Mémoires d’une danseuse russe/T3-01-5

Sous les galeries du Palais Royal (1 à 3p. 90-103).

Bandeau typographique
Bandeau typographique

V

changement de décor à vue



I l y avait cinq ans que j’étais dans cette prison ; j’avais vingt et un ans, mon contrat était fini. J’attendais cependant sans trop d’impatience, qu’on vint me réclamer, car si je ne redoutais pas la férule de mes maîtres à l’égal des corrections d’ici ; je n’y aurais pas eu non plus les mêmes distractions qu’ici, auxquelles je m’étais si bien habituée, que je m’en serais passée difficilement.

La langue de mes compagnes ne me suffisait pas, et je savais ce qu’il en coûtait à celles qui se laissaient surprendre.

Enfin un jour on me dit de faire mes paquets. J’emportai mes vêtements de ville, mais je dus laisser mes costumes de danse, qu’on gardait, quand on renvoyait les danseuses, à l’exception d’un seul qu’on lui laissait emporter.

Un coupé attelé de deux chevaux m’attendait à la porte de l’institut. Le cocher descendit de son siège pour prendre mon petit paquet avec lui. C’était la première fois, depuis cinq ans, que je respirais l’air de la rue. J’en aspirais à pleins poumons.

Je montai dans le coupé, dont les glaces étaient polies, et me permettaient de voir dehors. Je m’en payai de regarder à droite et à gauche, dans des endroits où je passais peut être tous les jours. Il me semblait reconnaître le chemin que nous suivions tous les soirs. Mais où me conduisait-on ?

Le voyage dura une demi-heure. Il me semblait qu’il n’y avait pas dix minutes que nous étions partis, tellement le chemin m’avait paru court avec les distractions de la rue, les magasins, les voitures et les passants.

Le cocher descendit de son siège, monta dix marches d’un perron, poussa un bouton, et revint sur son siège. La porte s’ouvrit. Une femme d’une quarantaine d’années, aux traits durs, qui devait remplir dans la maison les fonctions de gouvernante, parut sur le perron.

Elle descendit les degrés, ouvrit la portière, me saluant d’un signe de tête, comme si elle était muette. Elle prit mon petit paquet, et me montrant le chemin, elle monta les marches devant moi. Elle me conduisit à travers un dédale de corridors à une porte où elle frappa. « Entrez » ! cria une voix mâle. J’entrai, la femme qui m’avait amenée referma la porte derrière moi.

Une homme d’un certain âge était assis dans un fauteuil. Il m’examina des pieds à la tête.

— Mariska, je t’ai achetée à tes maîtres, tu es mon bien, tu es mon esclave, tu m’appartiens, et tu seras traitée comme une serve, tu m’obéiras sans regimber dans tout ce que je commanderai. Je t’ai vue plusieurs fois en scène, où tu m’as parue apte à la double fonction à laquelle je te destine.

Je me suis informé de la durée du contrat qui te liait à l’Institut de Danse, et quand j’ai su que les cinq ans étaient près d’expirer, je me suis empressé d’aller offrir de toi un bon prix à tes maîtres, ne voulant pas laisser échapper ce trésor qui doit me rapporter doublement, d’abord sur la scène, car je fournis les petits théâtres et la foire de Nijni-Novgorod avec mon escadron volant, puis… ailleurs, où mes donzelles sont d’un excellent rapport.

Je ne te connais que pour t’avoir vue au théâtre. Déshabille-toi, que je te voie toute nue.

Je me déshabillai, retirant mes vêtements l’un après l’autre, enfin j’enlevai ma chemise. Comme j’étais à sa portée, voyant ma superbe toison, il s’y prit des deux mains, la secouant comme une perruque.

— Bigre, ceci ne paraissait pas au théâtre, et l’acquisition n’en a que plus de valeur.

Il me fit pivoter en me donnant de l’élan par la prise. Il me fit me pencher en avant et il me claqua sur mes fesses rebondies, passant la main dans la fente parfumée, enfouie dans une vraie broussaille de poils, faisant glisser ses doigts entre les lèvres satinées, venant jusqu’au clitoris, qu’il trouva très gros, mais qui ne s’émut pas au contact de ses doigts ridés.

Il me fit retourner, écarta le buisson, et constata la grosseur du bouton de rose.

— Bonne affaire encore. Va me chercher ce martinet de cordes. Déculotte-moi. Maintenant à genoux, et prends çà dans ta bouche, tu l’embrasseras jusqu’à ce qu’il bande. Ce sera peut-être un peu long, il n’est pas, comme tu le vois, de la première jeunesse, mais je te fouetterai jusqu’à ce que tu l’aies mis en état.

Je dus m’agenouiller entre ses jambes, accroupie sur mes talons, et prendre l’objet ratatiné dans mes lèvres, pendant qu’il me fouettait, penché sur mon postérieur en face d’une grande glace, qui reflétait tout le tableau. Comme mon chat était appuyé sur les talons de mes escarpins, chaque coup de cordes, que le vieux appliquait avec vigueur, faisait frotter ma fente contre la souple peau d’agneau.

