans l’œil, comme on dit chez vous, à un riche boyard, qui m’avait vue à l’œuvre. Pour avoir le droit de me fesser, il m’offrit cinquante roubles. J’eus l’air de bouder devant la chose, tandis que j’en mourais d’envie, car c’était un bel homme, qui devait avoir un bel outil.

Il me fessa entre ses cuisses tout à son aise, pendant cinq minutes. Il bandait comme un carme, quand il m’enfila, il garnissait toute la gaîne. Je frétillai tout le temps sous lui après cette verte fessée, qui m’avait mise en feu.

Il voulut se loger dans ces fesses frétillantes. Il lui en coûta cent roubles. Il me dit en sortant que j’étais volée, qu’il avait joui pour mille. Je m’étais en effet tortillée tout le temps, me tordant sous la volupté que je goûtais, frétillant jusqu’à la fin du voyage.

Un an après mon émancipation, grâce aux largesses de mon libérateur, à mes leçons bien payées, et aussi grâce à mes bonnes fortunes, je pus monter un petit ballet à mes frais.

Je m’installai dans un faubourg de la ville dans une maison spacieuse, isolée de la rue, entre cour et jardin. J’avais fait choix de vingt-cinq danseuses plus râblées, plus fessues les unes que les autres, et toutes jolies. Je les avais louées pour un an, avec la faculté de les acheter à la fin du contrat, à un prix fixé d’avance, si elles faisaient mon affaire.

J’avais un maître de ballet, qui venait pour les répétitions, qui réglait les divertissements, et conduisait les danseuses au théâtre. Il ne logeait pas dans la maison. Je voulais garder ma liberté pleine et entière chez moi.

J’avais deux aides, deux surveillantes, une cuisinière et un souillon qui l’aidait, un cocher et un jeune groom, qui conduisaient mes pensionnaires au théâtre dans deux grands omnibus. Tout ce monde-là que j’avais loué était susceptible de recevoir le fouet, même le cocher, un gaillard de vingt-six ans.

J’avais, pour me conduire au théâtre et m’en ramener, ainsi que pour toutes mes courses en ville, un coupé de remise, loué au mois, qui se tenait à ma disposition de minuit à minuit.

Un soir mon cocher d’omnibus se soûla je dus le faire remplacer par un cocher de place. Le lendemain je le fis monter à la cuisine, où je lui reprochai son ivrognerie devant tout le personnel féminin. Comme il me voyait un martinet de cordes dans la main, il se douta de ce qui lui pendait a derrière.

Je le fis s’agenouiller devant une chaise, en lui disant de se déculotter. Il le fit avec un tel empressement, qu’on eut dit qu’il était à une partie de plaisir. Il releva lui-même sa chemise sur ses reins, et tendit son dur fessier aux cordes tressées de nœuds.

Je le fouettai avec une sévérité que je n’employais pas avec les tendres postérieurs féminins, pour lesquels, je ne me servais guère que du martinet de cuir. Je cinglai ses fesses comme je l’avais vu faire par la méchante comtesse, les cordes envolées dans l’espace, retombant après deux ou trois tours, éparpillées, enveloppant toute la surface qui, rougissait à vue d’œil. Ça claquait comme sur du bois.

Son bijou se balançait, entre ses cuisses à chaque cinglée. L’application des soixante coups de cordes, destinés à son dur fessier, assénés à tour de bras avec cette lenteur durèrent dix minutes. Il n’avait pas poussé un cri durant cette longue et sévère correction, mais aux dernières cinglées, la croupe bondissait en avant, son membre s’agitait, et il fit comme l’outil d’Yvan sur l’estrade d’ignominie, il cracha par terre.

Seulement l’issue ne fut pas la même pour lui, que pour le serf, qui obtint les faveurs de sa maîtresse la boïarine émerveillée par le superbe outil, qui avait déchargé sous ses yeux. Je ne me sentais pas la moindre envie d’imiter ma maîtresse. D’ailleurs il n’y avait pas la moindre comparaison à établir entre les deux outils de joie.

Il se reculotta, et s’en alla en me jetant un regard, qui ne respirait pas la haine du serviteur fouetté, il y avait au contraire dans ses yeux comme de la reconnaissance. Par exemple, je ne m’aviserai plus de fouetter un homme devant mes femmes, elles avaient toutes, même la cuisinière une femme de quarante ans, les pommettes rouges et les yeux luisants de luxure.