Il vit bientôt mes fesses frétiller, mais il se figura que c’était sous l’impression des cinglées qu’il m’appliquait. S’il avait jeté un coup-d’œil sur mes talons, quand il banda après cinq minutes, et que je levai ma croupe pour la lui apporter, il aurait pu constater que ce qui luisait sur le cuir n’était pas du vernis naturel.

Je dus m’asseoir à reculons sur son ventre ridé, en prenant tout plein de précautions pour faire entrer son outil, qui n’était pas très raide et qui garnissait mal le repaire. Je dus le rouler, le pressurer dans ma gaîne. Ce jeu dura cinq minutes, avant qu’il pût cracher dans mon sein. Moi qui avais joui sur mon talon, mon bouton ne s’émut pas plus que sous un morceau de bois.

Ce vieux barbon avait un joli petit escadron de danseuses, qu’il louait à des théâtres qui ne pouvaient pas se payer un ballet. Il faisait aussi les foires de Nijni-Novgorod. Il en retirait un joli bénéfice, mais ce n’était rien au prix de celui qu’il en retirait des débauchés, qui les lui louaient à l’heure, à la journée, ou à la nuit. Les locataires ne se privaient pas d’user de tous les droits que leur location leur donnait sur les fesses des danseuses qu’ils faisaient mettre toujours à poil.

Comme il était usé jusqu’à la corde, il avait des fantaisies révoltantes. Il y employait des gamines de dix à douze ans, qui n’étaient pas en âge de rapport. La gouvernante l’aidait en fessant la gamine pendant qu’elle suçait le vieux vit ramolli, à qui il fallait plus de cinq minutes pour verser des pleurs. Çà se passait devant la glace en pied, pour que le vieux bougre put jouir du spectacle affriolant d’un postérieur tordu par la souffrance. Quand la petite suceuse se relevait, elle avait les fesses empourprées, et quelquefois ensanglantées. Ces soirs là, elles étaient dispensées de paraître et on les couchait, après leur avoir fomenté les fesses.

Moi, pendant les six mois que je restai avec cet entreprenant à tout faire, je ne passai pas vingt nuits dans mon lit. C’est vous dire que je fus fessée et baisée tout le temps.

Nous étions aux foires de Nijni-Novgorod. Nous venions de danser un ballet, quand le directeur vint me dire, qu’un client me demandait au salon. Je pensais que c’était quelque débauché, et je maudissais le fâcheux qui ne me laissait pas un instant de repos. Puis la perspective d’être fessée en plein jour et d’avoir le feu au derrière pendant les autres représentations diurnes, ne me souriait guère.

Aussi vous devinez quelle fut ma joie débordante, quand je me trouvai en face du lieutenant aux Gardes, aujourd’hui capitaine, qui m’avait reconnue malgré le développement que mes formes avaient acquis, et il s’en assurait en palpant mes seins nus, et mes fesses par dessus le maillot.

Enfin il ne put y résister, et comme il y avait tout le confortable dans le salon, il me baissa le maillot, s’amusant à ce pelotage, et quand il vit la superbe dimension de la forêt noire, avec tous les obstacles qui barraient l’entrée, il poussa un cri d’admiration, et se mit à secouer la perruque à plein doigts. Puis il constata que l’habitant de ces lieux avait, lui aussi, gagné en grosseur.

Je dus m’enfourcher à reculons. Ma croupe très vaste aujourd’hui, débordait des deux côtés de ses cuisses, et pendant qu’il pelotait mes chairs, je me mis à rouler sur ses cuisses comme avec les Grands-Ducs. Ce nouveau procédé lui parut exquis. D’ailleurs le frétillement de mes fesses commença presque aussitôt, et reprit pour ne pas cesser jusqu’à la fin de l’escarmouche.

Il fut si content d’avoir retrouvé la perle des fouteuses, qu’il me dit qu’avant longtemps j’aurais lieu d’être satisfaite de lui. Il me pria de lui envoyer mon directeur, qu’il avait à lui parler.

Que se passa-t-il entre eux ? Je ne sais. Mais ce que je sais bien, c’est qu’un coupé de maître vint me prendre, deux heures après cette conversation entre les deux hommes, dans mon costume de ville, comme pour une promenade à la campagne, m’amena hors ville, entra dans un petit parc au milieu duquel était un petit chalet. Je me doutais bien un peu du nom du locataire. C’était en effet le jeune capitaine des Gardes, qui, pour m’avoir à lui seul, m’avait achetée un bon prix, paraît-il, à mon directeur.

— Mariska, tu es mon esclave, tu m’obéiras comme un caniche à son maître, ou gare la cravache, disait-il, en faisant siffler l’air de sa terrible cravache de cheval, mais ses yeux démentaient ses paroles.

Il n’avait jamais eu une esclave aussi soumise, aussi passionnée, aussi ingénieuse à décupler sa volupté, aussi habile à faire naître ses désirs, prenant du plaisir à se laisser mordre comme la cavale par l’étalon, à sentir ses crocs s’enfoncer dans la chair nue, dans un rut de passion échevelée pour cet homme, qui m’avait tirée de la fange. C’était mon dieu, je l’adorais à genoux.

Il me fessait toujours entre ses cuisses avant de commencer nos ébats. Pendant cette fessée, il n’était pas rare que nous jouissions, moi deux fois, lui une, lançant sa fusée dans ma toison, que je devais nettoyer.

Souvent, dans l’après midi, nous nous mettions tout nus sur le lit de repos, dont le ciel de lit et le pied étaient munis d’une glace, qui reflétait tout ce qui se jouait sur le lit. Pour ce jeu-là j’étais dessus pour qu’il ne perdît rien du tableau vivant. Mes gros seins bandés, appuyés sur sa poitrine, la piquaient de leurs pointes raidies. Il serrait ses cuisses de sorte que ses boules remontaient, et comme mes fesses et mes cuisses émergeaient en dehors, il était entre mes jambes, il pouvait tout voir, l’engloutissement de la belle machine dans le gouffre, les lèvres vermeilles qui la vomissaient.

Je lui recommandais de me fesser à tour de bras pendant l’action. En commençant, il me fessait légèrement, mais bientôt, stimulé par cette mer de chairs lubriques, il m’appliquait des claques bruyantes qui rougissaient mes fesses, et qui me faisaient me démener comme une possédée. Plus elles étaient piquantes, et plus nous jouissions.

Quand mes fesses frétillaient, se roulant sur la quille, il cessait de me fesser, se prenant des deux mains à mes fesses, qu’il tenait écartées, tirant à les fendre, il voyait jusqu’au trou plissé.

Quand il restait en route, je lui criais « plus fort, tire-moi du sang », car je le tutoyais pendant le rut qui m’affolait. Alors il tapait si fort, que quelquefois des rubis pointillaient mes fesses. J’étais alors comme une enragée, ma croupe se démenait furieusement, et les pointes de mes seins se dressaient aiguës comme des fers de lance. Il jouissait comme un damné.

Sa verge restait toujours en assez bon état, pour me permettre de livrer un autre assaut. Il se contentait, maintenant que c’était plus long à venir, d’attendre immobile sous moi, les yeux au ciel, s’absorbant dans la contemplation de mes fesses empourprées ou saignantes, qui frétillaient toujours deux ou trois fois, avant qu’il eût part à la fête. Cette lenteur à s’épancher prolongeait la jouissance, et quand ça venait c’était le paradis sur la terre.

Nous restâmes quinze jours dans ce chalet. Puis son congé expiré, il m’amena dans sa nouvelle garnison qui était St. Pétersbourg. Seulement il ne me garda pas bien entendu chez lui. Il m’avait fait meubler un petit appartement dans les faubourgs. Il venait de temps en temps de jour et quelquefois la nuit, quand il n’était pas de service.

J’avais une femme de ménage, qui prenait soin de mon appartement et de mon linge. Elle couchait à l’extrémité du corridor, dans une chambre avec laquelle je communiquais à l’aide d’une sonnerie électrique. Il la payait grassement pour qu’elle prit bien soin de sa maîtresse. On nous montait les repas d’un restaurant voisin, bien qu’il y eût dans l’appartement tout le confortable d’un ménage.

Cette existence pleine d’agréables passe-temps dura près d’un an. Sur la fin il venait moins fréquemment, il allait se marier. Je me demandais ce que j’allais devenir. J’étais assez inquiète à la pensée du sort qui m’était réservé, mais je ne lui laissai pas deviner mon inquiétude.

Il me réservait la plus agréable des surprises, une surprise dont on n’a pas assez de toute une existence, pour la reconnaissance qu’on doit dans ma situation à celui qui vous la fait.

Il me donna la liberté. Je fus tellement émue par cette annonce, que je ne sus même pas balbutier un merci. Il me vit pâlir, me retint dans ses bras, où je perdis connaissance. Je repris mes sens assez vite. Il m’avait dégrafée, caressait mes seins, suçant les pointes l’une après l’autre, qui s’étaient dressées dans sa bouche.

Nos adieux pendant deux heures furent du délire. Je ne cessai de jouir tout le temps sous mon bienfaiteur.

Quand il s’en alla, il laissa sur la table une enveloppe non cachetée et une bourse. L’enveloppe c’était ma liberté, la bourse, c’était une fortune pour moi. Il y avait mille roubles en or et en papier.

Je vis une lettre sur la table de nuit, où je ne l’avais pas aperçue. Elle était cachetée à son chiffre. J’étais très émue en l’ouvrant. Il y avait dedans une prolongation du bail de mon appartement pour un an, et l’engagement d’envoyer tous les mois pendant ce laps de temps le règlement des gages de ma femme de ménage, ainsi que de la pension au restaurant.

Il était riche, il est vrai, mais quel homme, assez généreux pour affranchir une serve qu’il avait achetée, qu’il pouvait revendre un bon prix pour s’indemniser, eût poussé la générosité jusqu’à lui donner une petite fortune, un abri pour un an, le gîte et le couvert ? Oh ! je le bénirai toute ma vie.


Vignette typographique
Vignette typographique