J’avais loué pour la répétition un petit orchestre de six musiciens, qui venaient autant pour le régal des yeux que pour l’argent, car je ne les payais pas cher. Je crois même qu’ils seraient venus pour rien.

J’avais aussi comme élèves de jeunes serves, que leurs maîtresses m’envoyaient, ou me conduisaient quand la fantaisie les prenaient d’assister à leur éducation chorégraphique, et des jeunes filles amenées par leurs mères, auxquelles je donnais des leçons. Je leur fournissais les costumes pour la répétition. Elles s’habillaient dans une antichambre voisine de la salle, sous la surveillance de la servante ou de la mère qui les avait amenées.

Il n’y avait que les parents, les maîtres et la maîtresse, ou leurs déléguées, qui eussent le droit d’assister à la répétition. Il y avait des maîtres et des pères qui amenaient l’un une serve, l’autre sa fille pour avoir le droit de reluquer le gigotement des fesses nues, et qui quelquefois ne revenaient pas après une ou deux leçons.

Je m’en apercevais, mais je me serais bien gardée de leur faire la moindre observation. Plus j’avais de leçons, plus j’avais d’argent et de fesses à palper, car je fessais le plus souvent ce genre d’élèves, dont les jolies postérieurs était du fruit nouveau pour ma main qui les giflait toujours avec le plus grand plaisir.

Un père, d’emprunt sans doute, m’amena un jour sa grande fille de vingt ans. Elle avait de fort beaux tétons, qui émergeaient en dehors du corset de toile, un gros postérieur rebondi, une toison d’un blond fauve qui sortait comme un bouquet de flamme de la bouche d’un cratère. Il me pria de lui montrer à marcher, et surtout de ne pas lui ménager les encouragements frappants.

Le petit orchestre joua une polka. Elle était tellement troublée, qu’elle ne marchait pas en mesure. J’avais le martinet à la main, mais la tentation fut plus forte que moi, quand je vis cette belle croupe s’arrondir, en s’épanouissant pour s’offrir à la correction, je passai l’instrument dans la main gauche, et je me mis à la fesser, appliquant des claques sans compter.

Le père s’avança :

— Vous ne savez pas fesser ma fille qui a le cul très dur. Elle n’a pas protesté sous votre main, mais vous allez entendre comme elle va chanter sous la main paternelle.

En effet, à chaque soufflet, que cette forte main d’homme détachait sur ce gros postérieur, on entendait claquer la chair et rugir la fustigée. Il lui en appliqua trois douzaines, qui empourprèrent les fesses et les cuisses. Pendant cette verte fessée, qui faisait gigoter le gros cul cinglé, j’achevai, en serrant les cuisses, ce que j’avais mené assez loin en giflant le ravissant postérieur.

— Aujourd’hui, dit le père, on n’en tirera rien de bon. Mais je veux qu’elle ne perde pas tout, et qu’elle profite de la répétition.

Je la fis s’agenouiller à la place habituelle, le dos tourné vers les spectateurs, et je poursuivis ma répétition toujours avec la même méthode, le martinet de cuir et la main.

Ce prétendu père, qui avait acheté cette serve bon marché, en avait fait naturellement l’esclave de ses plaisirs, et l’obligeait à venir parader dans les salles de répétition, qui sont en grand nombre à St. Pétersbourg. La leçon se terminait toujours ainsi. Il savait que presque partout il trouverait quelque paillard qui lui ferait des offres pour sa belle marchandise, qu’il laissait en montre pendant toute la durée de la répétition. Personne ne se méprenait à cette prétendue paternité.

Il demandait qu’elle passât la première, pour que les débauchés eussent tout le temps d’apprécier la qualité et la quantité de la marchandise. Il ne s’en retournait pas souvent bredouille, et il retirait un joli revenu de la location de la chair à plaisir de son esclave, qu’il avait dressée à tous les talents.

Cet exemple d’une fessée donnée par un père (?) à sa fille eut des imitateurs. Les mamans venaient quelquefois fesser leurs filles, les maîtresses, mais surtout les maîtres, se payaient de temps en temps une bonne fessée sur les postérieurs de leurs serves, qui auraient préféré ma main, surtout à celles des maîtres, qui leur appliquaient, avec leur forte main d’homme des claques bruyantes, doublant presque toujours la dose qui leur faisait fumer les fesses, en leur arrachant des cris discordants qui arrêtaient souvent le cours de la leçon.

Çà me privait d’un plaisir, mais je trouvais presque toujours le moyen de prendre ma revanche sur les postérieurs des serves, que les servantes, qui les avaient amenées, n’avaient pas le droit de fouetter étant serves comme elles.

Il y avait un mois que je dirigeais le ballet, quand je vis entrer un monsieur très distingué, qui tenait par la main une jeune fille de quinze ou seize ans d’une beauté remarquable, suivi d’une fille de chambre qui entra à leur suite. Tous les yeux étaient braqués sur cette jolie fille qui rougissait sous les regards des curieux.

Son conducteur me prit dans un coin, et me dit qu’ayant entendu vanter mon talent d’éducatrice, il avait résolu de me confier l’éducation chorégraphique de cette jeune fille, qu’il avait achetée la veille dans un orphelinat, où elle désespérait ses maîtres par son inaptitude à tous les métiers. Peut-être aura-t-elle plus de dispositions pour la chorégraphie.

— Je vous prie, me dit-il en terminant, de ne pas lui ménager les arguments frappants, et de la traiter avec la plus grande sévérité. Je ne serais pas fâché qu’elle gardât longtemps le souvenir de votre première leçon.

Je devinai, à la rougeur des joues de la jeune fille et aussi aux recommandations de son maître, que celui-ci avait imaginé de la faire fouetter en public pour assouplir son caractère et la plier à ses fantaisies.

La jeune fille revint du cabinet de toilette en tenue de répétition, amenée par une surveillante. Tout ce qu’on voyait de chair nue, la figure, le cou, la gorge, le dos, les fesses et les cuisses, était cramoisi. La honte de se voir presque nue devant des spectateurs des deux sexes, lui avait mis des larmes aux yeux. Je dus la conduire à sa place, tandis que tous les yeux reluquaient les nudités de cette pudique jeune fille.

Je n’eus pas de peine à exécuter à la lettre les ordres du maître. Elle faisait deux pas en avant, et s’arrêtait. Je la fessai sous mon bras, il n’aurait pas fallu songer à lui faire prendre la posture toute seule. À mon commandement, elle fit deux pas en avant et s’étala de tout son long sur le parquet. Je dus me pencher pour lui appliquer une nouvelle fessée, qui me mit dans tous les états.

Je pris alors la nagaïka. Les cordes à nœuds n’eurent pas plus de succès sur le postérieur que les claques. J’épuisai mon talent et ma patience. Cette fille n’avait pas le moins du monde conscience de ce qu’on lui demandait par ces piquants encouragements. Elle reçut plus de cinquante cinglées sur les fesses et sur les cuisses, sans pousser un cri ou une plainte. Toute la partie fouettée était d’un beau rouge vif.

Quand elle se retourna, elle avait la figure empourprée et les yeux pleins de larmes. Cette pudeur peu ordinaire dans une serve surprenait tous les spectateurs.

Le maître ne voulut pas qu’on l’exposât. Il avait une affaire pressée qui l’appelait ailleurs. Sous prétexte de me régler, il me fit venir dans l’antichambre voisine, suivie de l’orpheline et de la femme de chambre. Il me parla à l’oreille, en me glissant cinquante roubles dans la main. Je fis signe que oui, je poussai un bouton en lui disant d’attendre là.

Je rentrai dans la salle de répétition, sachant bien que d’une façon ou d’une autre l’orpheline ne serait plus pucelle dans quelques instants.

Après la répétition qui dura deux heures je m’informai si les locataires du cachot étaient partis. La fille de chambre qui les avait accompagnés me dit que oui, en me montrant un rouble de gratification, que le monsieur lui avait donné.

Je montai avec elle dans la chambre du saut de carpe, ainsi dénommée, parce qu’il y a un fauteuil à bascule, dans lequel les récalcitrantes passent sous les fourches caudines le plus facilement du monde, surtout avec le costume de répétition avec lequel on n’a pas besoin de trousser la danseuse.

Le maître n’avait pas eu besoin de s’en servir. Les draps étendus sur la couverture témoignaient, que c’était sur le lit que s’était accompli le sacrifice sanglant. Les seaux où l’on avait vidé les rinçures de la cuvette, les serviettes ensanglantées parlaient aussi clairement.

Puisque le fauteuil n’avait pas servi, ils ne reviendront pas. Il n’y a que le premier pas qui coûte, elle a dû le franchir, bien à contre-cœur, mais certainement pour éviter la honte de reparaître nue devant les regards allumés de tous ces paillards, qui se repaissaient de ses hontes nues indécemment étalées, sans compter les gloutonnes qui la dévoraient des yeux.


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